Celui qu’on appelle le moulin à cafter / Celle qui répand des bruits dans son cabinet d’esthéticienne /Ceux qui guettent la moindre faille dans le comportement de leurs créanciers / Celui que la non-reconnaissance dans son travail de correcteur à l’atelier La Coquille a rendu teigneux / Celle que sa jalousie rend inventive dans la nuisance / Ceux qui estiment que les majorettes du bourg sont les seules à mériter l’attention du journal du canton / Celui qui fait taire ses contradicteurs en invoquant le génocide arménien subi par les grands-oncles de sa seconde épouse / Celle qui jette le discrédit sur tous les travaux académique de celui qu’elle sait au courant de ses manipulations fiscales de haute fonctionnaire / Ceux qui ont un dossier au nom du nouveau conseiller Bona qui n’a jamais perdu son accent congolais / Celui qui s’est spécialisé dans la triangulation des ragots par e-mails / Celle qui insinue que les bonnes fortunes de son collègue Pincemain vont de pair avec une baisse de sa rentabilité dans l’acquisition des portefeuilles haut de gamme / Ceux que la frustration porte à s’intéresser de près aux drames conjugaux de leur entourage / Celui qui tient un registre des comédiens du Théâtre Municipal qu’on sait fréquenter certain mauvais lieu / Celle qui rédige les lettres de dénonciation que lui dicte son conjoint dont la tumeur à la gorge ne facilite pas l’énoncé / Ceux qui laissent toujours traîner leur sonotone là où il faut / Celui que la mesquinerie rend méchant / Celle que la méchanceté rend hideuse / Ceux que la hideur de la mesquinerie et de la méchanceté rend tristes, etc.
Peinture de Francis Bacon
Commentaires
ceux-là, ils sont moches ! Heureusement : la beauté somptueuse du Bacon...
On n'a pas le choix à la fenêtre du monde: il y a vraiment de tout. Le paradis sans l'enfer serait du marshmallow. Quant à moi j'ai réservé une place sur les terrasses du Purgatoire...