À propos de la terrible affaire Légeret, qui rebondit aujourd'hui au grand jour, avec un Accusateur devenant accusé virtuel...
Cinq ans après la parution du petit petit livre consternant et révoltant, intitulé Un assassin imaginaire (Editions Mon village, 2016) dans lequel le journaliste d'investigation Jacques Secretan revenait sur ce qui est, selon lui, la plus douloureuse et scandaleuse erreur judiciaire survenue en terre romande en ce début du XXIe siècle, l'Affaire rebondit à la UNE du quotidien vaudois 24 Heures... À la bonne heure !
L'affaire Légeret désigne un présumé triple meurtre, instruit à charge contre un seul suspect et jugée par deux fois sur la base d'un scénario hypothétique, sans preuves matérielles crédibles et après l'éviction d'un témoin à décharge essentiel.
Un Simenon, un Zola ou une Patricia Highsmith trouveraient, dans cette très sombre "affaire Légeret", la trame d'un roman noir entrecroisant les thèmes de la rapacité financière, du racisme larvé et du machiavélisme d'un probable manipulateur pointé par l'auteur, à cela s'ajoutant les bévues d'une justice de classe protégeant les nantis et s'acharnant sur un bouc émissaire probable.
Or, verrouillée par les convictions intimes d'un procureur échafaudant son scénario accusateur sur des enquêtes bâclées et des témoignages écartés (qui auraient pu disculper le coupable idéal) ou pris en compte (jusqu'aux rêves de l'épouse du frère accusateur, grand bénéficiaire financier de l'affaire après avoir été déshérité par sa mère), avec l'appui de juges refusant la présomption d'innocence à l'accusé, cette horrible affaire, qui devrait faire l'objet d'une révision, produit sur le lecteur un effet de réel accablant sans que Jacques Secretan ne sorte de son rôle de scrupuleux enquêteur...
Images: Jacques Secrétan, le procureur général Eric Cottier.