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Kitsch et kitsch

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Frères et sœurs
(Chronique des tribus)
 
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Lorsque l’Amico se met en peine, imaginant qu’une Italienne d’adoption en jugera mieux que lui, de parler à l’Amica du film à la fois tape-à-l’œil, séduisant et provocateur sur les bords, voulu riche de symboles et de connotations, mais sonnant le creux, que Paolo Sorrentino a signé sous le titre de Parthenope (le prénom éponyme de Naples évoquant une sirène virginale), l’Amica l’interrompt en lui avouant qu’elle en est restée à la 55e minute du film visionné sur Netflix, et pas sur grand écran comme son interlocuteur, mais le même qualificatif leur vient à propos de cet étalage d’esthétisme léché et de figures convenues, à savoir le mot kitsch, et l’Amica convient, par rapport à l’élan enthousiastique du jeune Corentin se déclarant illico amoureux de la belle Celeste della porta, qu’une femme réagit différemment d’un mec devant la beauté féminine même aussi indéniable en l’occurrence, mais la beauté qui se pavane, la beauté juste intelligente comme une étudiante à la coule mais d’une arrogance pédante, la beauté sans faille ni tendresse, la beauté juste belle n’est qu’un cliché de beauté et sans humour, sans recul sur elle-même (sauf à la toute fin du film il est vrai), et l’Amico, à propos de cette notion de kitsch, en vient à comparer celui de Parthenope à celui, candide et délicieux dans sa modulation de naïveté populaire, d’un des premiers films de Fellini intitulé Le Sheik blanc, avec un Alberto Sordi kitschissime et une visée visant précisément à « retourner » le cliché des fumetti, ces romans-photos de notre jeunesse ruisselant de sentimentalité et de romantisme à la flan. Autant dire qu’il y a kitsch et kitsch, et que distinguer l’un de l’autre revient en somme à distinguer le beau du joli, en se rappelant la sentence selon laquelle le bourgeois, et plus encore le petit bourgeois, trouve beau ce qui est joli (le chevreuil au bois ou le poulbot de la Butte) et joli ce qui est beau (disons la Joconde pour mettre le cliché en abyme), et l’on verra dans le film de Sorrentino Parthenope « casser le code » en trouvant de la beauté au prêtre libidineux à gueule de porc et à l’enfant monstre à corps de pachyderme et tête de souriceau… Or le kitsch artificieux, le kitsch de la pensée qui pose, le kitsch de la charge satirique sans humour prédominent hélas dans Parthenope, alors que le kitsch du Sheik blanc, comme le kitsch du Satyricon du même Fellini, voire le kitsch de La Mort à Venise de Visconti, et celui du magnifique Senso, touchent à la vraie beauté par delà le cliché…

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