On voit de beaux enfants partout
regarder en silence
on ne sait quoi, on ne sait où,
en immobile transe.
Nul ne sait ce qui vous angoisse,
petits rêveurs bien coiffés
à la candeur où l’ombre trace
un signe indéchiffré.
Je vois en moi passer les heures,
dit l’un d’eux au miroir
qui le regarde, un peu moqueur,
souriant dans le noir.
Les enfants savent bien des choses
qui n’ont point de reflets
dans la cour où poussent les roses
cernées de barbelés
Je vois en vous la beauté grave,
et la joie sans pareille,
et cette innocence qui brave
le déni des merveilles.
L’enfant demeuré vous attend
dans le jardin secret
où vous savez les innocents
à jamais éveillés.