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Au colloque subtropical

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BRAIN STORMING. - Cependant il nous restait, avec Max le Bantou, à réviser notre speech francophone commun du lendemain, dont nous venions de découvrir le pitch établi à notre insu et proposant "Le défi de la langue et du langage aujourd'hui; rapport avec la langue française et les langues partenaires"...

Mais qui donc nous avait collé cette expression babélienne de "langues partenaires" et qu'aurions-nous diable à disserter à ce propos, s'inquiétait mon jeune Camerounais au bon sens éprouvé ?

Que dalle! lui répondis-je tout de go: langue de coton de pontes universitaires et autres intervenants culturels ! Ils proposent et nous disposerons: nous parlerons de nos parlures et de nos façons à nous de lire et d'écrire, en nos  périphéries obscures, dans la langue de Rabelais et de Voltaire qui est celle aussi d'Aimé Césaire et d'Amadou Hampâté Bâ, de Ramuz et de Kourouma, où tous nous sommes propriétaires et colocataires à la fois, à grappiller de concert  à l'arbre aux mots pour en faire notre miel... 

 

Lushi2.jpgPARK HOTEL. - Quoique détestant les palaces, et ceux des pays pauvres plus que les autres évidemment, je me suis trouvé presque à l'aise dans le Park Hôtel aux chambres immenses et aux vérandas suggérant autant de veillées coloniales. Et du coup je me suis rappelé tant d'ambiances de romans ou de films dont il ne reste ici que le décor surplombant, dans la nuit avancée, la rue aux ombres murmurantes. Derrière la moustiquaire, avant de lire encore un peu des Mathémathique congolaises de Jean Bofane, rencontré dès la première pause au Grand Parloir sous les dehors d'un svelte géant riant de toutes ses dents, j'ai regardé quelque temps les rues désertes de l'ancienne cité blanche et me suis rappelé le voyage de Gide et ses réquisitoires. Or nous étions bien loin, désormais, des indignations du grand sorcier protestant ! Près d'un siècle après son Retour du Congo, la parole était bel et bien, aujourd'hui, aux Africains, et j'étais là pour les écouter. Du moins est-ce avec reconnaissance que j'ai pensé au courage du cher bourgeois pédéraste accompagné du jeune Marc Allégret, aussi libre d'esprit que le furent plus tard un Céline ou un Simenon. À propos de Simenon, nous aurons soupé et sympathisé, ce soir, avec le très avenant Fabrice Sprimont qui aura contribué à l'organisation, au nom de la Communauté française de Belgique, de ce congrès resté longtemps bien improbable à mes yeux; et c'est grâce à lui, qui m'a rappelé Le blanc à lunettes, genre lettré d'aventure  frotté de douceur tchékohvienne et de surréalité belge, que nous en avons appris un peu plus sur les tenants et participants de cet étrange jamboree littéraire...         

 

                                                                                             (Lubumbashi, ce 24 septembre 2012) 

Maxou12.jpgCEUX QUI PARLENT. - Nous avions droit au prime time matinal des tables rondes arrangées en carré: c'était bien de l'honneur pour deux émissaires black'n'white de la Suisse qui, comme on sait, lave-plus-blanc.   Nous nous étions promis, avec Max le Bantou, de rester simples et vrais autant que faire se pouvait: je parlerais des transits féconds entre gens aux parlers variés, Max dirait à sa façon comment il vit la multilangue française entre Douala et le quartier des dames à vendre à Geneva International; déjà les micros grésillaient et tourniquaient les caméras aux épaules; bref la journée était lancée mais je ne sais pourquoi, à ce moment-là, le souvenir de mai 68 dans les couloirs de la Sorbonne m'est revenu: je revoyais ces parias de la banlieue parisienne débarqués aux barricades et qu'on appelait alors, je ne sais pourquoi, les Katangais; il y avait de ça plus de quarante ans: autant d'années que celles qui me séparaient des vingt-cinq ans de mon compère le Camer...

 

CELLES QUI OEUVRENT. - Elles n'en finissent pas de nous ramener sur terre, nos mères et nos frangines, nos amantes et nos amies: nous avons le miel et le fiel des mots aux lèvres, mais malgré leur romantisme invétéré elles n'en finissent pas de nous rappeler le sel et le sol de la vie, et là je les voyais une fois de plus couper court au choeur des "y a qu'à" et des "il faut".

Nous écoutions donc Bestine et Ana, qui oeuvrent en terres d'Afrique, et Dominique venue de Liège, et je me disais que sans elles rien ne se ferait qui doit se faire à partir de rien, avant même que rien d'institué ne se fasse. Car c'était de cela qu'il s'agissait bel et bien: combien de librairies en ces lieux, quelle politique du livre et de la culture au Katanga, dans l'entier Congo et dans le continent, quel appui aux écrivains et aux indispensables passeurs ? Or il me semblait n'entendre, au fil des débats, que les mots de miel et de fiel de ces messieurs-là...   

 

Kourouma.jpgAhmadou Kourouma: « Partout où qu'elle soit dans le monde, une femme ne doit pas quitter le lit de son mari même si le mari injurie, la frappe et la menace. Elle a toujours tort. C’est ça qu’on appelle les droits de la femme.  »

 

 

 (Extrait d'un livre en chantier)

 

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