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Pensées du soir

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Notes de l’isba (15)

De l’intranquillité. – À un moment donné le voile s’est déchiré au regard de l’enfant et c’est alors que, pour la première fois, il s’est senti seul et perdu, plus une main, plus une porte, plus une issue que ce ciel au-dessus mais point d’ailes ; il a vu ce qu’il en est et cette évidence claire-obscure  a fait de lui désormais ce permanent inquiet se tenant là comme si de rien n’était, allons passons, passez passants, dimanche nous attend…

 

De la nature. – Depuis lors quoique vous fassiez et me disiez elle est toujours là à me guetter, mais vous n’y êtes pour rien, allez, et si vous préférez ne pas y penser c’est votre affaire lors même que je la vois qui vous guette aussi - sûr qu’il y en aura pour tout le monde quoique vous fassiez pour l’oublier tout en vous impatientant de me faire taire, mais pas un instant elle n’aura de cesse de vous faire taire vous aussi, ça ne fait pas un pli ; et cependant que la nature est belle ce soir d’été indien et quel agréable chemin dans la prairie…

 

De la personne. – Il n’y a plus là de place pour aucune pensée vivante et c’est pourquoi je suis sorti et me suis éloigné, il y avait là-bas trop de bruit et d’agitation pour rien, trop de rendez-vous et de réunions pour rien - mais je n’ai pas fui pour autant, je  n’y suis pour personne qu’en apparence alors que je reste plus que jamais, ici et maintenant, présent  en personne…  

 

(Ces notes ont été prises en marge de la lecture de Dimanche m'attend, dernier journal de Jacques Audiberti paru chez Gallimard en 1965, l'année de sa mort,) 

 

Image JLK : Crépuscule d’été indien

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