Je ne me lasse pas, depuis des années et des années, de retrouver le soir, sur quelque chemin au bord du ciel, un vieux marcheur du nom de Gustave Thibon. Cette année-là, il avait passé 90 ans et il citait ce texte de Michel Foucault sur l'aveu: "Nous sommes devenus une société avouante... On avoue ses péchés, on avoue ses crimes... on avoue son passé et ses rêves... on s'emploie, avec la plus grande exactitude, à dire ce qu'il y a de plus difficile à dire...On avoue en priuvé et en public, à ses parents, à ses éducateurs, à son médecin... L'homme en Occident est devenu une bête avouante".
À quoi Gustave Thibon ajoutait: "La société devient ainsi un confessionnal de plein vent où l'aveu sans repentir tient lieu d'absolution. Il faut souligner la part d'exploration de l'inconscient dans ce dévoilement de l'âme. On a éliminé le mystère d'en haut; après quoi on a supprimé, en l'éclairant, le mystère d'en bas. Le ciel fermé et l'égout grand ouvert..."
Gustave Thibon. L'Illusion féconde. Fayard, 1995.