Celui qui se plaint pour se sentir exister / Celle qui a si mal aux cheveux qu’ils en tombent / Ceux qui savourent leur déprime / Celui qui se replonge dans Mars de Fritz Zorn « pour l’ambiance » / Celle qui n’arrive plus à sourire à son saladier / Ceux qui s’évitent dans leur deux-pièces sur cour / Celui qui se demande comment ramener le sourire de son Bouddha de plastique acheté à Conforama / Celle qui s’enferre dans une jalousie d’arrière-cuisine de McDo / Ceux qui ne rient pas vu qu’il n’ y a pas de quoi / Celui que tout accable sauf son Bonus de 2 millions / Celle qui se replie dans le tricot / Ceux qui diffusent des ondes froides genre allées de cimetière finnois le soir / Celui qui repique en ouvrant juste la fenêtre / Celle qui estime qu’à côté de la famine dans le monde son sort reste aussi enviable que celui du biscôme vers Noël / Ceux qui ne se plaignent jamais que des malfaçons d’artisans écervelés par la course au Bénef / Celui qui ramène le sourire de sa conjointe en l’appelant mon accorte babouins / Celle qui se voit dans le miroir déformé de l’ophtamologue alsacienne / Ceux qui se contentent même de ce qu’ils n’ont pas / Celui qui mendie un sourire à la mendiante / Celle qui a lu un peu de Saint Thomas à l'époque où elle doutait précise-t-elle / Ceux qui se donnent trois semaines pour se faire une idée sur la Théorie du Chaos / Celui qui se retrouve à la case départ imminent / Celle qui se réjouit quelque part d’avoir sa photo dans la page des avis mortuaires / Ceux qui sont encore pleins de feu dans la chapelle ardente, etc.
Image : Philip Seelen