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Katyn, de Czapski à Wajda

Katin4.jpgA propos de L’Art et la vie
Et sur le film Katyn d'Andrzej Wajda, vu par Philip Seelen.



Il y a seize ans que Joseph Czapski s’est éteint à Paris à l’âge de 97 ans, au terme d’une vie étroitement mêlée aux tragédies du XXe siècle, et notamment au massacre de Katyn dont il fut l’un des rares rescapés et des grands témoins (son livre Terre inhumaine fut l'un des premiers ouvrages documentant le Goulag), finalement justifiés. Sous les dehors de cette figure “historique”, qui resta une conscience de la Pologne tout au long de son exil parisien (tant par ses articles dans la revue Kultura que par ses liens personnels avec les meilleurs esprits, de Gabriel Marcel à Czeslaw Milosz), Czapski apparaissait, au naturel, comme le plus simple et le plus libre des hommes, et son oeuvre de peintre témoigne le mieux de son aspiration constante à traduire ses émotions devant la beauté mêlée de douleur qui émane des êtres et des choses en ce bas monde.

Czapski13.JPGAussi sensible aux lumières du paradis perdu qu’à la tragédie de tous les jours, l’artiste vivait à la fois l’effusion de Bonnard et la tension de Soutine, qu’il rapproche d’ailleurs au sommet de ses admirations dans l’un des magnifiques articles réunis ici sous un titre qui dit bien l’enracinement de son oeuvre et de sa réflexion “dans la vie”. Bien plus qu’un livre “sur” la peinture ou “sur” les peintres, L’Art et la vie nous immerge aussitôt “dans” ce bonheur irradiant que la peinture nous vaut de loin en loin, dont Czapski ressaisit les tenants et les secrets avec une merveilleuse pénétration. Qu’il rende hommage à Nicolas de Staël, revienne sur l’héritage de Cézanne, s’oppose au despotisme ravageur de Picasso (avec d’éventuels repentirs), se rappelle une rencontre avec Anna Akhmatova, détaille l’art de son cher Proust, rende un hommage inattendu à Dufy ou célèbre l’“âme” de Corot, parle travail ou “paresse féconde”, Joseph Czapski nous sollicite avec passion et nous est, autant que dans sa peinture, plus présent que jamais.

CZAPSKI01.JPGJoseph Czapski. L’Art et la vie. Textes choisis et préfacés par Wojciech Karpinski. Traduit du polonais par Thérèse Douchy, Julia Jurys et Lieba Hauben. L’Age d’Homme, 244p.

A lire absolument: la lettre magnifique que notre ami Philip Seelen a envoyée à Bertrand Redonnet près avoir vu Katyn, le dernier film du grand réalisateur polonais Andrzej Wajda: http://lexildesmots.hautetfort.com/

Commentaires

  • Merci de tes mots, jean-Louis, offerts à la mémoire de
    Czapski.
    La route est longue, longue, souvent solitaire jusqu'à des mondes où les vérités sont dites.
    Mais elle est riche aussi des compagnons qui la parcourent et qu'on y rencontre.

  • Oui, cher Bertrand, ces rencontres sont importantes sur la route désolée de la barbarie. Lire Stasiuk me rappelle notre arrivée en Pologne, en 1966, 19 ans à bord d'une 2CV pourrie que les douaniers ont tout de suite baptisée Brzydula, la pauv'caisse, et ensuite le socialisme au quotidien, le Rideau de fer et Auschwitz, la petite fille à gerbe qui protestait dans le grand stade contre l'agression américaine au Vietnam, Protestujem, et le Wroclaw de Grotowski, et trois ans plus tard la découverte de Witkcacy, et sept ans plus tard la rencontre de Czapski... et quarante ans plus tard la barbarie qui a changé de masque et nos réseaux d'une autre résistance... Allez, on ne se quitte plus à présent... Csesc !

  • Cher jean Louis,
    J'ai, selon sa belle expression sur TL, tanné la peau de Michèle(Pambrun) pour qu'elle se procure et surtout lise Le Corbeau blanc (Biały Kruk) de Stasiuk et François en privé me dit, oui, oui, je vais me le procurer ton "corbac"...
    Comme je te le conseille aussi et à l'ami Philip (qui à l'heure qu'il est roule, rêveur et indolent, vers ton beau pays) en même temps, reste à espérer que je ne me suis pas planté dans mon émoi.
    Il en va de ma crédibilité (sourire). Ce livre m'a bouleversé et m'a ancré bien au fond des tripes ce que les jeunes Polonais ont pu ressentir d'errance après la chute du mur. Une libération, c'est pas si simple à vivre...ça se saurait..
    On ne se quitte plus. Non.
    Nos réseaux ont pris la mesure de la barbarie diffuse ou manifeste. Il ne sera pas aisé de faire tomber les masques, mais il aura été de notre raison de vivre d'avoir résisté.
    Amitié

  • Shame on the Barbarian ! Je découvre Fado et Neuf après voir passé à côté de Par le fleuve publié au Passeur, où l'un de mes livres a paru, à côté de Dukla, et de La route de Babadag, shame on the Nul ! Donc je lis ton message, je fais trois pas et quoi je trouve au sommet de la pile de ma collection des livres de Noir sur Blanc: Le corbeau blanc. Thanks a lot matelot !

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