(À mon double de 18 ans)
Ce sont autant de personnages,
de ces brèves figures
des âges survenus
de loin en loin dans la nature
et bientôt disparus
ou peut-être effacés, la nuit,
par l’accident qu’on sait,
ou revenus masqués
avec ces yeux qu’on sait aussi...
On sait qui était à la gare
quand il s’en est allé,
on l'a perdu de vue plus tard,
quand le train des années
sans mémoire et sans frein
dans les brouillards du temps passé
a paru s’éloigner...
Mais un seul visage de toi
me revient ce matin,
qui a ta voix et me regarde
et qui sait mon prénom:
ton ombre n’a fait que passer
sur le mur de bonne heure,
à l’heure qu’on dirait
de ces moments de vérité -
peu m’importe en cet instant
où tu reviens pour m’emporter...