(A l’ami Lambert Schlechter)
Le Temps passant à cause des jours
m’étais-je dit, pensif,
ce soir-là devant l’océan,
malgré tous les récifs
je m’en irai sous les étoiles,
rimant les yeux fermés –
et la rime appelant la voile,
me laisserai porter
sur les épaules du géant
retournant d’où il s’en venait…
Mon passé est un oreiller
aux joues tout attendries
par le murmure de mes récits
où tout remonte au jour :
tant d’aubes sauvées de l’oubli
au retour des étés
à remonter vers les forêts
où Dieu seul sait quels dieux cachés
nous diraient leurs secrets…
Les heures aussi vont murmurant
à l’insu des vivants,
et j’entends à jamais la voix ,
à l’oreiller du Temps,
de celui que j’aurai été
jouant à l’innocent…
Peinture: Chaïm Soutine