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Sollers à SoiSeul



En lisant Un vrai roman, mémoires25908b5ddee3d878d9595e929d26e6f4.jpg

Sollers est-il une vieille pute ou un grand écrivain ? A cette alternative d’époque je me propose d’échapper ce matin en écoutant celui qui me raconte Un vrai roman.

Le premier chapitre intitulé Naissances avère aussitôt le titre et par la matière de la vie de Sollers et plus encore par sa façon de la chanter, qui relève de la légende dorée modulant le cycle MoiJe. Mais attention : le MoiJe de Sollers est particulier, non point renfrogné sur son genou comme Narcisse s’adonnant à la délectation morose, mais très gai dès notre entrée dans ce livre qui est un jardin à la française cultivé de grand-père en petite fille à jolis souliers.

Le chapitre Naissances parle de l’importante question du nom choisi pour écrire (celui de Joyaux est trop beau pour être porté, après avoir été moqué à l’école et vitupéré par les grévistes girondins scandant Joyaux au poteau !),  des maladies récurrentes et pénibles mais favorable à la rêverie solitaire, de la famille platoniquement incestueuse (deux frères épousant deux sœurs et vivant dans une double maison la destinée commune d’une industrie ruinée en 60) et de l’époque (un officier autrichien intrus sous l’Occupation se poivrant au cognac et l’obligation faite à l’enfant par sa famille anarchisante de refuser l’ordre de chanter Maréchal nous voilà !) dont les souvenirs de la radio et de nombreuses photos aideront l’écrivain à réinventer le tableau qui s' tendra au monde entier avec lui dedans, au milieu, campé sur son MoiJe solaire que Dieu, par faveur spéciale (comme à chacun de nous s'il consent) fait tourner comme une toupie. Or toupillons, toupillez les enfants...

J’ai bien dit : l’écrivain, et qui ne foutra rien de toute sa vie que lire et qu’écrire.

Au troisième chapitre, après Femmes (l’amour de la tante et de la mère, caressantes à souhait jusque  dans la calotte un rien leste), au chapitre donc intitulé Fou, on lit ainsi : « En réalité, je m’en rends compte aujourd’hui : je n’ai jamais travaillé. Ecrire, lire et puis encore écrire et lire ce qu’on veut, s’occuper de pensée, de poésie, de littérature, avec péripéties sociopolitiques, n’est pas « travailler ». C’est même le contraire, d’où la liberté. Il faut sans doute, dans cette expérience, garder une immense confiance. Mais en quoi ? »

L’écriture de Sollers est une vitesse. C’est un savon céleste et une électricité. C’est mon hygiène corporelle et spirituelle de  ce matin, à jet continu de bonnes phrases. Par exemple : «La maladie récurrente affine les perceptions, les angles d’espace, le grain invisible du temps. Les hallucinations vous préparent à la vie  intérieure des fleurs et des arbres. On apprend à trouver son chemin tout seul, à l’écart des sentiers battus, des clichés rebattus, des pseudo-devoirs. » Ou cela : « Enfance très auditive, donc, avec otites à la clé. On m’opère de temps en temps, et, en plus, j’étouffe. Tout est chaotique, souffrant, contradictoire, et, en un sens profond, merveilleux ».

Une vieille pute écrirait-elle comme ça ? Cela est arrivé mais c’est plus rare par les temps qui courent. Quant au grand écrivain, qui d’autre que Sollers pourrait dire crânement qu’il l’est ou le sera, un peu comme Stendhal, dans un siècle et des poussières peut-être ? Mais lira-t-on encore dans un demi-siècle ?

Ce qui est sûr est qu’au présent Un vrai roman est un livre épatant jusque dans ses effets d'épate. Le Sollers le plus pur est là : beau comme un paon faisant la roue, pour la façade en tout cas, car ce Je récusant toute culpabilité est un autre aussi filtrant tout le reste en douce et qui passe, et c’est énorme tout ce qui passe et se transfuse dans un livre aussi gonflé, mais au bon sens, un livre qui ne manque pas d’air, et ça fait un bien fou quand tant de raseurs nous asphyxient des relents de leur contention - un livre plus délicat et généreux qu’on ne croirait tant on est abusé par le personnage composé sur les estrades…

Je n’ai pas dit le principal du chapitre Fou, qui retrace la première échappée décisive du cœur de SoiSeul vers le monde entier et les galaxies, Pékin-Madras-Athènes & Jérusalem UnLimited. Cela se passe en deux temps, qui l’investissent et l’abolissent en même temps, j’entends : le Temps.

La première est à 5 ans à la campagne : « Je suis assis sur un tapis rouge sombre, ma mère est à côté de moi et me demande, une fois de plus, de déchiffrer et d’articuler une ligne de livre pour enfants. Le b.a ba, quoi. Il y a des lettres, des consonnes, des voyelles, la bouche, la respiration, la langue, les dents, la voix. Comment ça s’enchaîne, voilà le problème. Et puis ça se produit, c’est le déclic, ça s’ouvre, ça se déroule, je passe comme si je traversais un fleuve à pied sec. Me voici de l’autre côté du mur du son, sur la rive opposée, à l’air libre. J’entends ma mère dire ces mots magiques : « Eh bien, tu sais lire ». Là, je me lève, je cours, ou plutôt je vole, je vole dans l’escalier, je sors, je cours comme un fou dans le grand pré aux chevaux et aux vaches, j’entre dans la forêt en contrebas, en n’arrêtant pas de me répéter « je sais lire, je sais lire, ivresse totale, partagée, il me semble, par les vignes, les pins, les chênes, les oiseaux furtifs.

Je sais lire. Autrement dit : Sésame ouvre-toi. Et la caverne aux trésors s’ouvre. Je viens de m’emparer de l’arme absolue. Toutes les autres sont illusoires, mortelles, grotesques, limitées, ridicules. L’espace se dispose, le temps m’appartient, je suis Dieu lui-même, je suis qui je suis et qui je serai, naissance, oui, seconde, ou plutôt vraie naissance, seul au monde avec cette clé. Ca pourra se perfectionner à l’usage, mais c’est fait, c’est réalisé, c’est bouclé ».

La seconde échappée est une diagonale de fou de 7 ans intéressant : « L’expression « âge de raison » m’intrigue. Il a neigé, le rebord d’une balustrade est fourré de blanc et de gel. J’enlève ma montre, je la pose devant moi, et j’attends que l’âge de raison se manifeste. Evidemment, rien de spécial, ou plutôt si : la trotteuse prend tout à coup une dimension gigantesque et éblouissante en tournant dans le givre brillant au soleil. Les secondes n'en finissent pas de sonner silencieusement comme les battements de mon cœur : la raison est le Temps lui-même. C’est un grand secret entre lui et moi, inutile den parler, je suis fou, c’est mon âge. Je n’ai jamais compris, par la suite, ce qu’on voulait me dire en parlant de mon âge ».

Or c’est exactement ce que je ressens en constatant tout à coup que la nuit est tombée sur le jardin de SoiSeul : j’ai 7 ans et 707 ans et c’est Un vrai roman

176ce1f92240157964e6cdedd6c09637.jpgPhilippe Sollers. Un vrai roman, mémoire. Plon, 352p.  

Image: Albert Dürer, La grande touffe d'herbe.

 

Commentaires

  • Bonjour Jean-Louis ! Dès les premières pages on est pris par le rythme, le souffle, ensuite c'est le contenu qui prime, on oublie la forme, ce qui est la marque des bons livres, me semble-t-il, mais on attend ta suite !

  • Et ta Suite en Ray... Je vas y voir, té

  • Tu vas me donner envie de me remettre à Sollers, tiens!

  • Je l'ai vu ce soir , c'était LA RENCONTRE...Il faut dire que vous m'avez un peu préparée ...
    Il a commencé son discours par "les caricatures changent mais pas la structure "...
    Il se confiait tout simplement ,bien à l'aise chez lui dans le bordelais .

  • Il me souvient avoir écrit des horreurs sur les romans de Sollers, dont un papier intitulé: Le Niagara du chiqué. Je ne le ne renie absolument pas. Mais Sollers bonifie au fur et à mesure qu'il rajeunit, ou plus exactement qu'il coïncide plus intimement avec le Temps. Et moi aussi je me suis détenu avec l'âge. Pourtant il y avait quand même chez lui beaucoup de littérature jusque récemment. Il faisait très vieille avant-garde dans un pays mal fait même pour la jeune, qui a toujours été plus libre en Belgique ou en Russie. Par ailleurs il y a une suffisance naïve chez Sollers qui est très France et très génie (les génies sont forcément un peu cons puisqu'ils sont enfants demeurés, surtout les génis français). Bref: à côté d'Un vrai roman, j'ai retrouvé ce matin son entretien sur La Divine Comédie avec Benoît Chantre, qui est une autre merveille...

  • Et "Génie" est le texte final des "Illuminations" !

  • L'obsession de ce blog pour Sollers est amusante. Ce qui l'est encore plus, c'est cet aveu d'admiration qui a l'air de se faire à contrecoeur, avec mille mais, malgré que, en dépit de.
    Je note deux tares : "il faisait de la littérature"... Ah bon, et c'est mal? Mozart, lui, en revanche, a fait pas mal de musique... Et puis, ce qui est presque pire : il est français. Lisez Les folies françaises, mon vieux ! (C'est amusant : ce reproche est moqué par S. dans bien des livres, Portrait du Joueur notamment.) Enfin, bien sûr : il est content de lui. (Nietzsche aussi, et Sollers a montré, mais c'est absolument vérifiable, qu'il s'était dégermanisé pour devenir... français!)
    Moi qui lis tous les livres de Sollers, je peux vous dire qu'il est très rare d'observer une oeuvre d'une telle cohérence (et d'une telle ampleur à travers le temps) à travers tant de variations. Paradis, à l'inverse de Finnegan's Wake, est tout à fait clair et lisible, même pour quelqu'un qui n'est pas Roland Barthes (mais selon un autre régime qu'un roman-roman: est-ce mal?), c'est le complément de Femmes, il ne raconte pas autre chose.
    On accuse Sollers de versatilité et de trahison : il n'y a pas plus fidèle et constant (Le coeur absolu: la première partie de Guerres secrètes, sur Ulysse, y est en germe).
    Un ami suisse me faisait remarquer que votre critique de Cercle atteignait au degré zéro de la critique: voilà un livre que vous accusez d'être vide dans une critique parfaitement vide: une mise en abîme, en somme. Mais si l'on sait quelle obsession ambivalente ce blog voue à Sollers, on ne s'étonne pas d'une charge aussi virulente qui n'a pas d'autre argument à donner que: "Il met ses pas dans ceux de Sollers". Reproche-t-on à Maupassant d'avoir eu un maître? Il est vrai que ce maître-là nous rassure, parce qu'il a convenablement souffert...
    Bref : Sollers contre Bernhard? Vous voulez dire, catholique contre protestant?

  • En principe je ne réponds pas à des pseudos, donc ce n'est pas tant à vous qu'à mon cher Fellow que je réponds ceci: que je ne reproche aucunement à Ph. S d'être français, non mais; d'ailleurs je viens de reprendre Potrait d'un joueur ce matin même, à côté de quoi j'avais passé sans le voir, j'avoue; mais pour Paradis: non vraiment, merci. En revanche les conversations sur Dante avec Benoît chantre, je vote pour. Quant à Yannick Haenel, je ne lui reproche pas d'être un clone de Sollers mais de manquer du sérieux de celui-ci (dont je doute de moins en moins à la lecture d'Un vrai roman) et plus encore de son oreille du point de vue musical, enfin et surtout de n'avoir rien à dire et de mal lire Melville. Ah mais, je vois que j'embête Fellow...

  • De fait, je me porte nettement mieux. J'avais perdu 7 kilos sur les 13 que suppose mon âge et mon rang, de sorte que j'ai dû faire un petit séjour en clinique, où l'on m'a soigné au filet d'haddock arrosé de brandy. J'allais me remettre tout à fait lorsque JLK m'a appris que Ph.S. préférait les femmes aux chiens. Je l'aurais moins mal pris s'il n'avait passé tant de temps ces jours à lire des écrits de cet auteur. Mais obsession ? Je ne crois pas. Et je ne sens aucune gêne dans l'enthousiasme avec lequel il me lit certaines phrases en effet remarquables de cet auteur, même s'agissant d'un détracteurs de chiens. Simplement JLK s'enthousiasme devant l'Objet. De Sollers il n'a cure au fond, au sens de la vénération ou de l'opprobre franco-français que vous illustrez, mais des phrases de Sollers et des idées de Sollers ça je vois bien qu'elles lui mettent le feu à l'âme, selon son expression. C'est comme quand il relit une phrase ou une idée de Charles-Albert Cingria, une phrase ou une idée de Baltasar Gracian, une phrase ou une idée de G.K. Chesterton, une phrase ou une idée de Chestov ou de Kierkegaard: il est comme ça JLK: il est désarmant par ses admirations. Et c'est d'ailleurs ça qu'il admire chez Sollers: la capacité de celui-ci d'admirer des gens aussi différents qu'Aragon ou que Ponge, que Mauriac ou que Joyce, que Dante ou que Rimbaud et d'en parler si bien...

  • Je n'ai lu ni Haenel ni Meyronnis, mais je suis d'accord avec Volt, ayant lu (et souvent relu) tous les livres de Sollers depuis Femmes, il y a une remarquable cohérence dans cette oeuvre, un regard sur le monde surtout, qui en font, à mon avis, et de loin, la plus intéressante depuis une vingtaine d'années, en langue française en tout cas. Il y a certes certains aspects du personnage moins intéressants, mais à mon sens ce n'est pas le problème, ce qui m'intéresse, c'est les livres. En plus il n'y a rien de fermé dans ces livres, puisqu'ils ne cessent d'ouvrir et d'inviter à lire d'autres auteurs...

  • Ray a raison: Volt n'a pas tort !

  • Cher JLK,
    Que voulez-vous dire par : Je ne réponds pas aux pseudos? Est-il nécessaire de donner son ADN pour discuter avec vous?

    Reprenez, tant que vous y êtes, le début du Coeur absolu: vous verrez que votre lapsus sur le titre : Portrait DU joueur s'y trouve aussi, l'analyse qu'en fait Sollers n'est pas seulement amusante, elle est aussi pleine de sens.

    Bon, que dit-on de cette phrase alors?

    "Par ailleurs il y a une suffisance naïve chez Sollers qui est très France et très génie (les génies sont forcément un peu cons puisqu'ils sont enfants demeurés, surtout les génis français)."

    Bienveillante condescendance? Autre chose?

    Quant à Haenel, je ne suis pas du tout pressé d'avoir un avis tranché, gardant toujours en tête qu'un grand écrivain, lorsqu'il apparaît, déroute toujours tout le monde, et trouvant de mauvais goût de m'énerver sur les mauvais... Mais la crainte, disons, que je pourrais avoir (il faudrait que je le lise une bonne fois, décidément), est à l'opposé de la vôtre: crainte, non qu'il manque du sérieux de Sollers, mais de son humour.

  • En somme, vous dites que Sollers a beau être un génie, il est con d'en être satisfait? Même si c'est génial, ça ne peut pas être suffisant? Il devrait toujours y avoir un "manque"? une "humilité"? (L'autre stratégie est de dire que sa suffisance témoigne en réalité d'une blessure narcissique, d'une angoisse plus qu'audibles.)
    Qui vous dit, au fait, que sa "suffisance" est "naïve" - ou "niaiseuse", tant qu'on y est? Sa suffisance, tous ses romans sont pleins des effets très drôles qu'elle produit sur tout le monde. Et ça continue de tourner, de saliver, de pavlover.

    Mon Dieu, je viens de lire ceci : "Notre métier (c'est un journaliste qui parle), surtout dans la démarche quenous nous fixons ici, consiste à relier la culture à la société qui la génère, pour ne pas laisser transpirer cette odieuse idée que la culture est déconnectée du monde, qu’elle est élitiste et ne parle pas de nous…"

    Avouez, quand même ! (Dans un article qui parle de notre paon, notre pape, notre pute, notre théorie des exceptions sur pattes, notre odieuse marquise de merteuil qui nous fait transpirer des idées)

  • Au début d'Un vrai roman, Philippe Sollers dit l'importance du nom, sans dévoiler pour autant l'ADN de Joyaux. Si vous ne voyez pas la différence, lui la voit très bien, enfin je présume, car je découvre dans ce livre une personne (pas un ADN, une persona, un masque transparent, qui ne m'est guère apparue jusque-là dans ses romans et ses essais, peut-être victime de mes préjugés autant que de sa comédie à lui...
    Si vous ne voyez pas la différence entre une conversation à visage découvert et le petit jeu de masques pas du tout transparents et de grimaces qui sévit sur la toile, eh bien tant pis pour vous. Moi, je n'aime pas ça. En ai-je le droit ? Quant à la suffisance française en matière culturelle, je l'observe depuis trente ans et ça ne change guère, mais je l'aime bien au fond: j'aime cette façon de se croire le centre du monde et la référence universelle, pour autant que la Chose soit respectée.
    Vous me demandez ce qu'est la Chose ? C'est l'image dans le tapis que je trouve chez James et chez Joyce et chez tous les écrivains que j'admire, y compris Ph.S de plus en plus sûrement, mais pourquoi serais-je inconditionnel quand je ne le suis ni de James ni de Joyce ? Ce que je n'ai pas trouvé en revanche, ni chez Haenel ni chez Meyronnis, c'est ladite Chose, en dépit de leurs évidents talent respectifs. Et qu'ai-je à foutre de leurs accointances avec le Sollers infini du Dimanche ? Si Ph.S. pense vraiment ce qu'il écrit à propos de ces deux lascars, alors ma prévention est tout à fait justifiée, et sur le génie présumé, et sur la rouerie d'icelui. C'est vrai que naïveté est trop gentil. Mais il y a tout de même une certaine candeur naïve dans Un vrai roman, et c'est ce qui me rend ce livre vrai si attachant en définitive. Dominique de Roux était lui aussi quelque part génial, aussi mervelleux styliste, aussi naïvement tâtonnant parfois, aussi français, un peu con parfois comme nous le sommes tous à moments perdus, ainsi de suite... Là-dessus, j'ai horreur qu'on m'appelle mon vieux sans décliner son nom. Est-ce clair ?

  • A propos de niaiserie, Ph.S. mettra tout le monde d'accord en parlant de lui-même, dans Portrait du joueur, page 17: "Quelle existence comique et absurde que la mienne !... J'espère respirer encore assez pour en mourir de rire...Quel malentendu ! Quelle farce ! Quelle pitié ! Toute une vie foutue en l'air par une niaiserie se croyant subversive !..."

  • Mon sieur,

    - Veuillez me pardonner pour "mon vieux".

    - Vous avez donc le droit de ne pas aimer le carnaval qui se pratique sur le Net, ainsi que celui de souffrir volontairement en y créant un espace ouvert aux "pseudo".

    - Je suis désolé d'avoir réveillé votre fibre douanière ("décliner son nom. Est-ce clair?").

    - Vous avez mon adresse mail, vous êtes libre de m'écrire, et, lors de mon prochain passage à Lausanne, je me ferai un plaisir de deviser avec vous "à visage découvert". Vous êtes auteur, vous publiez, moi pas: il me déplaît de "décliner" mon identité à n'importe qui, puisque tout le monde nous écoute tandis que nous parlons.

    - La question d'un masque, transpararent ou non, d'un auteur est tellement grosse (de développements) que je n'embraye pas. Joyaux : cf. Portrait du joueur, cf. H.

    - Si vous avez besoin d'insulter Sollers toutes les deux phrases pour pouvoir le trouver génial, je n'ai rien à redire. Je crois que ce n'est pas ça qui va l'émouvoir, ni moi. Quant à savoir s'il arrive à Sollers d'être con, mon propos n'est pas particulièrement de le nier, mais de m'interroger sur ce besoin si pressant de le rappeler, au moindre éloge, et par exemple en ajoutant : "comme nous le sommes tous".

    - Homère a sûrement été très con, lui aussi, à ses moments perdus.

    - Il est d'ailleurs dommage qu'on n'ait pas le témoignage de sa femme, ou de sa maîtresse, ou de sa soeur, ou de sa fille. Voyez Zelda. Elle vient d'avoir le Goncourt.

    - Excusez-moi de ne pas bien comprendre: vos préventions sur la rouerie de Sollers se justifieraient s'il était sincère à propos de Haenel et Meyronnis ???

    - Toutefois, je pense que vous auriez tort, à supposer que Meyronnis et Haenel soient si médiocres que vous le dites, ce qui mérite d'attendre juequ'à peut-être un peu plus que Noël, d'y voir une raison de douter de Sollers. Les exemples pleuvent d'erreurs de jugement, commises par des génies, sur leurs contemporains. Cela n'a jamais rien prouvé. Les contemporains, en particulier les alliés, c'est si difficilement jaugeable.

    - Ce que vous avez à foutre de leurs accointances avec lui? Mais relisez votre papier sur Cercle, vous ne parlez que de Lui.

    Bien cordialement

  • A-t-on jamais entendu quelqu'un parler d'Haenel sans rappeler qu'il se rattache à Sollers ? Haenel par lui-même existerait-il ? Sûrement pas sous sa forme actuelle.

  • Chère Haelina, que ne cessez-vous de vous faire exister par Anellle?

  • Volute, quand on veut exister par autrui, on choisit un plus grand que soi, comme Haenel et Meyronnis par Sollers ou Houellebecq.
    Jusqu'à preuve du contraire, c'est moi qui suis beaucoup plus lue, traduite, adaptée au théâtre... et commentée hors le petit cercle germanopratin, qu'Haenel, et c'est lui qui est allé piquer dans mes livres - si je mens, que fait Gallimard, pourquoi ne protègent-ils pas leur auteur, que ne me menacent-ils de procès en diffamation, depuis un mois que je rapporte partout les faits ?

  • Pourquoi? Parce que tout laisse croire que c'est ce que vous attendez. Y compris votre dernière phrase.

    Plus vous vous agitez, dans cette affaire, Alina, plus vous perdez.

    Tort ou raison, vous vous faites le plus grand tort.

    Vous êtes plus "grande"? Prouvez-le, bon sang! votre attitude fait le contraire, vous montrez tous les symptômes d'une fixation délirante sur Yannick Haenel...

    Que fait un adulte quand un "petit" l'imite? Il hausse les épaules, il sourit. Est-ce que Sollers parle de plagiat, avec tous ces petits jeunes qui le calquent, qui reprennent ses thèmes, voire ses tics?

    Et puis vous rendez-vous compte des mots dont vous usez? êtes-vous un écrivain ou une gamine? "un plus grand", "et c'est lui qui est allé piquer", "je rapporte"...

    Cordialement, et avec toute ma bienveillance

  • Ah, maintenant les leçons et la bienveillance maternelles. C'est amusant comme on essaie vraiment tout pour me faire taire.
    Sollers a sa petite cour, ça le regarde, mais moi je n'aime pas les petits cercles et je n'accepte pas que les membres de ce petit cercle se mêlent de ce qui ne les regarde pas : moi.
    Tout ça est encore un peu énigmatique pour ceux qui ne lisent pas bien attentivement ce que je dis sur mon blog, mais vous verrez, ni moi ni vous ne perdons rien pour attendre, et toute la vérité viendra en beauté en délivrant tout le monde, car je n'ai nulle haine même si je suis virulente, au contraire.

  • Très bien, Alina, oubliez les avis, que vous prenez pour des leçons, et faites ce que vous voulez de ma bienveillance, prenez-la pour de la maternelle si ça vous chante, et vous pour une martyre, soyez ridicule autant que vous voulez, roulez-vous dans le déshonneur, attendez l'ouverture du septième sceau, les trompettes, le retour de l'Epoux et tout.

    D'ailleurs, Marcel Proust n'a-t-il pas dit :

    "Vous […] avez […] entièrement […] raison […] chère […] Madame" ?

    Si j'avais un peu de temps, mais surtout si je croyais à l'utilité du truc, parce que visiblement vous êtes bouchée (normal: vous refusez de vous taire), je vous ferais de savants petits collages du genre qu'il y a sur votre blog pour vous montrer que Sollers, Proust, Simon vous ont aussi diaboliquement plagiée que le pauvre Haenel.

  • Volt, je ne savais pas que j'avais un tel ami, si empressé de m'éviter le déshonneur. Au moins vous me faites sourire !

    Pardon Jean-Louis de m'être un peu attardée à répondre sur ce sujet qui vous déplait, j'étais simplement agacée de ce qui vous était reproché à propos de qui vous savez...

    J'en profite pour vous dire que votre texte sur la lecture est magnifique, je vais acheter ce livre, et merci pour votre travail.

  • C'est ma toute grande faute, une fois de plus, d'avoir lancé le sujet, au fond, faisant tout à mon su et insu pour déplaire à mon hôte. Mais oh! je ne faisais pas de reproches! J'accablais seulement JLK de leçons et de bienveillance maternelles.
    Good night!

    ps: Ma citation de Proust était empruntée à des amis suisses, qui, je crois, ne m'en voudront pas.

  • Magari che chiacchierata, ça tchatche pendant que les enfants dorment. Bonjour Alina, ciao ragazze e ragazzi. Et revenons à La Chose... Un vrai roman ou autre chose, une clairière en forêt profonde, Bob Dylan ce matin dans la neige des hauts de La Désirade, ou tiens: La Nuit du Destin. Et ces deux admirables conversations de Benoît Chantre avec René Girard (Achever Clausewitz) et Philippe Sollers (La divine comédie) à l'opposite de tout clabaudage...

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