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Brise de mer sur Calvin-City

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Voler est un art de Pierre-André Thiébaud documente le casse de 1990 contre l’Union de Banques Suisse de Genève. Première à Soleure 2007.
Pierre-André Thiébaud a-t-il sacrifié à la facilité anecdotique en choisissant de raconter le hold-up « artistique » qui se solda par un butin de quelque 20 millions d’euros, jamais récupérés ? Le prétendre serait injuste, car au-delà des faits, donnant certes du « bon pain » aux enquêteurs de service, autant qu’aux avocats vedettes genevois et aux médias, Voler est un art reconstitue un véritable polar à retombées judiciaires, et donc humaines, aussi peu reluisantes pour les uns que pour les autres - un auteur de roman noir désabusé n’aurait pas imaginé dénouement plus amer.
Développant son film comme une enquête, dont l’un des protagonistes est l’un des limiers genevois survivants, le cinéaste, après le rappel des faits, introduit in vivo deux « acteurs » intéressants, qui furent à la fois les comparses des grands casseurs de l’occase et les seuls vraiment punis. Le premier, le prof de sport mariole Ferrari, trafiquant de devises et de métaux précieux à ses heures, fut l’informateur initial des « artistes » corses, que ceux-ci blousèrent en le privant de sa part – d’où son rôle ultérieur de balance. L’autre, Sebastian de Hoyos, petit employé brésilien de l’UBS au passé de communiste torturé sous la dictature (pas vraiment une référence, ça, aux yeux des patrons de la banque genevoise), livra certes des codes décisifs pour l’accomplissement du hold-up, mais sa peine excessive de 7 ans signale son rôle de bouc émissaire. Cela pour les « petits Suisses ». Or le film de Thiébaud nous fait voyager, de la rédaction du Monde, dont un reporter a lui-même enquêté à fond, à l’île de Beauté où le commissaire genevois découvre les pratiques de la bande dite de la Brise de mer, composée de gens dont le « sérieux » lui en impose. Entre pros, n’est-ce pas…
Avec pas mal d’humour et de réserves critiques sur les rouages de la justice, Pierre-André Thiébaud documente un « art » dont on oublie presque le caractère délictueux, en indiquant bien dans quelle « zone grise » les pires malfrats savent manœuvrer au dam des « amateurs », quels qu’ils soient. Son film est aussi celui d’un auteur dont la « patte » donne son dynamisme formel à l’ouvrage et, à la toute fin, sa touche douce-amère sur fond de neige genevoise au-dessus de tout soupçon…

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