Sur Espoir Voyage, de Mickel K. Zongo, présenté au Festival Cinémas d'Afrique.
Les traces d'un individu s'effacent plus vite en Afrique que sur le continent européen, affirme l'un des interlocuteurs du réalisateur burkinabé Michel K. Zongo, mais la quête obstinée de celui-ci tend à prouver le contraire. Sa mèrt affirme d'ailleurs qu'un homme ne disparaît pas comme un animal. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que la mémoire orale collective est plus vivace en Afrique qu'en nos contrées, notamment du fait des liens de cousinages et de voisinage qui s'entretiennent de villes en villages.
Pour en savoir plus sur son frère aîné Joanny, parti du Burkina Faso dix-huit ans plus tôt, comme beaucoup de jeunes gens en mal d'aventure et de travail - le voyage ayant pour ainsi dire valeur initiatique -, Michel s'embarque pour la Côte d'ivoire après avoir enregistré, avec sa caméra, un message de sa mère adressé à son cousin Augustin, parti lui aussi sans donner plus de nouvelles aux siens que Joanny. Or c'est par Augustin et diverses connaissances de celui-ci que, de proche en proche, Michel va se retrouver dans la cour du vieil homme qui a employé son frère aîné et en fait le plus bel éloge, suivi par son fils qui évoque la maladie dont il est mort brutalement.
Caméra au poing, avec la maîtrise parfaite d'un chef'op éprouvé, Michel K.Zongo tire de sa quête un bel hommage final à son frère aîné propre à rassurer sa mère et les siens, et un documentaire nourri sur la migration intérieure fréquente en Afrique, les conditions de travail dans les plantations de café et de cacao, ou encore les difficultés, voire les frustrations affectives ou économiques, dans les relations familiales, liées à des allers-retours parfois entourés de silence.
Par delà l'intérêt documentaire d'Espoir voyage, on relèvera les qualités plastiques du tournage et la belle empathie humaine que le le réalisateur manifeste dans son rapport avec les autres.
Michel K. Zongo. Espoir Voyage. Burkina Faso / France, 2012.
Commentaires
Je crois bien que je n'ai vu qu'un seul film burkinabé. C'était "Yaaba" d'Idrissa Ouedraogo...
J'espère que la salle d'Art et Essai de Tarbes projettera "Espoir Voyage".