Du miracle. – Ce n’est pas que tu n’attendais rien, car tout en toi n’est qu’attente, ce n’est pas que tu n’espérais ni ne désirais plus : c’est que c’est apparu tu ne sais comment, que c’était là comme au premier matin du monde, là comme un arbre ou un torrent, frais comme l’eau tombée du ciel, surprenant comme un chevreuil dans la lumière diaprée de l’aube, doux et léger comme la main du petit dernier que tu emmènes à sa première école, bon comme le pain sans rien, beau comme les vieux parents s’occupant des enfants de leurs enfants - enfin ce que tu veux qui te fait vraiment du bien, et à eux…
De l’envie.- Ne sachant pas qui ils sont eux-mêmes, et n’estimant rien de ce qu’ils sont, ils n’ont de cesse que de dénier aux autres le droit de croire en ce qu’ils sont ou à ce qu’ils font, et c’est alors ce ricanement du matin au soir, ce besoin de tout rabaisser et de tout salir, de tout niveler et de tout aplatir de ce qui menace d’être ou d’être fait, cependant ils restent aux aguets, inassouvis et vains, impatients de ricaner encore pour se donner l’illusion d’être…
De l’emmerdeuse.- Tu es France en ton nombril parisien, tu te prends toujours pour la référence au milieu de ta cour de pédants bien peignés, et je t’aime bien, mais on manque chez toi d’Irlande des champs et d’opéras villageois, on manque de paysans siciliens et de furieux Japonais, on manque de saine colère et de mélos indiens, on manque de vrais méchants et de vraies mégères, tu gardes tes gants jusque dans les mauvais lieux de tes romans guindés, tu es pincée et tu prétends désigner seule ce qui mérite de te mériter, sans voir que tu te fais seule, en effet, et que tu te fais ennuyeuse à ne pas laisser la vie de tes propres villes et villages te surprendre…
Peinture: Thierry Vernet.
Commentaires
Dans son film Carnet de notes sur vêtements et villes, Wim Wenders endossant une veste créée par le couturier japonais Yohji Yamamoto, dit qu'il a endossé LA veste. Et il se demande ce que Yamamoto sait de lui, pour qu'il se sente autant "lui" dans cette veste, qu'elle devienne à ce point sienne.
Ici, on se demande ce que JLK sait de nous...
Il y a, dans Les ailes du désir, le monologue déchirant d'un ange évoquant sa condition avec mélancolie. Il porte, si je me souviens bien, un manteau de pluie à la Columbo, lequel en sait peut-être un bout sur vous, tandis que JLK donne sa langue au chat...
ALUNESCENCE
D'étrange voix perle
Au travers des manteaux de pluie
Comme une brume d'écho
Déflorant les pores
D'un diadème au sein creux
Et la voix qui parle
Rebondit dans un surf
Aux cheveux chauves
De silhouette opalescente
Nimbée de poudre d'escampette
Surfant sur la vague, je reviens vers vous en quittant Jean Yves Leloup, le site qui me ramène à sa première rencontre... et me voici face à face avec votre miracle...
"Qui aime quand je t'aime? qui j'aime quand je t'aime?"
Perceval se battait partout où le portait les ordres, mais son silence a empêché la guérison du roi handicapé et de ses sujets... Il a croisé un jour la laide noiraude sur sa mule fauve, (Isis ou Sekmeth?), miroir qui lui a montré le chemin quand il ne se posait pas même la question d'une autre voie que le combat contre l'autre, le bouc émissaire.
Quand il n'avait pas même évoqué l'énigme du sens de cette coupe de vie et de cette lance éjaculant le sang de l'avenir, de ce couple fondamental, de la trinité du Père, de la Mère et de l'Enfant Roi...
Simplicité, au plus profond de soi ...
"Je suis celui qui est", "Connais toi toi même et tu connaîtras l'univers et les dieux"
Aimons! Aimons! Aimons!
Aujourd'hui comme hier, partout dans le monde, "Ils ne savent pas ce qu'ils font!"
"Ne sachant pas qui ils sont eux-mêmes"
Pour rester dans le registre de Wenders, cette phrase ferait plutôt penser à "Paris-Texas".