Paradiso. – En langue italienne Paradis se dit Paradiso. En langue italienne le nom du Tessin se dit Ticino. Le nom de Paradis et le nom du Tessin ne riment plus dans la langue de Berlusconi, où le nom du Dio Denaro rime en revanche avec le mot ladro, désignant le voleur dans la langue de Rousseau.
Notre paradis de limpidité a été sali dès l’apparition du mot PRIVAT aux rives du lac paradisiaque. Nos élans de petits baigneurs ont été stoppés par ce mot hideux : PRIVAT, qui ne rime pas mieux avec Ticino qu’avec Paradiso.
Dio Denaro. – L’invasion massive a commencé par là. L’invasion massive dont on brandit aujourd’hui la menace en visant le seul straniero, l’étranger, qui ne rime pas toujours avec denaro, l’argent, l’invasion massive n’est pas celle du povero, le pauvre, qui ne rime jamais avec denaro, l’invasion massive est celle-là seule du Dio Denaro, ce dieu de l’argent des nantis se claquemurant derrière le mot hideux de PRIVAT, qui se dit PRIVATO dans la langue de ce stronzo, ce con de Berlusconi. L’invasion massive est celle du PRIVAT qui est plus qu’une légitime limite de vie privée : un mur, et plus qu’un mur : le bunker où se planque le Dio Denaro…
Putti et putani. – Le nom de Tessin rime désormais avec celui de putain, mais nous sommes tous devenus des putains. Le nom des Ticinesi, les Tessinois qui furent jadis de bravi soldati, selon la chanson, rime avec celui des putti qui sont de petit baigneurs peints dans le lac bleu des cieux voûtés des églises du Tessin, dont le nom rime avec celui de tous les saints…
Image : l’affiche hideuse du parti populiste UDC.
Commentaires
Si je me souviens bien, dans la langue d'Aloïs Alzheimer, coucou se dit kuckuck...
« (...), pendant 30 ans en Italie sous les Borgias, ils ont eu la guerre, la terreur, des meurtres et des massacres, mais il y a aussi eu Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse ils ont eu 500 années d'amour fraternel, de démocratie et de paix, et qu'est-ce que cela a produit ? Le coucou ! » dit par le personnage Harry Lime (joué et écrit par Orson Welles) à Holly dans le film Le Troisième Homme, réalisé en 1949 par Carol Reed.
Sans blague, j'en viens à me demander pourquoi cet oiseau plutôt qu'un autre. De par chez nous (je veux dire dans le village au pied du bois des Gattes), d'un point de vue folklorique, la bestiole n'a guère bonne réputation ! Maintenant, Franz Anton Ketterer connaissait fort probablement la différence entre coucous de l'Ancien Monde et coucous du Nouveau Monde, allez savoir !