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  • Ceux qui se poncent le nain

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    Celui qui triomphe dans ses bretelles ornées d'Edelweiss / Celle qui exulte à l'idée qu'enfin on va se retrouver entre soi / Ceux qui n'iront plus à l'étranger qu'en Suisse et encore pas dans les cantons qui votent mal / Celui qui recommande à ses compatriotes de construire un Mur pour ne plus entendre les lamentations des pauvres qui travaillent pas en Europe et surtout en Afrique / Celle qui se réjouit de revoir les cabanes de saisonniers italiens tellement pittoresques / Ceux qui sont rassurés vu que l'année passée encore on a vu un Sénégalais à Lucerne / Celui qui est content de la fessée donnée au Conseil fédéral où il n'y a plus que des femmes / Celle qui se réjouit surtout de voir nos PME tirer encore plus la langue vu que son ex en a une / Ceux qui entonnent le nouvel hymne du Réduit national restauré / Celui qui va demander l'asile à ses amis noirs de la diaspora lémanique / Celle qui se dit enfin bon débarras avec toutes ces maisons mal habitées / Ceux qui ont voté deux fois NON sans se faire d'illusions sur l'Europe du fric et la mondialisation du profit à laquelle participent les pontes de l'UDC et de l'UBS / Celui que la nouvelle culture helvético-mondiale du barbecue et du jacuzzi privatif fait gerber / Celle qui trouve que la Suisse du repli a son charme surtout vue de son loft de Monaco / Ceux qui ont voté deux fois OUI juste pour voir / Celui qui estime qu'on devrait limiter le droit de vote à ceux qui pensent comme lui / Celle qui pavoise dans son carnotzet où elle va passer des k7 de Ted Robert  toute la nuit avec tous ses amis marqués CH ou CFF sur la fesse droite / Ceux qui ne mangeront plus désormais que de la viande Blosher / Celui qui déplore aujourd'hui qu'on ait donné le droit de vote aux femmes et d'ailleurs même aux homme si ça se trouve / Celle qui se dit qu'avec les contingents d'étrangers l'invasion des Chinois se fera dans l'ordre / Ceux qui disent à celles qui ne sont pas contentes de rallier le Parti Qui Gagne / Celui qui trouve que la fondue à l'immigration massive dessert la tradition du moitié-moitié / Celle qui pense UDC et rêve UDC sans oser avouer qu'elle chie UDC vu qu'elle est bien élevée / Ceux qui ne feront pas un fromage d'une moitié de vieille croûte qui sent le renfermé, etc.      

     

  • Ceux qui cassent du pédé

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    Celui qui dans le préau traite toutes les filles de pédées /Celle qui enjoint son petit garçon d'avoir autant de couilles qu'elle / Ceux qui boxent leurs fils pour pas qu'ils virent fiotes / Celui qui estime qu'il faut tolérer les homos vu que c'est pas leur faute et pour peu qu'ils fassent ça entre eux / Celle qui objecte que la tolérance y a des maisons pour ça / Ceux qui pensent que les tendances sont essentiellement imputables à la mère ou alors au père s'il est pas normal ou aux deux s'ils boivent / Celui qui avait couché avec sept filles et sept garçons avant d'entrer dans les ordres où il n'a plus eu le choix / Celle qui est restée fiancée au Seigneur pendant des années avant d'épouser un Breton / Ceux qui sont trop bons vivants pour aimer les pédoques / Celui qui est déclaré spécial vu que c'est toujours lui qui ramasse les coups / Celle qui a la maladie des caissières et en plus un fils qui se dandine comme une gazelle / Ceux qui ont l'alcool méchant et s'énervent dès qu'ils voient un Arabe ou un étudiant trop bien coiffé  / Celui qui dit volontiers ferme ta gueule tarlouze pour bien montrer qu'il n'en est pas / Celle qui préfère la compagnie des femmes sans se sentir plus engagée que son mec qui aime bien les pianistes asexués / Ceux qui estiment que le crime n'est pas de faire mais d'être et plus encore d'avoir l'air /Celui qui a fini par croire qu'il l'était à force de se l'entendre reprocher / Celle qui a toujours pensé que Sartre était pédérasque / Ceux qui diffusent de faux bruits les concernant pour en goûter les retours et détendre l'atmosphère, etc.

      

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    (Cette liste a été notée en marge de la lecture d'En finir avec Eddy Bellegueule, très remarquable roman d'Edouard Louis constituant une plongée dans la misère sociale et mentale d'une province économiquement sinistrée - où l'on voit un écrivain de 21 ans prendre le relais du réalisme noir d'un Louis Guilloux ou d'un Calaferte)               

  • Des Suisses au Rwanda

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    Vingt ans après le génocide, Thomas Isler et Chantal Elisabeth ont documenté les relations entretenues avant celui-ci par  la Suisse coopérante et le Rwanda, dans un film intéressant  à découvrir ces prochains jours: Nous étions venus pour aider...

     

    Isler02.jpg"Nous n'avons rien vu venir",  pourraient-ils dire. Pas plus sur le terrain que dans les bureaux de Berne. "Je connaissais le passé du Rwanda, mais jamais je n'aurais pensé, ni aucun de nos collaborateurs,  que les conflits ethniques passés aboutiraient  à un tel génocide", constate un cadre de la coopération au développement. "Nous avons peut-être été naïfs ?", se demandera un autre coopérant suisse. "Peut-être avons-nous péché par angélisme ?", ajoutera-t-il avant de constater qu'une certaine mentalité "boy-scout" marquait les esprits et les comportements. Et le même constat "innocent" pourrait être fait par tous ceux qui se retrouvent dans le film éponyme de Thomas Isler et Chantal Elisabeth: "Nous étions venus pour aider"...

     

    Isler01.jpgLes Suisses ont-il été, de façon passive, involontaire ou inconsciente, les complices du génocide de 1994 ? C'est la question que posait implicitement l'écrivain Lukas Bärfuss dans un livre paru il y a cinq ans, intitulé Cent jours, cent nuits (L'Arche, 2009), dont le protagoniste avait travaillé, dès 1990 à Kigali, au service de la Direction du Developpement et de la Coopération (DDC) pour l'aide humanitaire, et qui resta sur place après le départ de ses collègues. Ainsi qu'il le remarque lui-même, le personnage n'est pas inquiété par les milices hutus au motif qu'il est perçu, autant que  les Suisses depuis une trentaine d'années, comme un "collaborateur". Sinistre appellation, rappelant évidemment les "collabos" français, mais dont il faut douter de la validité en l'occurrence. Et pourtant, au fil des témoignages égrenés par le film de Thomas Isler et Chantal  Elisabeth, le terme de lâcheté reviendra à diverses reprises.

    Isler07.jpgCela étant Nous étions venus pour aider n'a rien du réquisitoire, et c'est le moins qu'on puisse dire. Ce n'est pas un film politique non plus, malgré certaines situations liées aux menées du Pouvoir rwandais.  Le film focalise son attention sur un grand projet de coopération, incluant l'entreprise de distribution de biens alimentaires TRAFIPRO et le développement de banques populaires. Or l'évolution, à travers les années, de la gestion de la TRAFIPRO, documentée par les témoignages de divers cadres blancs ou noirs, est marquée par la soumission graduelle de sa direction au pouvoir politique, à l'indignation de plusieurs coopérants suisses et contre l'avis de certains cadres rwandais.

    Isler01.jpgEn clair, et dès 1973, l'entreprise TRAFIPRO se trouve "épurée" de nombreux Tutsis. Or ce premier acte clairement raciste, et ses répercussions auprès des Suisses, fait apparaître le clivage entre ceux qui, n'admettant pas l'arbitraire de la mesure visant des employés qualifiés, protestent ou démissionnent, et les autres qui préfèrent invoquer une "affaire interne" entre Rwandais. Dans la foulée, on suit les tribulations d'un génie des chiffres rwandais devenu responsable financier de la TRAFIPRO après un stage à Lausanne, et que son appartenance ethnique désigne aux foudres du pouvoir qui le fait incarcérer pendant une année. Un cadre alémanique de la TRAFIPRO lui rendra visite dans le cul de basse-fosse où il a été jeté sans autres protestations "officielles", mais un tel drame personnel ne pèse guère au vu de l'épouvantable massacre qui se prépare.

    Isler05.jpgD'une certaine manière, notamment en ce qui concerne la fameuse neutralité helvétique, le film de Thomas Isler et Chantal Elisabeth rappelle Mission en enfer de Frédéric Gonseth, qui fit parler les anciens collaborateurs de la Croix-Rouge directement confrontés au génocide nazi et sommés de se taire. La grande différence, en l'occurrence, tient au fait que les coopérants suisses au Rwanda ne pouvaient effectivement se douter de ce qui se préparait avant d'être rapatriés d'urgence, et que les tenants et aboutissants du génocide des tutsis ne sont pas comparables avec l'extermination planifiée des juifs d'Europe. D'un autre point de vue, le témoignage d'un coopérant allemand et de sa femme est également très significatif, notamment du fait que le couple (lui est un ancien gauchiste soixante-huitard) aura fréquenté de près le premier ministre hutu convaincu de crime contre l'humanité, tout en accueillant des réfugiés tutsis dans leur maison...

     

    Isler03.jpgConstitué de documents d'archives et de films personnels tournés par les protagonistes - avec un effet de réel désormais banal dans le cinéma documentaire -,  d'entretiens et de témoignages dont l'ensemble demande un certain effort de reconstruction de la part du spectateur, Nous étions venus pour aider à le premier mérite d'éclairer  une situation complexe, impliquant des individus de bonne volonté et de bonne foi, sans juger. Une consoeur alémanique a déjà rapproché au film son manque de position critique, incriminant en outre l'"effrayante naïveté" des coopérants. Le jugement est facile de l'extérieur et après coup, comme on l'a vu dans Mission en enfer. On peut aussi ironiser sur le fait que la DDC ait "revu sa politique" après la tragédie rwandaise, mais cela relève d'une autre façon de condamner à bon compte. Le mieux est de voir ce film, qui sera commenté ce dimanche après sa projection publique à Genève et Lausanne, et de lire ensuite Cent jours, cents nuits, de Lukas Bärfuss, quitte à corser le débat  a posteriori,vingt ans après...       

     

    Isler04.jpg AVANT- PREMIERES et DEBATS 

     Dimanche 9 février 2014

     Genève  Cinéma Bio 11h00  

    Projection suivie d'un débat avec : 

    - Chantal Elisabeth,  co-auteure du film

    - Cornelio Sommaruga , anc. président du CICR 

    - Frank West , anc. coopérant DDC

    - Mathieu Humbert , historien UNIL

     

    Lausanne  Zinéma  16h00    

    Projection suivie d'un débat avec :  

    - Chantal Elisabeth, co-auteure du film

    - Mathieu Humbert , historien UNIL

     

    AU CINEMA

    Sortie au Suisse romande le 12 février 2014

     

     

    Synopsis  de Nous étions venus pour aider 

    Rwanda 1973 : un matin, on trouve, placardée sur la porte d'entrée du bureau de l'aide au développement suisse, une liste de noms de Tutsis auxquels est signifié le licenciement, avec effet immédiat de la coopérative TRAFIPRO. Les coopérants suisses sont indignés de ces mesures racistes. Mais aucun ne s'y oppose, de peur de compromettre un projet  à succès.

    20 ans plus tard, l’histoire se  répète et  débouche sur un génocide qui fit plus de 800 000 victimes. Cette catastrophe aboutira à une réorientation de l'aide au développement suisse et à son retrait temporaire du pays. Le film interroge des témoins de l'époque, suisses et rwandais. Il dresse un tableau des limites et dangers de l'aide au développement.

    Protagonistes

    Hubert Baroni, Jean-François Cuénod, Innocent Gafaranga, Othmar Hafner, Vincent Kamanda, Charles Mporanyi, Wolfgang Schmeling, Marianne Schmeling, Eric Schweizer, Erika Schweizer.

  • Ceux qui brouillent les cartes

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    Celui qui déjoue les plans de la servitude volontaire / Celle qui se floute par souci d'incognito / Ceux qui affectent la profondeur sans se mouiller / Celui qu'on n'arrive pas à situer ni lui non plus / Celle qui demande au prisonnier d'où il parle / Ceux qui savent que les images ne parlent qu'à certaines conditions le plus souvent métaphoriques / Celui qui a une dame de coeur dans son jeu dont le valet de pique le gratte / Celle qui enrage de buter sur ton Service de désinformation / Ceux qui ont toujours une indiscrétion de retard / Celui qui campe sur sa position de missionnaire / Celle qui ressent le danger du pluriel aveugle / Ceux qui se réclament de la lutte des classes de neige / Celui qui affronte les illusions de groupe / Celle qui connaît l'inintelligence collective / Ceux qui aiment travailler ensemble mais pas de trop près / Celui qui s'est toujours défié de l'expression "des nôtres" / Celle qui groupille dans son coin / Ceux qui se disent "de la fine équipe" et concluent que les autres sont "plus à plaindre qu'à blâmer" / Celui qui a évité l'encamaradement même en mai 68 / Celle qui a chopé une groupustule à la réu de la section Femen / Ceux qui manient tous les codes en qualité de présentateurs de télé à sourires vendeurs / Celui qui obéit à ses neurones miroirs à l'imitation des macaques / Celle qui est sensible au folklore de groupe si possible avec accordéon / Ceux qui se fondent dans le groupe tels d'effervescents comprimés d'optimisme chimique / Celui qui n'en finit pas de craindre d'être mis à la porte alors que l'école a été remplacée par un bowling géant / Celle qui ose ses rêves après essai à blanc / Ceux qui passent pour des traîtres alors qu'ils reprennent juste leur enfance retenue en otage par le groupe /  Celui qui ne démonte que pour reconstruire / Celle qui assume son drôle de rôle / Ceux qui puent la fonction et même l'organe / Celui qui joue son rôle d'outsider par soumission au groupe / Celle qui  ne se reconnaît que dans ses impros / Ceux qui se sentent libres dans le grand orchestre de délire symphonique, etc.   

    Peinture: Lupertz.