Afin de faire bon accueil aux Histoires cueillies pour Haïti
« Parfois la terre est si meurtrie / qu’y poussent seulement des cris », note Carole Zalberg dans Veillées d’âmes, sous le titre d’Un cauchemar, immédiatement suivi d’Un geste évoquant « la déclaration rêvée : /il s’approcherait de lui/ après des nuits et des nuits / à regarder sa solitude laide / et il dirait : « Je vous aide ».
Depuis le 20 janvier 2010, des nuits et des nuits ont passé, mais le cauchemar continue pour beaucoup, que le geste de ce livre à vingt voix voudrait conjurer à sa façon par des mots - ces pauvres mots, le meilleur de nous aussi, qui disent à leurs multiples façon la fraternité et l’espoir, le poids du monde et le chant du monde, comme d'un seul qui écrirait pour se faire le scribe de tous, selon la belle image d’Arnauld Pontier.
Le malheur frappe à l’aveugle et se mêle à toutes nos heures, et nous sommes frappés quand les autres le sont, au nom de la ressemblance humaine, mais celle-ci même veut que toutes les voix réunies ici fassent usages de toutes les couleurs de la parole humaine et pulsent à tous les rythmes, comme la syncope poétique de Garp scande que « l’horreur gronde ronge /trépigne et piétine / s’acharne sculpte et grave /L’Enfer à l’échelle de Richter », autant de voix de nos contrées ou de là-bas (avec JP Christophe Malitte qui ce 12 janvier-là se promenait « du côté de la caserne Dessalines ») tandis que Thierry Desaules rappelle qu’il y en aura pour tout le monde au Mégastore mondialisé entre Fashion Week et Suffering Week...
Dans la foulée d’un autre Jesus, Bernadette Marie-Orgeval retient « un cri dans la gorge », Mathieu Cupelin se demande ce qu’il arrivera au Petit Prince du port, tandis que Jean-Noël Sciarini nous remémore ce qui arriva un autre jour au petit Josue parmi les soldats, en cette même terre d’Haïti...
Ils sont, ainsi, une vingtaine à avoir répondu à l’invite de Jean-Noël Sciarini, précisément, pour la réalisation de ce recueil d'Histoires cueillies pour Haïti, dont les mots sont comme aiguisés par le drame à la fois lointain et proche, sans commisération larmoyante. Bref, le gest collectif est à partager maintenant plus largementl, pour les Haïtiens.
Histoires cueillies pour Haïti a été réalisé à l’enseigne de TheBookEdition.com., à l’initiative de Jean-Noël Sciarini. Y ont participé Ãnanda Safo / Carole Zalberg / Arnauld Pontier / Barbara Israël / Caroline Capossela / g@rp / JP Christopher Malitte / Maïa Brami / Jean-Louis Kuffer / Christine Féret-Fleury / Valérie Zenatti / Arnaud Huber / Thibaut de Saint-Pol / Rodolphe Massé / Thierry Desaules / Bernadette Marie-Orgeval / Mathieu Cupelin / Patrick Bénard / Jean-Noël Sciarini / Max Monnehay.
Le meilleur de moyen de commander l'ouvrage est de passer par ce lien :
http://www.thebookedition.com/histoires-cueillies-pour-haiti-collectif-p-33937.html
A partir de ce lien, la possibilité s'offre de commander l'ouvrage soit en PDF (téléchargeable directement sur son ordinateur), soit en version physique.
Commentaires
Bravo JLK pour cette évocation retenue de nos colères et de nos révoltes passées au filtre de nos mots respectifs et de nos vécus tous azimuts.
Nos frères souffrent. Nous souffrons pour eux. Seuls des poètes ou des jumeaux sont capables d'empathie.
Nous sommes les jumeaux poètes des Haïtiens, comme de tout ressemblant qui souffre. Jumeaux, nous avons mis leurs maux en paroles. Ecriveurs, nous les avons saupoudrées d'espoir. Parce que ne croire en rien, c'est mourir. Or un poète ne meurt pas tant que ses mots lui survivent. Puissent les nôtres répliquer aussi longtemps que les entrailles de la terre d'Haïti, au nom de ses sans-voix.
bernadette