Quand j’étais môme, déjà,
je voyais le monde comme ça :
j’avais cassé le vitrail de la chapelle
avec ma fronde
et j’ai ramassé et recollé les morceaux comme ça,
tout à fait comme ça, j’te jure,
et c’est comme ça, depuis ce temps-là,
que je le vois, le monde.
Le monde est comme un vitrail recollé,
c’est pourtant vrai :
j’aurai passé des jours et des jours,
depuis ces années-là,
à genoux devant la chapelle
qu’il y a un peu partout,
à chercher les morceaux du vitrail dans l’herbe
et à les rassembler, le front bas,
avant de les recoller,
du bon côté de la lumière,
les yeux au ciel.
Et voilà le monde, j’te dis pas :
faut l’avoir fracassé et recollé
pour l’aimer comme ça, le monde.