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Ceux qui se contentent de peu


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Celui qui boit un verre d’eau en ne pensant (pense-t-il) à rien / Celle qui regarde le vieux fol en faisant craquer ses jointures / Ceux qui reprennent le tramway nommé Désir / Celui qui dit qu’il a le brandon / Celle qui a rencontré Marlon au Gabon / Ceux qui se la jouaient James Dean à l’époque de La Fureur de vivre / Celui qui avait une banane et se shootait au beurre de cacahouète / Celle qui t’a recommandé l’eau sucrée pour faire tenir ta mèche à la Ricky Nelson noiraud / Ceux qui ont gardé tous les microsillons des Chats sauvages et des Chaussettes noires / Celui qui a vu Les Cœurs verts 27 fois en tant que placeur au Colisée / Celle qui apprend qu’il y a 35.000 espèce d’insectes en France et se demande : et au Schleswig-Holstein ? / Ceux qui lisent Quignard avec la satisfaction de penser que son Goncourt lui a permis de réparer le toit de sa maison dans l’Yonne / Celui qui sourit des propos de Kertesz sur la « parlote métaphysique sur laquelle le blabla idéologique construit sa tour penchée » / Ceux qui annotent les écrits de ceux qui ont lu ceux qui écrivent et les ont annotés / Celui qui se situait par rapport aux siècles à seize ans et par rapport aux millénaires à trente-trois ans et constate maintenant qu’il a des rides de fossile de deux ou trois millions d’années au moins / Celle qui te dirait « si une ligne de ce que tu écris me fait chier je te quitte » à laquelle tu répondrait du tac au tac : « Alors casse-toi, Mirza, tu me liras pas » / Ceux qui se disent « fragmentistes » en espérant qu’on les compare à Montaigne enfin tu vois ça / Celui qui déclare à la télé qu’il a brûlé son journal pour accentuer son côté destroy / Celle qui a fauché le journal de celui qui l’a jetée / Ceux qui se disent : à présent le vieil Hessel va pouvoir me filer un peu de thune / Celui qui a lu Indignez-vous et qui va lire Engagez-vous et ensuite se fâchera sûrement avec son beau-frère qui ne s’indigne et ne s’engage que sur ordre de l’Imam Amadou / Celle qui pense que « tout est ridicule quand on pense à la mort » et qui trébuche au même instant sur ses hauts talons et s’écrase sur le pavé gluant et se relève mais tellement enragée qu’elle nous fait une rupture d’anévrisme fatale et voilà ce qui arrive quand on pense à la mort Madame Roduit / Ceux qui se demandent ce qu’ils font ici pendant que des peuples se libèrent là-bas puis se demandent si ce qui se passe là-bas est vraiment mieux qu’ici, etc.
Image : Philip Seelen

Commentaires

  • je ne connais pas Mme Roduit... mais je la trouve très "in" !
    bien le bonjour !
    ;-D

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