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Écrire comme on respire

littérature,poésie,journal intime
Ce n’est pas le chemin qui est difficile, disait Simone Weil, mais le difficile qui est le chemin. Cela seul en effet me pousse à écrire et tout le temps : le difficile.
Difficile est le dessin de la pierre et de la courbe du chemin, mais il faut le vivre comme on respire. Et c’est cela même écrire pour moi : c’est respirer et de l’aube à la nuit.
Le difficile est un plaisir, je dirai : le difficile est le plus grand plaisir. Cézanne ne s’y est pas trompé. Pourtant on se doit de le préciser à l’attention générale : que ce plaisir est le contraire du plaisir selon l’opinion générale, qui ne dit du chemin que des généralités, tout le pantelant de gestes impatients et des semences jetées à la diable, chose facile.
Le difficile est un métier comme celui de vivre, entre deux songes. A chaque éveil c’est ma première joie de penser : chic, je vais reprendre le chemin. J’ai bien dormi. J’ai rêvé. Et juste en me réveillant ce matin j’ai noté venu du rêve le début de la phrase suivante et ça y est : j’écris, je respire…

Tôt l'aube arrivent les poèmes. Comme des visiteurs inattendus mais que nous reconnaissons aussitôt, et notre porte ne peut se refermer devant ces messagers de nos contrées inconnues.

La plupart du temps, cependant, c'est à la facilité que nous sacrifions, à la mécanique facile des jours minutés, à la fausse difficulté du travail machinal qui n'est qu'une suite de gestes appris et répétés. Ne rien faire, j'entends: ne rien faire au sens d'une inutilité supposée, ne faire que faire au sens de la poésie, est d'une autre difficulté; et ce travail, alors, ce travail seul repose et fructifie... 

Peinture JLK: Toscane rêvée.

Commentaires

  • Tilt ! un truc anciennement noté de soi à soi , pour que ça revienne :
    "Ecris comme tu respires, sans le décider ! "

  • "Toscane rêvée": Dépouillement régnant sonore!

  • Merci Bona. Si tu savais ce qui grouille "dessous" tu sourirais... Enfin toi qui connais la musique tu n'en serais pas étonné... J'en avais tellement marre de toutes ces Toscanes empilées que j'ai rêvé ce désert et voilà...

  • Le difficile devient «facile»,
    quand il donne à respirer.
    Et le facile «difficile»,
    quand on se met à étouffer.

    (gong chinois en option,
    mais sans garantie)

  • Bouffée de larmes aux cils à l'écho, à la lecture du jour et d'hier, si sombre et pregnante... quand pourtant et en même temps tant d'apaisement ici... comme toujours...

    SOLITUDES, Soutter, Le dernier adieux....

    "Vive qui m'abandonne! il me rend à moi même!" .... le goût du difficile chemin vers " la lucidité, la blessure la plus rapprochée du soleil...

  • Mon gong chinois est ce matin un Cahier Noir dans lequel ma mère m'a laissé ses Notes de Solitude. Je ne l'avais jamais ouvert jusque-là. J'y tombe comme dans un ciel de larmes. Purification.

  • Difficile de faire simple:

    « Je veux savoir. Savoir pour mieux sentir, sentir pour mieux savoir. Je veux être simple. Ceux qui savent sont simples. »

    Paul Cézanne.

  • Oh oui! C'est vrai le difficile est un métier dont on ne peut facilement démissionner ou se faire licencier...

  • C'est ça: le mâle est fait... reste à trouver la rime féminine. L'encre en est moins noire...

  • Vert foisonnant et opulent adouci d'un jaune de Naples monacal et parcimonieux. Certes la Toscane; en chevauchant plus à l'est, on eût dit l'Asie centrale, la Mongolie intérieure, les steppes tartares. En oubliant cette géographie, ô miracle, ce sont nos aubes intérieures qui ondulent, infusées d'oubli, apaisées!

    Merci JLK, j'aime bien cette esthétique du peu, du très peu, à gaîté douce d'une lumineuse barcarolle!

  • Tante grazie Bona bonissimo. Ero stanco stanotte. Volevo fare una Toscana più sviluppata, poi mi son addormentato, ed ecco... minimalismo non voluto.

  • EMPILER DES DESERTS

    Le difficile est pour Créon
    C'est son royaume de glaise
    Qui colle à chacun de ses pas
    Le reste est pour Antigone
    Par laquelle respire le vent
    Qui porte les poèmes
    Les couleurs et les goûts
    Les formes et la beauté
    Comme autant de plumes
    Pour dire l'arc-en-ciel


    ECRIRE COMME ON RESPIRE

    Chacun écrit comme il respire
    Il n'en a jamais été autrement
    Depuis toujours il en est ainsi
    Et plus le vent emplit les poumons
    Et lave les neurones
    Plus la respiration est ample
    Et l'écriture naturelle
    Que cette écriture soit signes
    Langage peinture ou musique
    Chaque fois que cet instant s'inscrit
    Il fait germer des pousses de beauté
    Sur les bosquets de la nuit

  • Sur les ondes actuellement, un autre écho de cette pensée ...

    http://www.benoitdoremus.com/var/emi/storage/original/application/0380e1bd79cc6951111d9ac45068cc49.pdf

    Bonne journée de plume dans votre nid douillet.

  • Très épris de ce texte et de ce tableau. Merci.

  • Il y a ce passage dans Les Lettres à un jeune poète de Rilke auquel je reviens souvent, un éloge du schwer, du difficile, qui n'a rien de hautain en ce qu'il se borne à en constater le naturel et, à défaut, la nécessité de se le fixer comme une exigence.
    "Nous savons peu de choses, mais qu'il faille nous tenir au difficile, c'est là une certitude qui ne doit pas nous quitter."

  • C'est là que l'amour prend son aise, non tant le lieu de l'amour que l'amour comme expérience de l'avoir-lieu d'une singularité (je cite à peu près Agamben), à savoir le libre usage du propre qui est, selon Hölderlin, "la tâche la plus difficile". Merci de citer aussi Rilke, cher Amaury, le brin de paille lumineux dans la nuit du facile...

  • Merci pour ce texte vivifiant Jean-Louis, sensation très forte certains matins, qu'un jour de feu s'ouvre, écrire ce feu devient ce feu !

  • CYPRES SANS BUT

    Une toscane rêvée
    En forme d'inassouvissement
    Près d'une tasse à café
    Et d'un calepin noirci
    Par des signes inconnus
    Qui racontent toujours
    De pieux mensonges
    Ou les mensonges des épieux
    Que les épées entrelacent
    Dans des duels en solitaire

  • C'est précisément en cela que le bonheur diffère du plaisir,à savoir que l'idée de qualité,l'idée de quelque chose de mental,d'émotionnel,d'intellectuel et de ce que l'on avait coutume d'appeler "spirituel",vient ici se greffer au sentiment,plus sensuel.Ainsi,pourrions-nous dire,un homme pourrait être heureux tout en faisant le sacrifice de sa vie;nous hésiterions pourtant à dire qu'il y trouverait du "plaisir"

  • Je suis daccord avec toi. Super article. Je reviendrai, jaimerai avoir un blog comme celui que tu as fais. Merci pour ce billet, le tout est très instructif. D habitude je ne commente jamais les blogs, meme si leur contenu est excellent, mais la le votre meritait vraiment mes eloges !

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