Où JLK salue le talent soudain révélé de cette Lady L. dont il partage la vie depuis 27 ans et qui s'est mise à la peinture cet été. Ce que Ramuz eût sévèrement désapprouvé.
À La Désirade, ce mardi 28 juillet. - Très touché, comme par une espèce de grâce, de voir ma bonne amie se mettre à la peinture, et y réussir aussitôt, avec ce goût instinctif et très sûr qu’elle a toujours montré dans son approche de l’art ou de la littérature. Première huile sur toile : un parapluie vert. Elle travaille avec un tablier de jardinier. Pour enchaîner avec une nature morte que je trouve très vive, et un paysage dont je devrais être jaloux et qui me ravit plutôt, à l’opposé de l’affreux Ramuz qui, dès leur mariage, interdit à sa femme peintre d’exercer son art pour se concentrer sur des travaux plus typiquement féminins…
PS. La nature reproduite ci-contre est le premier essai pictural de Lady L. Les paysages reproduits ci-dessous évoquent les Préalpes savoyardes faisant face à La Désirade (Cornette de Bise et Grammont) et les dunes de Camperduin, aux Pays-Bas.
Commentaires
Ah bon, il était comme cela Ramuz? Mieux vaut parfois ne pas connaître la vie des auteurs et se contenter de leurs textes.
Ramuz n'a non seulement jamais voulu que sa femme, qui était peintre, peigne, mais en plus, il a interdit à sa fille d'y songer. C'est un textocrate!
Oh, les gars..Oh....Oh....les gars !
La femme de Ramuz, la femme de Ramuz....Mais ce qui nous est donné à savourer ici, c'est l'art de la bonne amie de JLK...Quels malotrus, quand même ! Je plaisante, hein, n'en prenez point ombrage...
Et c'est bien émouvant. Ma préférence va d'instinct aux fruits..Là haut...Il y a quelque chose, dans cette peinture, de Chauray (Né et enterré à Mauzé-sur-le Mignon d'où je viens, le Mauzé évoqué par "ce cochon de Morin" de Maupassant)...
Quelque chose de Chauray avec une pointe de mélancolie en plus, ce qui éloigne l'œuvre du réel, avec ce moins de lumière, de contre-jour que dans l'inspiration flamande.
Fraternité
Rectif :
Bien qu'habitant Mauzé, Jean-Claude Chauray était né à Rochefort...
Mais moi j'aime beaucoup cette peinture savoureuse et ces parapluies à la baleine clopinante. Il y a quelque chose d'onctueux dans ce que je vois. Et de très franc.
Merci, les machos, pour ces appréciations favorables à Notre Amie la Femme. Si vous aviez ma bonne amie sous les yeux pendant qu'elle fait sa peinture, vous seriez émus. Me rappelle mon papa qui faisait de la peinture sur porcelaine. Moi qui déteste le style artiste autant que le style écrivain, j'en suis tout chaviré. Et ce n'est qu'un début vous verrez... Quant à Ramuz c'était un immense écrivain, avec ce que ça peut représenter en matière de dommages collatéraux. La fille de Faulkner la veille de son anniversaire: Dad, vous me feriez le cadeau de ne pas vous souler la gueule demain ? Et le Dad: mais Darling, j'écris mon roman, je DOIS siffler ma Bottle de Bourbon, et ton anniversaire n'intéresse pas la Postérité postérieure...
Plus de deux heures que j'ai cette toile (Les Fruits) à l'écran, et je suis fascinée par la qualité de ce blanc, la liberté et l'espace qu'il donne à la couleur. La sérénité à regarder ces fruits éternels.
"Still life" disent les Anglais pour la "nature morte".
Quant aux parapluies, j'aime leurs ombres colorées et leur silhouette légère ; et les bleus, verts, gris, de ciels et de mers, des montagnes-paysages.
Pardon, chère Michèle de ne pas vous avoir déjà remerciée pour vos mots enthousiastiques sur Le viol de l'ange. Votre attention et votre générosité fait un bien fou en ces temps de repli sur soi et d'inattention généralisée - selon moi la peste de l'époque. L'attention est une forme du véritable amour, un aspect fondamental de l'amitié même occulte, qui peut s'exprimer par de vives critiques sans cesser d'être essentielle pour la relation. Merci aussi pour la dame aux parapluies, qui va nous étonner encore...
Jls
Oui, et bien, moi, je la connais la bonne amie de JLK. Une gentille dame qui prenait des leçons de peinture avec ma bonne amie, dans la véranda, à 80 mètres de précipice de la Désirade. Il faisait chaud. Elle était silencieuse, alors que ma bonne amie, elle, ne l'est que rarement, tellement elle babille, frétille et scintille quand elle distillait ses conseils. Tout cela était bien joyeux. Et le résultat est joyeux, aussi.
Damien Personnaz, j'ai lu l'interview qu'a fait de vous Jean-Louis Kuffer le 24 juillet 2009. Je lirai votre livre.
M'intéresse beaucoup cette réflexion sur la solitude : "Plus on s'isole, plus la vie devient compliquée, plus on est dépendant." Que je ne contextualise pas volontairement, tant elle est vraie.
Merci Michèle, c'est gentil et votre commentaire me touche. Cette réflexion, élaborée par mon cerveau en sept phrases, a été retranscrite par JLK en une seule. La bonne. Il est fort notre JLK.
Oui il est très fort. J'ai oublié de citer le titre du livre dont il est question : "Sept oasis des mers" ; et je précise que vous êtes géographe, écrivain et journaliste et que vous avez parcouru 70000 km et trois océans, vers ces îles lointaines, à propos des habitants desquelles vous menez cette réflexion.
Et qu'il s'agit bien plus d'isolement que de solitude pour ces habitants des îles les plus éloignées de la planète, qui vivent dans des conditions plus que précaires.
Où nous mène la peinture !..
Sur le conseil d'un ami, je découvre vos carnets dont je vous félicite. Pour l'heure je vous remercie de transmettre mes félicitations à votre amie pour ses premiers pas dans la peinture. J'espère qu'elle persévérera. C'est l'expression d'un réel talent.
Bien à vous. jmr