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Ceux qui aiment la solitude

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Celui qui se méfie de lui-même / Celle qui aimerait effacer les péripéties de la nuit passée / Ceux qui dorment dans la salle d’attente de la gare de Sienne / Celui qui se demande ce qu’il fait au bord de la rivière noire / Celle que la voix d’Adolf Hitler incite à se signer / Ceux qui ne savent comment parler à leur cousin néonazi / Celui que son impuissance sexuelle a rendu plus attentif dans ses entretiens de formateur en chef / Celle qui ne prêtera jamais son stylo Mont-Blanc / Ceux qui écoulent les derniers exemplaires des Œuvres complètes de Lénine aux Editions sociales / Celui qui en mai 68 s’est fait choper chez Maspéro en train de piquer Le bleu du ciel de Bataille sur grand papier / Celle qui n’ose pas rire à cause de son nouvel appareil / Ceux qui estiment qu’il est politiquement répréhensible de regarder TF1 / Celui qui recommande la lecture de ses propres livres / Celle qui croit encore que le DJ Fabrice est le meilleur coup de la place de Neuchâtel / Ceux qui estiment qu’ils valent le DJ Fabrice / Celui qui ne parle que de Dieu et de cul / Celle qui reste des heures à sa fenêtre / Ceux qui font peser leur réprobation silencieuse / Celui qui serine aux amoureux que tout à une fin / Celle qui estime que faire des enfants aujourd’hui est irresponsable / Ceux qui se sont pacsés le jour de la Libération / Celui qui injurie les internautes sous le pseudo de Tatie Beurk / Celle qui épie sa voisine nympho / Ceux qui boivent du Nesquick / Celui qui se sait condamné / Celle qui exerce son violoncelle à minuit pour faire chier les Borcard d’à côté ces nuls / Ceux qui dénoncent le travesti Molly au concierge Semedo pour les bouteilles de Pet qu’il/elle balance dans le vide-ordures / Celui qui affirme avoir mal à l’équipe de France / Celle qui porte le maillot de Zidane pour bluffer sa cheffe de projet / Ceux qui vomissent leur pays d’accueil / Celui qui se trouve lui-même au top / Celle qui estime que son compagnon de vie Onésime ferait mieux d’admettre son homosexualité inconsciente / Ceux qui se flattent de leur cynisme immonde / Celui qui distingue sans peine le chant de la fauvette de celui de la mésange huppée / Celle qui a les règles les plus douloureuses de l’atelier de couture de Madame Dupanloup / Ceux qui préfèrent les chiens virtuels du Nintendo / Celui qui rêve de se faire un Coréen / Celle dont la vie a été transformée par la rencontre du représentant des aspirateurs Dyson / Ceux qui estiment que la réputation des aspirateurs Dyson est surfaite / Celui qui limite son ambition prochaine à l’acquisition d’un aspirateur Dyson / Ceux qui raptent les chiens de prix / Celui qui sifflote dans sa Twingo / Celle qui conçoit un logiciel bancaire à l’insu de ses proches / Ceux qui se ramasseront un mélanome à Lanzarote, etc.

Obscure est ma passion. Dessin à la plume de Louis Soutter

Commentaires

  • Mais la Solitude est si douce... Zarathoustra me l'a enseigné...

    Amen...

  • Moi aussi je la trouve bien douce, surtout à deux avec ma petite chienne Salomé.

  • La solitude parfois nécessaire et vitale pour se retrouver...
    La solitude loin des mots qui mentent, loin des mots qui déchirent... loin des concepts, des constructions de la pensée, du raisonnement...
    La solitude pour simplement ressentir...
    La solitude pour se retrouver animal... pour retrouver les odeurs de paille et de suint, la chaleur des écuries...
    Le contact des crins odorants, les mains et le nez dans la fourrure poussiéreuse de ceux qui sentent toute l'âme. Le frisson chaud de plaisir sous les doigts... et la silencieuse et pudique caresse rendue par cet inconnu... le souffle dans le cou et cette tendre langue qui tente d'effacer le sel sur les joues...
    Mais est ce donc la solitude... ou au contraire la vraie vie, le vrai partage... le langage universel de l'amour, de la tendresse, de la beauté?
    Merci Fellow, merci Pilou

  • Eh bien, je ne la trouve pas si douce cette solitude écrite par JLK. Le dessin, terrible de Louis Soutter. avec ces yeux comme deux trous d'ombre tant ils ont fondu de chagrin... Et puis, il y a ceux-là qui se serrent sous l'abri fragile du titre : " ceux qui aiment la solitude."
    J'ai parcouru ceux-là qu'a croisés JLK et peu sont épanouis, beaucoup sont aigres, jaloux, agressifs, malheureux. La solitude est rarement douce. Il faut faire l'expérience de l'autre aimant pour la savourer comme un bonheur possible. Je crois que beaucoup de solitaires ont tant d'échardes dans le coeur qu'ils mettent à distance les autres en les blessant.
    Qui de ceux-là offrent une solitude détendue ? Celui qui distingue le chant des oiseaux, celui qui sifflote dans sa voiture, mais les autres ? Et on pourrait, chacun, ajouter à cette liste au moins une solitude qui fait mal... Je pense à ces détenues qui le soir entendent le bruit de la porte de leur cellule qui se verrouille, signalant le début d'une longue nuit...
    J'aime ces portraits rapides comme des esquisses qui nous creusent les yeux.

  • Souffrez que la promiscuité peut être, aussi, et entre autre, un poids... tout le drame psycho-socio-familial, sociétal... l'obligation d'être du grand nombre, du troupeau, dans la massification, la citoyenneté... l'Enfer quoi.

    « Souffrir de la solitude, mauvais signe ; je n'ai jamais souffert que de la multitude.» (Friedrich Nietzsche)

    Mais si les microbes veulent se coller les uns aux autres... grand bien leur fasse.

  • Nebo, il faudrait savoir être seul comme un chat, être avec les autres comme un chat...
    Aimez-vous les chats ?

  • Oui... j'en ai deux... suis marié... avec des enfants... bref, tout le toutim... et mon épouse est dotée de raison... nous nous foutons une PAIX ROYALE... nous nous aimons, voyez-vous. Mais ce n'est pas ce que j'appelle la multitude.

  • Nebo. Vous êtes un homme heureux ! C'est pour cela que vous aimez la solitude !
    Bonne soirée. Je plonge dans un livre délicieux.

  • C'est exact... je suis heureux en amour... heureux en famille... heureux en mariage... chose incompréhensible pour beaucoup... et chose rare, donc précieuse. Légèreté... délicatesse... danse des corps et de l'esprit. Je souhaite la même chose à tout le monde... vraiment... mais si beaucoup sont appelés, peu sont élus.

    Bonne soirée et bonne lecture à vous...

    @)>-->--->---

  • Bravo.

  • Eclat de phrases. On peut les dévaler en tout sens, comme des escaliers. A revers et à rebours. C'est un petit dédale poétique dans lequel chacun peut reconnaître ses travers et ses manies. Une forme de socioésie, poésie sociologique, posologie verbale. Le coup de plume aussi sûr qu'un scalpel. Ca tranche dans le vif du sujet.

  • Merci, Frédéric, pour ces quelques mots si justes, qui rendent bien le sens de cette étrange démarche labyrinthique. Escher et Piranèse ont en effet quelque chose à y voir, et l'Arbos d'Arvo Pärt et les rêveries topologiques de Michel Butor... A cela s'ajoutant mon goût sociopoétique, selon votre excellente expression, et l'espèce de virtualité homéopathique de l'exercice, ouvrant à d'éventuels exorcismes.
    Le départ de tout ça est ma fascination pour le simultanéisme existentiel inspiré par la contemplation nocturne des grands ensembles. Adolescent, j'ai vu apparaître, dans notre quartier périphérique plutôt agreste des hauts de Lausanne, des barres de dix étages dont on pouvait observer, la nuit, du haut d'une butte, les milliers de petits écrans animés. L'effroi quasi métaphysique que cela a suscité en moi s'est trouvé relancé au Japon, au milieu de la multitude des visages anonymes, puis aux States dans le dédale des hautes façades. De là, je crois, découle cette espèce de litanie infinie qui se dicte toute seule, sans aucune intention psychologique, moins encore morale, de ma part, comme une suite de constats, plus encore: de simples faits de langage...

  • Oui, c'est moi le socioésistologue...

    On sent bien au rythme que ça vient de plus loin que la bonne raison, la phrase rebondit d'elle même.

    Une phrase qui gronde, qui taquine, qui sourit, qui se fâche, qui éructe, qui titille, qui ne dénonce pas (il me semble). Le ton est loin d'être apaisé. Au contraire, par moment c'est un uppercut violent. On est dans le domaine de la chirurgie générale ou reconstructive, pas de la chirurgie esthétique. (Celles qui se font refaire les seins en forme d'obus / celle qui se font liposuccer la graisse au lieu de faire du sport / celui qui se fait une phalloplastie pour être estimé / ceux qui disent gagner 10 ans en se faisant retirer le faciès/ celle qu'on voit toujours sourire / ceux qui se font des soirées champagne botox / celui qui prélève 10'000 francs sur la carte visa de sa patiente comme premier acte chirurgical / celles qui se retrouvent entre momies pour se congratuler / celle qui s'est suicide après avoir été loupée / celui qui a l'air d'halluciner en permanence après s'être refait faire les paupières / ceux qui n'arrive plus à se mirer par désespoir / celui qui demande à sa petite amie de s'implanter des ballons de foot / ceux qui fantasment sur Pamela Anderson / ceux qui montre après avant l'opération / ....)

    Ceux qui, c'est vous, c'est moi, c'est eux.

    J'aimerais les entendre lues par un acteur comme Jacques Weber, un Zeus des planches. On y entendrait les oscillations.

    J'avais trouvé un mot à l'époque pour décrire ce mouvement intérieur que j'éprouvais: "homoscilloscope". Je trouve que ça colle assez à votre travail.

    Et puis je me suis trouvé empêtré plus d'une fois dans ce filet ceuxquicellequiceluiqui... ceux qui, ce sont les autres... tu parles! ... non, c'est bien moi ou un peu moi, un peu (beaucoup) nous tous. Ou un bout de moi.

    En fait, ces petites phrases sont des éclats archétypiques. Voilà. C'est un peu jungien. Je sens comme ce doit être libérateur également de les écrire. C'est protéiforme. Je trouve que ça tient aussi un peu du haïku. Avec en point de mire notre ego crucifié.

    Bon, vu que j'écris la tête en face du lance-torpilles, je vais m'arrêter là.

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