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  • Flannery ou le feu de Dieu

     Flannery28.jpg

     

    Lecture intégrale de Flannery O’Connor.Traversée des Oeuvres, publiées en un volume dans la collection Quarto, chez Gallimard, avec une préface de Guy Goffette.

    Préambule. - C’est dans le métro de Paris, en mai 1974, que j’entendis parler pour la première fois de Flannery O’Connor par mes amis Claude Clergé et Pierre Gripari. Celui-ci, athée déclaré, disait les livres de cette  catholique extrême traversée par le « feu de Dieu ». Or je ne vois pas, trente-cinq ans plus tard, de meilleure formule pour définir l’art de cette prodigieuse nouvelliste, qu’on pourrait situer entre Faulkner et Bernanos, d’une intensité d’observation, de perception et d’expression reliant illico la terre et le ciel comme les  bornes d’une pile cosmique, sans cesser jamais de se montrer d’une attention extrême à la créature humaine, le plus souvent la pire selon nos critères, avec un mélange d’humour et de cruauté, une force expressive et une profondeur de vue, enfin un incomparable regard sur le détail des choses et des êtres, vus sans une once de sentimentalité mais avec un amour total.

     Flannery6.jpgLa Puissance et la grâce

    Préface de Guy Goffette

    -         Que c’est un titre qui l’a happé pour commencer : Les Braves gens ne courent pas les rues.

    -         Qu’il a avalé ce livre après avoir achevé sa corvée de bois de gamin, vite faite.

    -         La voix et le monde de Flannery l’ont marqué illico, en son adolescence.

    -         Ses personnages lui ont parlé comme s’il les connaissait déjà.

    -         « Rien que des malades, des idiots, des lâches, des sans-cœur comme autour de moi, au village et dans les champs. Différents pourtant, avec une démesure, une outrance dans la parole et le geste qui me donnaient envie de crier ».

    -         Il a cru d’abord que cette humanité était propre aux Etats-Unis.

    -         Puis il a compris que le mal était universel.

    -         Tous ces désaxés du cœur, du corps et de l’esprit courent les villes et les campagnes de partout, et qui peut se targuer, qui, de n’en pas avoir un petit grain caché dans ses poches ? »

    -         Dès sa première approche, GG est frappé par la puissance révélatrice des personnages de Flannery.

    -         Figures du Sud profond.

    -         Rappelle la présence lancinante de la maladie dans sa vie, et la façon qu’elle a de la sublimer.

    -         Jamais elle ne pactisera avec le Mal, dont elle observe cependant les menées avec une sorte de passion joyeuse…

    -         « Séparé de Dieu, l’homme marche à la mort sans savoir pourquoi et les théories qu’il s’invente ne le consolent ni ne le justifient ».

    -         Flannery ne juge pas ceux qu’elle observe implacablement. Elle laisse  toujours sa chance à une ultime grâce…

    -         Chaque être porte sa croix et sa part de mystère.

    -         Elle s’adresse à tous sans considérations de confessions parce que « rien ne fait se lever les yeux comme la chute de l’homme ».

    -         La joie de vivre de Flannery est plus forte que ses plus noirs constats.

    -         Gg Note qu’il a lu et relu Les braves gens 12 fois, et coché ses lectures comme autant de crans sur la crosse d’un revolver…

    -         « Je n’en suis toujours pas revenu »…

     

            Flannery.gifSa vie, son œuvre

     

     

    -         Née le 25 mars 1925 à Savannah.

    -         Fille unique de Regina Cline et d’Edward Francis O’Connor.

    -         Des Irlandais du Sud, descendants d’émigrants, cathos fervents.

    -         Le père d’abord lieutenant d’infanterie, puis entrepreneur.

    -         Petite fille elle passe ses étés à Milledgeville. Nombreuses famille. Douée pour le dessin et la poésie.

    -         Très forte relation avec son père.

    -         Passionnée par la volaille.

    -         Enseigne la marche arrière à un poulet.

    -         Filmé par le PathéJournal…

    -         Pet ite fille très volontaire.

    -         Prête à « couper des têtes ».

    -         On la retrouvera dans plusieurs nouvelles, dont Vue sur les bois et Les Temples du St Esprit.

    -         Son père subit les effets de la crise.

    -         À l’école des sœurs, les anges la rebutent, surtout son ange gardien qu’elle rêve de mettre K.O.

    -         Sa lecture préférée est celle des  Contes comiques d’Edgar Poe.

    -         Son père, écrivain empêché, souffre d’un lupus inguérissable.

    -         Il meurt en 1941, elle a seize ans.

    -         Elle a commencé à réaliser des bandes dessinées.

    -         Elle écrit dans Corinthian, la revue de l’université.

    -         Sera rédactrice en chef en 1945.

    -         Se dit intégrationniste depuis qu’elle a entendu un chef de train injurier des noirs.

    -         Son catholicisme ardent la distingue des autres étudiants et des écrivains qu’elle fréquente en ateliers.

    -         Adopte les thèses de la Nouvelle Critique, qui font retour au texte contre les approches politico-sociologiques.

    -         Elle lit beaucoup, appréciant surtout Conrad et Henry James.

    -         En 1946 paraît sa première nouvelle en revue, Le Géranium.

    -         En décembre elle entreprend la composition de son premier roman.

    -         En 1947, sa mère hérite de la propriété familiale d’Andalusia.

    -         Participe à de nombreux ateliers d’écriture et sollicite un agent littéraire.

    -         Dit qu’elle doit écrire pour savoir ce qu’elle fait…

    -         L’éditeur Robert Giroux pressent déjà un grand écrivain.

    -         Elle pratique le work in progress avec constance et intensité.

    -         Atteinte elle aussi du lupus érythémateux, elle subit une première opération en 1951.

    -         Elle achève Wise Blood en 1951 et l’envoie à Giroux.

    -         Evelyn Waugh en est très impressionné.

    -         L’accueil du livre est en revanche moyen.

    -         Mal compris même quand il est loué.

    -         Elle continue d’écrire un tas de nouvelles.

    -         Dont Robert Giroux raffole.

    -         Elle-même les adore !

    -         En 1952, le traducteur de Faulkner, Maurice-Edgar Coindreau, s’intéresse à Wise Blood, qu’il traduire.

    -         Cela accentue l’intérêt des Américains.

    -         Elle enchaîne trois recueils de nouvelles et un nouveau roman.

    -         Sa renommée s’accroît.

    -         Son état de santé ne cesse de se détériorer.

    -          En juillet 1964, elle est consciente de vivre ses derniers jours.

    -         Elle écrit à une amie : « Cette sauterelle en cage que vous m’avez donnée me fait tant penser aux pauvres gens de couleur enfermés en prison que je l’ai délivrée pour la donner à manger à un canard. Je suis sûre que vous comprenez »…

    -         Elle meurt le 3 août 1964. Repose auprès de son père, au cimetière de Milledgeville.

     

          Flannery12.jpg La Sagesse dans le sang. Roman, 1952.

    -   Dédié à Régine, sa mère.

    - Hazel Motes apparaît dans un train. Un jeune homme a l'air inquiet, sombre.

    - L'air de chercher quelque chose.

    - Une grosse femme en face de lui, curieuse, voire inquisitrice.

    - Lui tout de suite revêche, voire rigue.

    - On lui donne dans les vingt ans, mais son grand chapeau le vieillit.

    - L'air d'un pasteur.

    - La bonne femme s'appelle Hitchcock.

    - Il a  un sac de soldat. Fxe le couchettiste.

    - Hitch remarque ses yeux: Ils étaient couleur pelude de noix", puis "les orbites étaient si profondes qu'elles semblaient mener quelque part"...

    - Il a une voix nasale au registre aigu, typique du Tennessee...

    - Dit et répète qu'il va à Taulkinham.

    - Dit qu'il n'y connaît personne et va y faire des choses qu'il n'a jamais faites...

    - Suit une idée fixe. Rembarre la bonne dame que ses enfants appellent "mamanpoupée".

    - "J'suppose que vous vous croyez rachetée", crache-t-il...

    - Et elle de dire que oui: que "la vie est une inspiration"...

    - On se rend au wagon-restau.

    - Elle parle à tous de ses petites misères.

    - Il trouve une place à la table de trois jeunes filles, vêtues comme des perroquets.

    - Agresse celle qui lui souffle sa fumée au nez.

    - Lui dit que si elle se croit sauvée ça ne lui donne pas envie, à lui, de l'être.

    - L'arrière- toile s'étoffe. Il revient de quatre ans de guerre, où il a été blessé.

    - Huston fait croire qu'il a été émasculé, mais c'est une invention.

    - Un terrifiant emmerdeur.

    - Sommeille ensuite et se rappelle son grand-père.

    - Un vieillard "coléreux comme une guêpe qui avait parcouru trois comtés avec Jésus dans sa cervelle en guise d'aiguillon".

    Flannery26.jpg- Le vieux l'a désigné comme un élu tout en le piétinant.

    - Ne pense qu'à rentrer à Eastroad, Tennessee.

    -Où il arrive pour retrouver le squelette de sa maison.

    - Retrouve la commode de noyer de sa mère.

    - Dépose une note dans chaque tiroir: "Cette commode appartient à Hazel Motes".

    - Pour rassurer sa mère dans son cercueil.

    - Il avait seize ans quand elle est morte.

    - Il l'a guignée par les fentes du cercueil.

    - Il en a gardé la terreur d'être enfermé là-dedans. (p.74)

    - Il évoque Jésus devant le couchettitste.

    - Qui lui répond qu'il y a longtemps que Jésus n'y est plus.

     

    Flannery13.gifChapitre II

    - Le lendemain il se rend à la ville.

    - Ne sait où loger à Taulkinham.

    - Sur un mur de chiottes, avise une annonce pour "le lit le plus accueillant de la ville", au nom de Leora Watts. La pute qui fait dir e au chauffeur de taxi, le prenant pour un pasteur: "Vous êtes devenus si fous qu'vous croyez plus en rien".À À

    - À la fenêtre de la maison de la pute, voit d'abord un genou blanc.

    - Lui dit qu'il vient pour "le truc habituel".

    - "Ses sens étaient excités à l'extrême"...

    Chapitre III

    - Le lendemain il se promène en ville.

    "Personne ne faisait attention au ciel à Taulkinham:"

    - Il s'arrête au près d'un camelot, qui vend des éplucheurs de patates.

    Flannery14.jpg- Apparaît le jeune Enoch à la figure de renard.

    - Et e grand aveugle cadavéreux à l'air de mandrill grimaçant, suivi de la peune fille.

    - Les deux distrubuent des prospectus.

    Le camelot les engueule pour concurrence.

    - Un attroupement vociférent d'où fusent des "salauds d'étrangers !" ou "bandes de communistes !".

    - A relever le développment à la fois chorégraphique et cinématographique de la mise en scène.

    - Enoch dit qu'il a 18 ans et qu'il travaille au jardin zoologique. Raconte son expérience dans un groupe évangéliste. Se dit seul et en quête d'un ami.

    - Hazel n'en a que faire.

    - Remarque que Hazel ne rit jamais.

    - Hazel poursuit l'aveugle et la jeune fille.

     - L'aveugle lui dit que son haleine pue le péché.

    - Flash back sur une histoire de fête foraine où fut exhibée une pute.

    - Son père gueulait dans le public,

    - De retour vers sa mère, s'est senti très coupable.

    - Le regard de sa mère évoque celui de Yahweh dans la Bible.

    - Il s'est puni en remplissant ses chaussures de cailloux...,

     

    Chapitre IV

    - Hazel cherche une voiture à bas prix. Ladite voiture jouera un rôle important...

    - Se flatte d'avoir fait du chemin depuis qu'il croyait en quelque chose.

    Enoch prétend que son père le scieur de long a exactement la dégaine de Jésus.

    - N'a jamais connu sa mère.

    La jeune fille raconte la terrifiante histoire du bébé pendu dans la cheminée (p.88).

    Cette enfant n'est pas si enfant que ça... dans le film c'est carrément une jeune miss...

    Quand Hawks évoque les péchés de Hazel, celui dit qu'il n'y croit pas.

    - Affirme qu'il va précher l'Eflise sans Jésus crucifié.

    Enoch lui colle aux basques  en lui racontant son histoire.

    Se retrouvent ensuite àé la porte de la pure. Ce qu'Enoch prend mal, comme s'il était jaloux. Etrange personnage...

    - Prétend que c'est lui qui a la sagesse dans le sang.

    - Hazel lui jette un paquet de prospectus à la figure.

     

    Chapitre V

    - Avec Enoch au City Forest Park.

    - Où Enoch est employé.

    - Il doit lui montrer quelque chose.

    - Le jeune homme mate les femmes de la piscine. Mal vu.

    - Mate aussi les singes.

    - Une espèce de magie obscure plombe la scène.

    - Magie à caractère érotique.

    - Enoch emmène Hazel au Museum.

    - L'amène devant le cercueil de l'homme réduit.

    - Pas seulement la têet comme les jivaros mais tout le corps, par des Arabes...

    - Passage le plus énigmatique du roman (pp. 114-115).

    Chapitre VI

    - Hazel retrouve la trace de l'aveugle.

    - Loue une chambre dans la même maison.

    - Se met à prêcher devant un cinéma.

    - "Jésus était un menteur, ya qu'ça de vrai".

    Il va trouver Hawks, qui le chasse.

    On constate ensuite que l'aveugle ne l'est pas...

    - Hawks insulte lui aussi Dieu et Jésus.

    - Sa fille dit qu'elle veut Hazel.

    - Celui-ci s'impatiente de la "déshonorer".

    - Pour en remontrer à Hawks.

    - S'achète un nouveauu chapeau.

    - Aussi affreux que l'ancien.

    - Hawks révèle à Hazel comment il s'est aveuglé.

    - Hazel découvre la vérité sur d'anciennes coupures de journaux. (p.122)

    - Il y a de la forme de la parabole dans ces séquences. Où la voiture joue aussi son rôle...

    - Que signifie donc ce nom de Dieu de nom de Dieu, se demande-t-on à tout moment...

     

    Chapitre VII

    - Le lendemain, ayant récupéré sa voiture, il décovre soudain la jeune fille à l'arrière.

    - Elle lui dit s'appelker Sabbath.

    - Prétend être une b'atarde de Hawks.

    - Hazel le prend tout de suite mal.

    - Elle lui dit qu'elle veut "l'sauver", vu qu'elle a Jésus dans son coeur.

    - Puis elle compare la voiture à "du miel"...

     

    Chapitre VIII

    - Où il est question du sang d'Enoch.

    - "Son sang était la partie la plus sensible de lui-même"...

    - Et son sang écrit le mot "damnation" dans son corps.

    - Une espèce de savoir obscur qui le dépasse.

    - Flannery affirme apprécier les contes comiques de Poe plus que tout.

     

    Chapitre IX 

    - Hazel harcèle Hawks qui le rembarre chaque fois.

    - Comme une histoire d'ombres qui se courent après.

    - Comme des aspirants disciples prressés de se damner.

    - Il est question de ce disciple d'un soir que Hazel a emmené chez la pute.

    - Et qui s'en repent après avoir pris son plaisir, au contraire de Hazel.

    - Hazel ne croit pas au péché.

    - Tandis que son disciple, catholique fervent, y croit et y retournera vite fait.

    - Apparaît ensuite LE disciple.

    - Que Hazel va tout de suite détester.

    - Un certain Onnie Jay Holy, comme il se fait appeler.

     - Qui entend monnayer la nouvelle Eglise.

    - Ce à quoi Hazel s'oppose.

    - Le malin lui dit qu'il faut pas sortir de la religion pour réussir dans la religion.

    - Onnie lui avoue s'appeler Hoover Shoats.

    - Hazel le chasse violemment.

    - Puis il va fracturer la porte de Hawks.

    - Qui le surprend et le chasse.

    - Comme un maître occulte qui rejette son disciple...

     

    Chapitre X

    - Affirme que la vérité n'existe pas.

    - Que la conscience c'est de la blague.

    - Puis il avise un nouveaui prêcheur sur la rue, coaché par Shoats. Son sosie !

    - Une bonne dame les prend pour de sjumeaux. Il en est furieux.

    - Retrouve ensuite Sabbath. Qui lui dit que Hawks, pur escroc, a fichu le camp.

     

    Chapitre XI

    - Apparaît un type déguisé en Hazel, qui n'est autre qu'Enoch.

    - Se rend chez Hazel avec un étrange colis, qui n'est autre que l'homme séché et rétréci, son "nouveau Jésus" qu'il veut remettre à Hazel pour le compromettre.

    - Se retrouve ensuite dans la queu des enfants qui viennent serrer la patte au gorille.

    - Ce sera la main qu'il serre dans cette ville maudite.

    - En se présentant au gorille, celui-ci, un homme déguisé, lui dit d'aller se faire foutre...

     

    Chapitre XII

    - Enoch espère des avantages du nouveau Jésus.

    - "Il voullait être le jeune homme d'avenir tel qu'on le voit dans les publicités de conpagnies d'assurances".

    Puis il se fabrique une espèce de sceptre-matraque au moyen d'un parapluie déchiqueté.

    Plus tard il revient au camion du gorile, dans lequel il s'introduit.

    Le lendemain, il en sort en rase campagne et disparaît avec le costume de gorille.

    - Il le revêt après avoir enterré ses vêtements.

    - Change de peau, littéralement.

    - Devenu gorille il va encore terrifier deux jeunes amoureux avant de filer dans la nature.

    - Le grotesque tient la coup. On y croit.

    Chapitre XIII

    Le Prophète de remplacement engagé par Hoover Shoats est sans malice, et tuberculeux.

    Ce sera son gagne-pain.

    - Prêchant sur la rue, au lieu habituel de Hazel, il ne voit pas que celui-ci l'épie.

    - Et le suit ensuite en voiture.

    - Et le force à s'arrêter. Et l'agresse. Le force à sortir de la voiture.

    - Et lui fonce dessus. Le force à se déshabiller. Le poursuit toujours. Et l'écrase à mort.

    Le pauvre type demande pardon et à Jésus et se saignant sur la route...

    - C'est d'une violence qui ne se ressent même pas, tant elle se passe sans effet.

    - Le lendemain, comme si de rien n'était, Hazel veut partir en voyage.

    - Il passe d'abord, où le jeune mécano lui dit que son Essex ne vaut plus un clou.

    - Puis il est arrêté par un policier.

    - Qui finit par fracasser ce qui reste de la voiture.

    - Après quoi Hazel achète de la chaux vive et rentre chez lui afin de s'aveugler, coimme il le dit à sa logeuse.

    - Et il le fait. (p.176).

     

       Chapitre XIV

    - La logeuse ne comprend pas qu'il ait fait ça, alors qu'il est encore jeune et que la vie a du bon.

    - L'aveugle restera là. Elle voudrait le comprendre, peut-être l'aider.

    - Mais elle a de la peine à se faire à cette espèce de mort-vivant sinistre aux "horreurs" à la place des yeux.

    - Elle constate que ses chaussures sont pleines de cailloux.

    - "Pour payer", explique-t-il.

    - Il dit aussi: "Si vos yeux n'ont pa sde fond, ils peuvent voir davantage"... (p.183)

    - Elle choisit de s'occuper de lui, ce qu'il ne veut pas.

    - Elle le surprend avec trois rangs de fil de fer barbelé autour du torse, sous sa chemise.

    - Elle troiuve ça pas bien. Lui propose de l'épouser.

    - Alors il s'en va et disparaît, malgé ses jérémiades.

    - Comme il fait mauvais temps et que c'est l'hiver, il n'ira pas loin.

    - Les flics le retrouvent dans un fossé, à moitié mort.

    - Ils le ramassent et il crève pendant le transport.

    - Elle lui dit: "J'savais bien que vous revienriez".

    - Et c'est la fin de cet étrange et fascinant roman.

    - Que je dirais bonnement: envoûtant. Et crypté comme l'était Monsieur Ouine de Bernanos.

    - En plus violent et riche d'innombrables composantes sociales, psychologiques et spirituelles.

    - À reprendre et reprendre et décrypter.

     

    Le Malin, de John Huston. Fim tiré de Wise Blood, en 1979.

    - Contre toute attente, le film de John Huston est plutôt réussi.

    - Nettement plus compréhensible, à vrai dire, que le roman au premier regard

    - Le personage de Hazel est amirablement campé, dans sa fureur hagarde, par Brad Durif, Dans le rôle de Hawks, Harry Dean Stanton est également convaincant, der même que le jeune Enoch roux à tête de renard et John Huston lui-même dans le rôle du grand-père terrible.

    - Curieusement, le scénario du film indique que Hazel aurait été blessé à la guerre à une partie "honteuse" de son corps. C'est dit nulle part dans le roman. Est-on censé envisager une impuissance sexuelle chez le jeune homme ? Rien nen est dit par Flannery et le détail n'ajoute rien au personnage, plutôt frigide qu'impuissant.

    - Le décor du bled du Tennessee dans les années années 50 est formidable.

    Le DVD du Malin existant inclut d'excellents suppléments, dont un entretien de John Huston avec Michel Ciment. 

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    À suivre: Les braves gens ne courent pas les rues. Nouvelles, 1955.

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  • Icare

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    ...C’est au lendemain pile du 11 septembre que L’Entreprise a véritablement décollé, avec tout le Top-Team nous nous sommes sentis des ailes, on faisait des parties de squash infernales pour se détendre puis on remontait dans les bureaux, on pouvait y passer des nuits à faire valser les millions, tu peux pas t’imaginer ce que ça a été de s’envoler comme ça, c’était la revanche après Ground Zero, et toi aussi tu seras un Winner, fils, c’est pour ça que t’as des ailes… 

    Image: Philip Seelen.

  • SMS

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    … Je ne sais pas comment te le dire mais j’ai le sentiment d’être tellement légère en pensant à toi, je marcherais sur les rivières pour te revenir d’un lac à l’autre en passant par les glaciers dont l’eau des crevasses est du même bleu blanc sableux que tes yeux de noiraud mal rasé, tu es à la fois mon arbre et le creux dans lequel j’aime à me lover pour te dire des trucs à l’oreille, mais là faut que je te quitte, j’ai moins le temps que le lac, je la fais hyper-court : LOVE U +++ Je T’M…

    Image: Philip Seelen

  • Polysémie

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    … La récurrence des motifs symboliques du Faucon et de la Main, dans les derniers collages d’Alusane, nous interpelle d’autant plus que la rupture du père et de la mère est survenue au retour du dernier pèlerinage de celui-là, dont on sait le goût pour Le Voyage des oiseaux, et nous allons donc nous demander en quoi ces Figures (La Main, L’Oiseau, le Pèlerin) font sens, mais dans l’immédiat j’aimerais que nous investiguions sur l’insistance avec laquelle Sofia rappelle que le jeune Nigérian l’a griffée et mordue lors de leur dernier entretien, qui risque de nous faire dévier de la Voie suivie par notre groupe de Psycho/Poétique dont la revue Polyèdre latent, je vous le rappelle, vient de saluer les avancées au niveau de l'approche de l'Ailleurs…

    Image: Philip Seelen.

  • Déclaration

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    …Moi j’aime Paris, j’veux dire : les rues de Paris, les maisons de Paris, le blanc des murs des maisons de cinq étages de Paris, et les femmes de Paris : j’veux dire les jambes des femmes de Paris qui sont plus fermes de se faire tous les jours les escaliers des cinq étages des chambres de bonnes de Paris, voilà ce que j’veux dire quand j’te dis que j’aime Paris…

    Image : Philip Seelen

  • Obsession

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    …Je ne sais pas à quoi vous pensez, Monsieur Lelouf, votre façon de me regarder ne me semble pas appropriée, voyez-vous, n'oubliez pas que votre condition de retraité de l’Etat vous oblige à certaine discrétion et d’autant que je vais moi-même sur mes trente-sept ans de service en qualité de caissière à La Vie assurée…  

     

    Image : Philip Seelen

  • Ceux dont la joie irradie

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    Celui qui se guide aux couleurs filtrant encore dans le brouillard de sa cécité / Celle qui veille derrière la porte bleue / Ceux qui se rapellent les parties d’échecs de légende / Celui qui refuse de se croire important / Celle dont l’absence est ressentie / Ceux qui aiment l’or rouge du thé Assam / Celui qui s’introduit de nuit dans le bureau du directeur pour téléphoner aux ambassades arabes du monde entier par manière de vengeance / Celle qui commande un lieu noir au maître d’hôtel à babines de prédateur sexuel / Ceux qui s’aiment dans l’hôtel en ruines / Celui qui remet d’aplomb ses lunettes à la mode avant de dire à son fils qu’il n’est qu’un perdant / Celle qui découvre une chauve-souris dans sa chambre de jeune mariée / Ceux qui sont sûrs que le Seigneur en fera voir aux méchants / Celui qui soigne la calligraphie des lettres d’injures que par principe il n’envoie jamais / Celle qui affirme ne vouloir pas vivre dans un monde sans cathédrales / Ceux que révulsent la monotonie et la raideur des uniformes / Celui qui aime voir les gens prier / Celle qui boit les paroles du prêtre andalou / Ceux qui résistent à la dictature des slogans / Celui qui aime la force poétique de l’Ecriture sainte / Celle qui hait la cruauté de l’Ecriture sainte / Ceux que leur infatuation n’empêche pas de se prosterner devant un Dieu qu’ils imaginent botté et casqué / Celui qui se rebelle au nom de la joie de penser / Celle que son allégresse préserve de la cruauté de son confesseur / Ceux qui pèsent les mots sur une balance sans mesures inscrites / Celui qui reste fidèle à sa fidélité / Celle qui estime qu’une vie immortelle serait d’un ennui mortel / Ceux dont la joie irradie le vitrail du monde, etc.

    JLK, Première neige sur l'arrière pays. Aquarelle, 2005.

  • Fashion victime

     

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    …Déjà que Jean-Patrice m’enfonce le manche de son couteau de chasse  dans l’oeil pour le numéro de mars, alors que j’avais trois castings hyper-importants dans la foulée, fallait quand même vachement assurer par rapport à ma Top Position, et j’te dis pas les séquelles que ça risque d’entraîner sur la cornée du cristallin et tout le bazar, mais là, le plan du numéro d’avril où je me fais couper la fesse, je veux bien qu’on m’ait endormie et que je n'ai eu vraiment mal mal mal qu’au réveil, mais maintenant faut que l’Agence passe à la caisse : je vais pas me laisser bouffer le cul comme ça - ou alors c'est carrément le Syndicat...  

    Image : Philip Seelen  

  • Un bon Aryen

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    …Et vous célébrez ce Darwin, cet Anglais à pilosité grave, qui prétend que nous descendons de ça, mais nous avez-vous regardés, voyez-vous le moindre lien entre ce faciès et nos fringantes figures, percevez-vous la moindre parenté entre cette créature tremblant visiblement de nous voir et notre allure allante, nos fiers yeux bleus, notre profil grec et nos mensurations romaines – et le Surhomme alors, de qui descendra-t-il, à votre avis ?
    Image : Philip Seelen

  • Nostalgie

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    … On dirait des larmes dans la brume de mémoire, on dirait Venise ou Florence mais c’est tellement plus dans nos souvenirs, genre Quartier latin de province, on dirait un palais comme à Pérouse mais c’est pas tant ça: ça c’était juste l’Université alors que ça se passait derrière, dans le bourg genre Montmartre avec les trappes d’étudiants et les bars à la Vian, les librairies et la bohème sous les toits, l’envie de se flinguer tous les soirs d’amour incertain - de dieu ce que c’était bien…
    Image : Philip Seelen

  • Prise de tête

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    …Quand je dis: ce que je sais, ou quand je dis: c’est la vie qui veut ça, tu crois que j’ai pas réfléchi, tu me prends pour un blaireau ou quoi ? Je dis: c’est pas facile, ou je dis:  c’est fini Miss Molly, alors tu crois qu’elle va s’en tirer la meuf ? Non non non : une fois que j’ai donné j’ai trop de peine, alors je construis des murs autour et j’ai le cœur fermé…

    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui freinent à la montée


    Pour mon ami dit le GrecoPanopticon1035.jpg


    Celui qui s’affaire à promouvoir la décréation / Celle dont les collègues fleuristes disent qu’elle se prend pour Picasso avec ses collages abstraits dont la première expo a fait un tabac / Ceux qui t’ont toujours dit que tu écrivais trop / Celui qui ne comprend pas que son fils Ewald perde son temps à lire alors qu’il y a tant à faire au niveau des produits structurés / Celle qu’on dit l’Inquisiteur de la faculté des lettres en matière de rigueur scientifique et d’exclusion des éléments douteux / Ceux qui voient d’un mauvais œil la tradition de mécénat (à perte) établie dans leur belle-famille qui les obligent aux Assemblées générales à fréquenter des artistes le plus souvent adultères ou drogués / Celui qui s’est battu comme Don Quichotte contre ceux que son génie architectural dérangeait et qui les nargue aujourd’hui dans son cercueil de verre translucide tandis que retentit le discours de Malraux à la mèche rebelle / Celle qui a tout fait pour éloigner sa filleule Priscilla des milieux médiatiques qui ont célébré son premier roman mais dont on connaît les mœurs dissolues / Ceux que la découverte d’un nouveau talent consterne à tout coup / Celui qui sape tout ce qui se fait dans son Service qui pourrait échapper à sa gouverne de crypto-scientologue / Celle qui s’en remet aveuglément à la Vision Totale de Ron Hubbard pour la gestion de son mental et de son héritage / Ceux qui estiment que le Goncourt à une métisse et le Médicis à un créole constituent un mauvais exemple pour les nettoyeuses et nettoyeurs de l’Entreprise qui pourraient avoir envie d’écrire / Celui qui écrit à Beigbeder pour lui demander sa recette après qu’il a dit à la télé qu’écrire permettait de gagner un max de thune / Celle que les dames du Groupe Tricot de la paroisse des Oiseaux critiquent pour le sacrifice qu’elle a consenti afin de soutenir la carrière de son fils Eusèbe dont le prétendu génie musical a été célébré par l’ancien pasteur Enderlin qui vit maintenant paraît-il avec un Tamoul non mais vous vous rendez compte / Ceux qui déplorent qu’il n’y ait pas de prix Nobel de la chasteté dans les pays comme l’Afrique, etc.


    (Ces notes ont été jetées en marge de la lecture de Saga Le Corbusier, remarquable roman de Nicolas Verdan qui vient de paraître chez Bernard Campiche et ressaisit la cohérence profonde d’une vocation créatrice dont la flèche traverse le chaos de tous les désirs, de toutes le curiosités et de tout ce qui obstrue la bonne lumière du jour…)

    Image: Philip Seelen

  • Le Pari du Parti

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    …Donc là t’as vraiment la signalétique qu’on voudrait donner pour la nouvelle promo du Parti, à gauche t’as la lumière, j’veux dire: le réverbère c'est clairement la possibilité de la lumière, le changement possible si le Parti fait enfin passer le courant, tandis qu’à droite, j'te fais pas un dessin, t’as carrément le signal du retour en arrière, j’veux dire: la droite, quoi…
    Image : Philip Seelen

  • Classe moyenne

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    …Ce qui distingue essentiellement l’Europe des années De Gaulle-Adenauer-Derrick de la génération mondialisée Brad Depp, c’est l’esthétique du pyjama et du caleçon de coton, chez les garçons, ainsi remarque-t-on un clivage profond entre le Gallois ou le Danois ou le Finnois ou le Viennois ou le Genevois ou le Bâlois ou le Cannois ou le Chinois de 53 ans et leurs fils de 13 à 33 ans dont il est exclu de penser qu’ils vont se présenter à leur premier flirt dans cet appareil bleu pâle ou blanc bandemou  leur serrant le sac comme une gaine à l’ancienne genre Scandale - d’ailleurs c’est vite dit : tu en restes à Calida, tu abdiques, t'es fini: t’es pour ainsi dire le blaireau bon à jeter…
    Image : Philip Seelen.

  • Vice et versa

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    …Donc le fils vient me voir au champ avec le journal et me dit : tu vois, le père, c’est marqué : y font carotte avec les moutons, et pourquoi c’est-y que tu ferais pas carotte avec la chèvre, mais te trompe pas de côté, alors je fais carotte à Pirouette et ça me manque pas, c’est pas pour rien qu’on la appelée comme ça - et la chèvre qui mord, vingt dieux, y a que la carotte qui sait ce que c’est…

    Image : Philip Seelen

  • In Memoriam

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    …Sans doute notre trisaïeul eût-il préféré l’Académie, mais vous savez ce que sont les embûches de la Voie Royale, et les jalousies que soulevait alors un authentique  Prince  de l’alexandrin, son Journal en témoigne d’ailleurs à mots couverts quand il y est noté, jour après jour, qu’Orphée souffre - or cela ne méritait pas, par devoir de mémoire et reconnaissance cantonale, que nous lui fassions couler un bronze ?...

    Image : Philip Seelen   

  • Ceux qui intriguent

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    Celui qui a tout fait pour que son ex accède au poste de cheffe de bureau en sachant qu’elle ne ferait pas le poids et qu’elle serait donc remplacée par son actuelle / Celle qui a déjoué le piège de son ex en révélant à son actuelle sa véritable orientation sexuelle / Ceux qui se racontent la story de l’actuaire du bureau trompé par son actuelle avec son ex et le taxant de candeur de communiant juste bon à faire du squash avec les cadres de l’Entreprise / Celui qui a la passion des embrouilles qui s’accentue à la période des Fêtes / Celle qui se coupe à chaque fois qu’elle fomente plusieurs complots à la fois au risque de ne plus s’y retrouver sans tenir à jour son Journal de Vengeance / Ceux qui dans la série Dallas ont toujours pris le parti de Junior et ont continué de soutenir Larry Hagman quand il a eu sa crise d’alcoolisme dont il est heureusement ressorti avec l’aide des AA jusqu’à la remontée méritoire de la série Nip / Tuck / Celui qui ne sait plus qui flatter dans cette société pourrie-gâtée qui n’a plus d’éthique / Celle qui fait circuler la rumeur selon laquelle elle entrera au couvent des taiseuses si elle n’obtient pas le poste de caissière de la paroisse catholique des Oiseaux / Ceux qui ont juré de moraliser le racket dans les réseaux de lycéens pleins aux as / Celui qui estime que le meilleur moyen de scier le groupe de rap Fuck Mozart est de débaucher la star de Shut up Beethoven, etc.
    Image: Philip Seelen

  • Gestes de kids

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    Il y en a qui croient que l’amour c'est facile à cet âge, mais c’est n’importe quoi. En tout cas dans le rêve c'est pas le rêve. Les corps sont élastiques et légers comme plus jamais après, et ce pourrait être si bon l’amour seulement physique à cet âge, rien que la peau, rien que les parfums nature, et la vigueur et la saveur de la première fois recommencée du matin au soir...

    Mais il est devant elle comme un sac, et ce qu’il lui dit est tellement à côté qu’elle ne peut se retenir de se marrer. Il n’y a qu’à la danse qu’il la fait taire quand il se presse contre elle et qu’elle le sent tout près, mais ce qui suit est forcément décevant d’un côté ou de l’autre, parce que ça va forcément trop loin ou pas assez.
    Ils se sont quand même promis de se retrouver seuls dans la chambre de sa soeur à elle, le mardi quand il n’y a personne. Il a dit à ses copains que cette fois il la tirait vite fait, mais il a peur de ne pas être à la hauteur au moment où; surtout qu'il y a quelque chose qui ne lui revient pas tout à fait chez elle, il ne sait vraiment pas quoi, c'est à fleur de peau, même si elle l'a vraiment super douce. Tandis qu'elle, c'est son odeur qui la rebute, tout en l'attirant, son odeur de linge moite et de chewing gum. Bref, j'veux dire, c'est compliqué, la vie ado dans le quartier, tu vois ce que j'veux dire - tu m'reçois ou quoi  ?  

  • Dernier shoot

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    … Tu jurerais qu’elle dort, tu te l’imagines aux anges, tout apaisée, toute sereine sous son chapeau de paille, mais c’est rien que pour la photo : ce matin elle s’est fait résilier son contrat par Pat qui la trouve trop lisse et trop chère, alors voilà je te dis que ça: Nadia c’est la vraie pro…
    Image : Philip Seelen

  • Le Monsieur

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    …Mais oui Pilou, va vers le Monsieur, l’est gentil le Monsieur, l’est pas comme ceux qu’on t’a dit, le Monsieur, l’est pas vilain, le Monsieur, l'a dit laissez venir à moi les petits filous, le Monsieur, donc t'en fais pas: tu lui prends la main et tu lui dis : bonjour gentil Monsieur…
    Image : Philip Seelen

  • Les Rothko

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    … Tu dis quoi ? T’es sûre ? Attends, t’es sûre que c’en est? T’as vu la signature ? Tu crois que ça peut se trouver que ça se trouve dans le métro ? Moi je croyais que c’était rouge ou orange… T’as vu les affiches chez Léa ? Et dans la salle de bain de Fabien t’en as un, et dans le salon des Larguier, et sur le blog de Tiziana : ils sont tous rouge ou orange ou alors avec des dégradés… Tu crois que c’est l’influence de Carla sur Sarko – alors là, si c’est le cas, le nouveau ministre, on l’a, mais traîne pas, chérie, y a du bourrage à Châtelet  !

    Image : Philip Seelen  

  • Superwoman

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    …En fait on a toujours pressenti Samantha pour le poste de leader des  consultantes du Brain Tank de l’Entreprise, et le fait que son look soit à la fois old-fashioned et flashy n’y est pas pour rien - avis à celles qui se sapent Trash…

    Image : Philip Seelen

  • Spéculations

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    …Théophraste Cambremer, Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Instruction publique et Correspondant de l’Institut, ça te dit quelque chose toi qui a de l’instruction ? Il écrivait, d'après sa plume, mais c’est rien marqué. Il a l’air de réfléchir. Tu trouves qu’il a l’air d’un philosophe ? Pas trop sévère ? Pas plutôt un pasteur ? Ah, y a une citation effacée : « L’atome n’est qu’un concept ». Et là ses dates : 1879-1905; ça fait jeune malgré la barbe. Et tu crois qu’on avait déjà découvert l’atome avant 14-18 ?
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui vivent simplement

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    Celui qui offre du rouge à lèvres Atomic à sa nouvelle passade bègue / Celle qui fait ses cumulets derrière le remblai de la voie ferrée / Ceux qui vont tantôt à voile et tantôt à vapeur sur le Canal Jaune / Celui qu’on appelle Jésus pour sa barbe et les sandales qu’il porte même l’hiver / Celle qui va mettre un terme à la carrière de malfaiteur familial de son oncle Brutus / Ceux qui espèrent toujours cultiver des orangers dans le Borinage / Celui que la demeurée du quartier des Oiseaux appelait son Prince Brandon / Celle qui fugue en rêve sur le Tramway des Prés désaffecté en 1953 / Ceux qui prétendent que les pauvres sont souvent sots et les riches toujours malins / Celui qui surgit en soutane à la douche des pubères et se réjouit secrètement d’avoir à châtier les gestes pécheurs au moyen de son fouet à neuf queues / Celle qui traverse la rue pour ne pas avoir à saluer sa mère / Ceux qui se croient quittes de tout respect humain parce qu’il sont sûrs de détenir la Vérité / Celui qui estime qu’il faut avoir de l’imagination mais pas trop / Celle qui parle du Grand Shakespeare sans en avoir jamais lu une ligne ni vu aucune pièce / Ceux qui sont convaincu d’avoir écrit LE roman de la rentrée / Celui qui s’identifie à l’Homme des bois / Celle qui se veut l’Antigone du groupe lesbien de la banlieue de Mons / Ceux qui lèchent la main de celui qui n’ose pas les frapper à cause des nouvelles Conventions de Genève / Celle qui t’a raconté les légendes de la Suisse profonde / Ceux qui se demandent si le dépôt de bilan de la General Motors aura une incidence sur le service après-vente de leur Opel Rekord / Celui qui regrette les hivers de Brueghel l’Ancien et compagnie / Celle qui se rend à grandes enjambées à la Kermesse aux boudins / Ceux qui perçoivent en eux le Combat des Extrêmes, etc.
    Image : Philip Seelen

  • L'amérique dantesque de James Ellroy

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    Le maître du thriller socio-politique clôt sa trilogie historico-panique avec Underworld USA, saga de plus de 800 pages poussées au noir.

    Annoncé comme un « événement littéraire» par son éditeur, le dernier roman de James Ellroy s’ouvre, en force, par une séquence carabinée alignant sept cadavres en trois pages. Minutés et transcrits sous la forme de sèches phrases de rapport de police, mais illico rythmées et ciselées « jazzy» par le romancier-styliste, les faits relatent un braquage d’enfer qui donne aussitôt le ton. Le 24 février 1964, à 7h. 16 du matin, un camion laitier percute un fourgon blindé de la Wells Fargo contenant seize sacs de papier (monnaie) et quatre mallettes pleines d’émeraude. Violence et trahison : l’un des braqueurs prend la fuite après avoir « explosé » et cramé ses complices. Surgit alors  le chasseur qui « arrive toujours le premier » : Scotty Bennett, qu’on retrouvera, c’est promis, comme on retrouve divers premiers ou seconds couteaux des deux volets précédents  de la trilogie (American Tabloid et American Death Trip), violents et traîtres de tous les bords, mafieux et flics ripoux, sans compter les  « grands » de ce monde non moins pourris, du sinistre J. Edgar Hoover (patron du FBI en fin de règne)  au milliardaire vampire camé Howard Hughes, en passant par un certain Richard Nixon…
     « Ce livre est construit sur des documents publics détournés et des journaux intimes dérobés », avertit le narrateur, double voyeur et truqueur de l’auteur (violence et trahison de la fiction) qui invoque la somme de son « aventure personnelle » (à commencer par sa mère assassinée quand il avait treize ans) et de « quarante années d’études approfondies».
    Du polar reflétant l’histoire contemporaine de son pays, comme dans Le Grand nulle part ou Le Dahlia noir, voici l’Histoire avec une grand hache tissant elle-même l’intrigue d’une conspiration :   « La véracité pure des textes sacrés et un contenu du niveau des feuilles à scandale »…
    Monstrueux labyrinthe ruisselant de sang et retentissant de bruit et de fureur, Underworld USA, variante de l’Enfer de Dante,  évoque la face sombre des années Peace and Love, suite funèbre de tragédies amorcées en novembre 1963  par le « Grand Moment » de l’assassinat de JFK, véritable « tournant de l’histoire », premier des complots qui virent ensuite la mort de Martin « Lucifer » King, selon le mot de l’affreux Hoover, et celle de Bob Kennedy, en avril et en juin 1968, jusqu’à la réélection de Nixon en 1972.
    A la sarabande « historique » des psychopathes du pouvoir politique et financier et des mafieux de haute volée (tels Santos Trafficante, Carlos Marcello ou Sam Giancana) se mêle une nuée d’intrigues aux personnages souvent aussi intéressants que les premiers, tels le jeune détective privé Don Crutchfield, l’agent Dwight Holly, « bras armé de la loi » et instrument des crimes de Hoover, Marsh le génie noir de l’infiltration, ou Joan Rosen Klein  la militante charismatique,  dite la Déesse rouge.
    Du sabotage de la campagne de Humphrey par les sbires de Nixon avec l’accord du FBI, à la déstabilisation des mouvements d’émancipation noirs, du financement des attentats d’extrême-droite à Cuba par le trafic d’héroïne, au soutien d’une paradis mafieux en République dominicaine, tout y passe et nous en passons : violence et trahison. 
    LireEllroy.JPGJames Ellroy. Underworld USA.  Traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias. Rivages/Thriller - 840 p.
     
    La parano du romancier
    L’œuvre de James Ellroy, magistral conteur (storyteller, comme on dit en v.o.)  du roman noir américain, est-elle comparable à celle d’un William Faulkner, ainsi que le suggère son éditeur français François Guérif ? Tel n’est pas notre sentiment, si l’on veut bien admettre que le remarquer ne procède pas d’un élitisme exclusif. Cependant, de la poésie universelle de Faulkner, dont la frise des personnages et des grands thèmes ne cessent de nous hanter et de nous poser des questions essentielles, à l’univers plombé de l’auteur d’Un tueur sur la route, de L.A. Confidential ou de l’inoubliable Ma part d’ombre (tragédie fondatrice marquée par l’assassinat de sa mère), entre autres titres, il nous semble y avoir un saut qualitatif notable, notamment lié aux standards restrictifs propres au genre du thriller. Inversement, l’on pourrait dire que Dostoïevski est un «storyteller » brouillon en dépit de son indépassable génie.
    Or ce qui frappe, dans l’œuvre d’Ellroy, est que c’est en conteur « visionnaire » qu’il exprime le mieux « son » Amérique, plus qu’en chroniqueur achoppant aux faits « réels ». On peut comprendre évidemment, du fait de son « vécu », sa vision paranoïaque des States, qui semblent livrés aux seules forces du mal. Mais comment ne pas voir que c’est dans la fiction pure qu’il est le plus « vrai » ? À cet égard, la trilogie d’Underworld nous en apprend plus sur la parano du romancier que sur la « véracité » revendiquée de son Amérique…

    Ces articles ont paru dans l'édition de 24 Heures du 9 janvier 2009.

  • Ceux qui faussent la donne

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    Celui dont l’excessive bonté constitue un danger réel pour l’efficacité de l’Entrerprise / Celle dont on se demande ce qu’elle fait aux lieux où elle s’attarde de plus en plus longtemps et revient avec des yeux hagards signalant peut-être une Rencontre d’ordre mystique allez savoir avec une fille de pope / Ceux qui gênent leurs supérieurs avec leur façon de parler de leur vécu privé / Celui se sent de moins en moins l’incarnation typique du jeune homme d’avenir tel que le représentent les pubs de banques de crédit / Celle qui montre soudain un goût dispendieux pour les cactées rares au dam de son tuteur Anicet / Ceux qui suivent des cours particuliers pour réintégrer le troupeau sexuel / Celui qui s’inscrit au Club de Sculpture humaine dont les membres s’oignent le corps afin de se photographier en slip minimum pour leur revue sur papier glacé / Celle qui tricote des bonnets uniformes pour ses cinq fils tous bons skieurs de fond et croyants mais plus tant pratiquants à cause des concours / Ceux qui s’épilent rageusement depuis que leurs relations ont merdé avec l’Amicale des velus / Celui qui assume sa condition de meilleur indic du canton pratiquant l’infiltration tous azimuts / Celle qui pousse l’innocence jusqu’à ne pas voir se gausser ses camarades du catéchisme protestant qui lui trouvent un faciès de pourceau / Ceux qui font commerce de bons sentiments / Celle qui ne peut s’adresser à ses nouvelles majorettes sans aboyer comme un gardien de prison texan / Celle qui fredonne des airs légers en se fumant une clope devant l’ancienne léproserie transformée en club de rencontre pour AA. / Ceux qui font du curling le jour et pratiquent un peu d’échangisme le soir en croisant les équipes, etc.

    Image: Philip Seelen.

  • Ceux qui perdent pied

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    Celui qui voit s’effondrer ses grandes espérances à proportion de sa réussite / Celle qui n’est pas dupe des compliments de l’actuaire nympho / Ceux qui se liguent pour enfoncer le rival du fils du Patron dont l’incompétence est aussi notoire que le népotisme de son vieux / Celui qui s’est branché libertinage en dépit de son manque total de concentration à l’exercice / Celle qui drague les recalés des concours de piano dont elle sait l’énergie compulsive au lit et en cuisine / Ceux qui se font des plans de confession collective en visioconférence avec promesses de versements à l’Association / Celui qui voyage moins depuis qu’il a été reconnu Top Conscience de la nouvelle secte des emmurés / Celle qui n’est elle-même que sous morphine / Ceux qui se sont connus au Niacaragua mais préfèrent ne pas en reparler a brunch du nouveau chef du marketing / Celui qui se repasse du Bryan Adams en se rappelant le délicieux strabisme de sa fille Laura désormais très recherchée des agences italo-américaines qui l’appellent la Victoria Beckam du small-body / Celle qui remarque que Jean-Basile l’écouterait des heures lui parler de lui / Ceux qui vous disent qu’ils vous l‘avaient bien dit même quand ils ne le pensaient pas / Celui qui s’est fait à tout sans rien faire / Celle qui ne regarde pas à la dépense vu qu’elle n’en a pas les moyens / Ceux qui zappent les interactions positives en espérant le Best de fin de soirée tel qu’annoncé dans l’horoscope du premier décan, etc.
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui n’ont personne

    Celui que chaque réveil angoisse à mort / Celle qui a été répudiée par son clan / Ceux qui sont emmurés dans le puits KW307 / Celui qui perd la vue / Celle qui mange toujours à l’écart / Ceux qui ont renoncé à se parler / Celui qui ne serre plus de mains par hygiène / Celle qui lit le Coran dans le Greyhound entre Atlanta et Macon (Georgia) / Ceux qui préfèrent les rats aux tortues / Celui qui n’a qu’un couteau à lame unique / Celle qui se dit sans ombre / Ceux qui se dédoublent dans l’alcool / Celui qui se confie à son fils autiste / Celle qui fait l’ouverture du café Les Matinaux / Ceux qui ont la passion des cactées / Celui qui a donné le nom d’Adolf à son doberman / Celle qui s’oublie tous les matins dans la harpe / Ceux qui ont été exécutés sur la même chaise électrique / Celui qui écrit à sa mère chaque dimanche / Celle qui aime recevoir des colis de ses filles à la prison pour femmes de L. / Ceux qui se considèrent comme des produits jetables / Celui qui s’identifie au saint dont il porte le nom / Celle qui a exclu toute relation avec ces fumiers de mecs / Ceux qui s’estiment méconnus dans le canton d’Obwald / Celui qui jouait de la flûte dans le rêve de celle que ceux qui l’ont engagée exploitent comme c’est pas possible, etc.