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À toi mon frère le chien, merci...

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(Le Temps accordé, Lectures du monde 2024)
 
À La Désirade, ce samedi 9 mars. - Les adieux à notre cher Snoopy se sont faits, hier après-midi, avec beaucoup de douceur, grâce au tact et à la délicatesse du jeune vétérinaire qui, après avoir convenu de visu que le pauvre animal ne donnait plus le moindre signe de s’accrocher à la vie, et se fiant à ce que je lui ai décrit de sa détresse croissante d’aveugle et de sourd dormant toute la journée ou ne se levant que pour tourner en rond et se cogner partout, a commencé par l’endormir en notre présence, sur quoi je me suis absenté pour ne pas assiter au « coup de grâce », notre fille plus crâne restant en revanche auprès de lui, et moi revenant bientôt après m’être reproché ma défaillance, puis tous deux continuant, après que la vie se fut retirée de lui, de caresser le doux pelage à blancheur d’hermine de celui qui nous aura accompagnés pendant tant d’années, jusqu’aux dernières promenades sur les quais de ma bonne amie en fin de vie, de logis en logis et au long de nos voyages, pataugeant dans les polders bataves ou se précipitant sur les pigeons du Campo de Sienne, affrontant les mâtins andalous du village de Garcia Lorca ou se lovant dans son quant à soi en dépit de tous nos déplacements et rencontres jamais perturbées par aucun chat malappris, petit chasseur anglais à museau de renard et jolies oreilles de velours, moins snob que le scottish Filou et sans excès de familiarité pour autant – point de lèche ni trop de simagrées, mais à présent plus que dépouille, plus que souvenir à venir, bientôt plus que cendres avec les nôtres…
Étrangement cependant, remontant le soir à la Désirade, c’est sans aucun pathos, sans aucun sanglot animalitaire que j’ai retrouvé les objets rappelant la présence de feu mon frère le chien.
Voilà : n’est plus là, plus de compagnon me rappelant que la vie vieillit, plus de soupirs dans ton coin, plus de titubantes allées et venues entre dormir et pisser, quand je disais mon frère le chien c’était avec un clin d’œil au Bienheureux Francesco mais sans plus, tu n’est plus là mon gars, je suis triste et la vie continue à Gaza, et demain les oiseaux constateront que moi non plus je n’y suis plus - est-ce qu'on sait ?
 
Image: Sophie et Snoopy, au moment de l'Adieu...

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