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Ceux qui colloquent dans la forêt

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Celui qui débarque pour la première fois en Afrique noire et se pique d’échapper aux moustiques grâce à l’application de l’Anti-Brumm Forte / Celle qu’interloque la première panne d’électricité générale sur le marché nocturne / Ceux qui viennent de diverses planètes au pied du baobab avec le même appareillage informatique / Celui qui présente son passeport à croix blanche avec le geste délié d'un danseur de flamenco que raillent ses amis à passeports bleus ou verts / Celle qui refile cinq euros au jeune type a veste marquée Katanga Express qui lui a promis de retrouver sa valise dans le tas de bagages empilés jusqu’au plafond devant le tapis roulant ne roulant plus et qui en concède cinq autres quand l’objet lui est ramené une heure plus tard / Ceux qui se sont juré de garder un flegme plus afro que british / Celui qui a rêvé dans l’avion qu’il dormait dans un lit de format King Size flottant sur le fleuve Congo / Celle qui recopie les enseignes lyriques des boutiques multicolores des bords de routes style Au jardin du seigneur ou Au bon poil coiffure ou Bienvenue marteau tout l’outillage ou Chez Vertu les beaux agrumes / Ceux qui découvrent le campus de l’Université de Lushi dont les étudiantes et les étudiants en surnombre lui évoquent une volière en folie / Celui qui raffole illico de la rue africaine après la tombée de la nuit / Celle qui esquisse un mouvement de rumba congolaise après avoir retrouvé son amant zoulou en costume lamé argent de prof de linguistique à Namur / Ceux qui remontent le fleuve de la rue bigarrée aux petits marchands / Celui qui est vacciné contre la fièvre jaune mais pas contre la transe de bonheur qui l’envahit dans la rue des gens / Celle qui a été nommée Commandante des ateliers d’écriture finalement remplacés par des tables rondes disposées en carré / Ceux qui descendent dans l’ancien hôtel colonial aux chambres vastes comme des cases de réus tribales / Celui qui écoute les parleurs parler / Celle qui a développé un petit projet culturel dans la région des grands lacs / Ceux qui ont lu Tintin au Congo et ne retrouvent pas Milou dans les couloirs de l’hôtel ex-belge / Celle qui prend l’évidence de la pauvreté en pleine poire / Ceux qui ont en Suisse un permis C et en Afrique un permis de sourire dont ils usent à bon escient / Celui qui se sent plus chez lui dans la foule congolaise que dans celle du métro de Tokyo à l’heure de la ruées aux bureaux / Celle qui aime les écrivains comme ils sont ce qui est tout dire / Ceux qui ont tant des choses à dire qu’ils le disent tous en même temps / Celui à qui sa mère recommande de Douala de ne pas oublier la parole en se pointant à ce congrès des écrivvaisn où il doir honorer la Suisse / Celle qui engage tout le monde à danser sur le rythme irrésistible de Karibu kwetu ku katanaga / Ceux qui redécouvent les vertus de la langue-geste, etc.

(Cette liste a été jetée sur un carnet vert de marque PaperBlanks en marge des débats du Congrès des écrivains francophones de Lubumbashi en la chambre 212 du Park Hotel aux dimensions d’une suite ministérielle à véranda surplombant les rues populeuses).

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