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De la poésie du monde

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Décréation. - Tout est à travailler, à travailler et retravailler, me dis-je tôt l’aube en songeant à tout ce qui nous menace de dispersion et de décréation. A tout instant on est menacé de sombrer. A tout instant la distraction et la dispersion menacent. Diablerie. Le diable est celui qui disperse, l’anti-créateur.

Dostoïevski. – Du fait même de son retour à la source endiablée, la traduction d’André Markowitz de Crime et châtiment rend, mieux que les précédentes plus élégantes, l’espèce de fureur agitée voire parfois d’hystérie de l’écrivain. Le mal est là qui court: Raskolnikov doit LE faire, il en est obsédé, cela l’attire et lui fait horreur: il doit prendre le sang de l’usurière, c’est la pire des choses qu’il puisse faire se dit-il sans croire un instant aux raisons qu’il se donne de liquider la vieille carne, et pourtant il doit LE faire comme Juda doit trahir le Christ après avoir été désigné.

Gauche et droite en littérature. - En matière d’idées, j’ai trouvé à vingt-cinq ans, dans les romans fourre-tout de Stanislaw Ignacy Witkiewicz, à commencer par L'Inassouvissement,  la critique la plus dévastatrice qui me semblât, des totalitarismes, mais aussi et surtout la vision prémonitoire de la fuite vertigineuse dans le bonheur généralisé de nos sociétés de consommation, mais qui eût pu dire de quel bord était Witkiewicz? Les années passant, et découvrant quels énormes préjugés, quel refus de penser, quels blocages dissimulaient les plus souvent, chez mes amis de gauche ou de droite, leurs certitudes idéologiques, je me suis éloigné de plus en plus de celles-ci en même temps que j’approfondissais une expérience de la littérature, par l’écriture autant que par la lecture, dont la porosité allait devenir le critère essentiel, que l’œuvre de Shakespeare illustre à mes yeux en idéal océanique. Or Shakespeare est-il de gauche ou de droite?

CELA. - Je lis Proust sans discontinuer depuis des années, et je le relis ces jours, je lis et relis Balzac, je lis et relis Montaigne et Pascal, et plus je lis et relis et plus je constate que, dans cet océan, chaque vague en est à sa place pour autant qu’elle participe de la substance et du mouvement de CELA . Je lis tous les jours des tas de livres, dont j’aime à replacer chacun en fonction du chant et de la danse de CELA. Chacun est comme une bribe de l’immense conversation qui se poursuit jour et nuit à travers ce texte dont les livres ne reproduisent qu’un fragment, et qui me semble le contraire de l’universel bavardage pour autant que CELA converge, à savoir: que CELA monte.
Hors de CELA, que je dirais la poésie du monde, point de salut à mes yeux.

Aquarelle JLK: au bord de l'Hérault.

Commentaires

  • BIEN LE BONJOUR

    Le salut est affaire de main
    De poignée de gifle
    Ou encore d'ouverture

    Le salut est totale liberté
    D'être esclave ou pas
    De consulter les tarifs
    Avant que de vouloir se servir

    Le salut est affaire de regard
    De rêve qui ne rêve pas
    D'inaltérité qui sourit à sa propre altérité

  • Je dirai même plus: le salut est dans la casse-quête, le salut est dans l'eau de forme, le salut est dans le couvre-chèvre, ainsi de suif.

  • PLUS OU MOINS

    Le salut est sans salut
    A quoi peut bien servir
    Une bouée sans eau
    Les canards barbotent
    Surfers sans journal de bord
    Pour leurs cerfs-volants
    Aérodynamiques sans scrupules
    Qui creusent l'épouvante
    Pour en extraire des grelots pourpres
    Aux chants sinistrement joyeux

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