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Voilà

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Sur un trait de langage 

On entend beaucoup de « voilà » dans le discours actuel, comme en d’autres temps on a entendu « j’veux dire » ou «vous voyez ce que j’veux dire ? ». Or ce « voilà », plus univoque et catégorique, est peut-être significatif d’une époque où l’on ne se soucie plus tant de savoir si son interlocuteur « voit» ou pas ce que nous voulons lui dire. Chacune de nos phrases est ainsi ponctuée d’un « voilà », et voilà : c’est à prendre ou à laisser…
Le metteur en scène Untel, sur France-Culture, présente ce matin sa nouvelle réalisation donnée pour un must du festival d’Avignon. Et de préciser en toute simplicité et modestie : Ce que j’ai voulu faire c’est simplement ceci, voilà. C’est simplement ceci et cela qu’il me semble important de faire aujourd’hui. Voilà. Je ne sais pas si nous y avons réussi, mais l’équipe y a mis toute son énergie, voilà. Et dans la foulée la comédienne Unetelle, qui tient le rôle-titre dans le spectacle d’Untel, témoigne à son tour : Moi aussi je pense que c’est important aujourd’hui de dire ceci et cela et de donner ainsi du sens à notre faire. Voilà : c’est le sens du spectacle de Jean-Fabrice, et c’est ce que nous avons tenté de montrer, moi et mes camarades, avec toute notre énergie. C’est vraiment ça que nous avons voulu montrer en toute modestie et simplicité. Voilà…

Commentaires

  • Cela me rappelle un dessin animé que je regardais lorsque j'étais petit (Le Petit lion). L'un des personnages, Le Grand Yaka, magicien, avait sa formule magique : « acabi, acaba, et voilà ! »

  • Merci, Christian, pour votre contribution décisive à notre approche phénoménologique du mental latent de notre intéressante époque. Le Grand Yaka: voilà qui nous interroge, voili, voilou.

  • Tant qu'à citer les Classiques on rappellera la joyeuse exclamation de Dupond:
    - Voilà le colis,
    aussitôt corroborée par Dupont:
    - Je dirai même plus: voili le colas !

  • A mon tour de poser une question qui va en empêcher plus d'un de dormir : il existe en France un magazine (un des fleurons de notre culture) qui répond au doux nom de Voici ; aurait-il pu s'appeler Voilà ?

  • Non: la seule alternative était Gali.

  • Bonjour,
    l’exemple de ce metteur en scène, et de son cadre d’expression : le festival d’Avignon, sert parfaitement votre remarque : comme l’a si bien montré Philippe Muray, le Moderne – et son avatar fétiche, homo festivus – a ceci d’inéluctable qu’il s’impose comme allant de soi. « Voilà ».
    Le langage est le premier symptôme de la corruption…

  • Blague à part vous tombez pile, parce que je suis justement en train de relire Après l'Histoire. Oui, c'est une grande perte que la disparition de Philippe Muray. Du moins nous reste-t-il ses livres. Voilà voilà...

  • Comme vous, cher JLK, j'avais noté ce récent stéréotype « Voilà ! ».
    Je dois dire que, chaque fois, il m'agace (un peu) parce que j'ai toujours l'impression qu'il marque une sorte de fermeture, style : « Fermez le ban ! Y a plus rien à dire ! »...

    Voilà.

  • Bonjour Max Dorra. Cela me touche de vous retrouver ici tôt matin. Figurez-vous que je pensais, hier encore, à Quelle petite phrase bouleversante au coeur d'un être, en lisant le très beau livre à paraître de François Emmanuel, intitulé Regarde la vague. Il y a comme ça des coïncidences... Je vous souhaite un bien beau jour.

  • Ainsi soit il! disent certains.... est ce mieux ou pire?
    Suite logique (sic) de l'Homme... et de ses paradoxes...

  • "- C'est que l'on n'a jamais conscience, sur le moment, d'être la musique d'un clan, sous l'emprise de ses clichés. On ne s'en aperçoit qu'après coup, lorsqu'on en est réellement sorti. Lorsque le groupe est sorti de nous. Quand on est de nouveau capable d'accueillir une singularité. Preuve d'un lien entre tonalité du groupe et tonalité du moi : c'est alors qu'on change d'humeur."
    MAX DORRA - page 231
    (Quelle petite phrase bouleversante au coeur d'un être ?
    Gallimard - Tracès)
    Un des plus jolis livres que j'ai lus cette année, sans un voici, sans un voilà, sans un j'veux dire... et un texte qui est bien dans l'humeur de ce billet et de son auteur !

  • Voir aussi le petit essai malicieux de Belinda Canone, "La bêtise s'améliore", qui traite de ce sujet également, entre autres....

  • Ben voilà une intéressante piste à suivre. Belle journée à vous. Vous espère en cunéiforme. Voilà voilà.

  • Tic de langage ou toc de société?
    Raccourci aisé à utiliser pour ces personnes enchaînant les entretiens sans préparation et parfois sans rien avoir à dire.
    Un voilà vaudrait-il mieux qu'un silence?

    A bientôt ici ou alleurs.

  • Pas sûr d'être d'accord avec toi sur le sens de ce voilà, moi.. C'est clairement le signe d'une conclusion de discours, qui marque la fin d'une opinion, d'une motivation personnelle.
    Voilà : j'ai fini de parler, j'ai dit ce que j'avais à dire.
    Mais ça peut aussi être, pour la même raison me semble-t-il, une invitation adressée à l'interlocuteur. Je t'ai dit ce que je pensais, voilà, et donc : toi, t'en dis quoi ?

    Voilà serait bien plus une marque d'insécurité et d'attente que le contraire (et l'on pourrait lire ainsi ton exemple des théâtreux Untel et Untelle). Celui qui se fiche vraiment de l'opinion d'autrui ne finira jamais par un voilà : Je t'emmerde - un point c'est tout.

    Voilà, mais je défends peut-être le voilà parce qu'il m'arrive moi aussi, parfois...

  • Eh, Pascal, je suis assez d'accord avec toi, d'ailleurs je me flagelle puisque le fameux voilà me vient à tout moment, notamment à la radio. Non la vraie clôture n'est pas dans le voilà: elle est dans point, barre. Donc je te ressors mon point, barre. Punkt, schluss.

    PS. Comme tu me tutoies, je présume que tu es "mon" Pascal. Et alors je t'embrasse fort, et ta sereine,voilà.

  • Et les inopportuns "comme ça" qui n'expliquent rien du tout ? Suis-je le seul à m'en agacer ? Ou la folie me guette t-elle ?

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