UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’âme sœur

medium_Murer4.jpg
Le chef-d’œuvre « japonais » de Fredi M. Murer. (Re)déclaré plus grand film de l'histoire du cinéma helvétique par l'Académie du film suisse. À revoir et revoir sans doute.

L’Ame sœur de Fredi M. Murer, disponible sur DVD, a été dit « le meilleur film de l’histoire du cinéma suisse », ce qui est fort possible même si son confinement dans le « cinéma suisse » me semble, pour ma part, insuffisant. Je le placerais plus volontiers, quant à moi, au nombre des chefs-d’œuvre du 7e art de l’après-guerre, toutes catégories confondues, et je me disais l’autre soir, en le revoyant, que c’était une sorte de film japonais que cet ouvrage enté sur un thème – l’inceste - de la tragédie grecque, et traité avec une radicalité absolue, du point de vue de la forme, image et verbe fondus en pure unité.
Or rencontrant Fredi M. Murer la semaine dernière dans son antre zurichois  de la mythique Spiegelgasse, pour évoquer Vitus, son nouveau film, et lui parlant de cet aspect « japonais » de Höhenfeuer (titre original de L’âme sœur), le réalisateur m’a répondu en riant que son film avait bel et bien été perçu comme tel au Japon même, où il a rencontré un succès considérable, avant d’évoquer sa parenté avec La légende de Narayama d’Imamura…
L’âme sœur est un grand film d’amour tragique, liant un adolescent muet et sa sœur aînée dans une famille de paysans de montagne vivant entre traditions archaïques et modernité perlée. Rien de pittoresque dans les Alpes de Murer, qui a interdit toute figuration style carte postale à son chef op’ Pio Corradi, et rien de régionaliste dans cette famille d’Helvètes alors même qu’ils s’expriment en dialecte uranais à couper au couteau. La fatalité illustrée – la pauvreté et l’endogamie – n’y a rien de dogmatique ou de littéraire non plus, mais s’incarne littéralement à la fois dans la nature sauvage et le naturel des protagonistes, dont le plus jeune reste proche des grands fonds et va retrouver à un moment donné les rituels d’une sorte de chamanisme des hautes terres.
A cela s’ajoute un trait omniprésent dans le cinéma de Murer, à part la patte d’un grand peintre sur pellicule : une immense tendresse qui enveloppe tous les personnages, sans exception, portée jusqu’au sublime dans les dernières scènes du film où le garçon devenu père incestueux, qui a retourné l’arme de son padre padrone furieux contre celui-ci, ensevelit ses parents (la mère a été foudroyée par la mort de son conjoint) dans la neige de cet outrepart utopique d’un rêve éveillé où il est le seul à ignorer que la vie ne sera jamais possible…

medium_Murer40002.JPG
Fredi M. Murer. L’âme sœur. DVD Impuls. En Bonus, interview du réalisateur. 
medium_Murer5.JPG

Extrait du Storyboard de Fredi M.Murer

Commentaires

  • En fait je n'ai pas encore pu voir le film a cause de son indisponibilité en Algérie, mais j'ai pu mesurer a travers les articles liés au film les profondeurs des liens qui peuvent se créer entre les membres d'une même famille et que Murer a su royalement mettre en oeuvre. Je suis étudiant en sciences sociales et je voudrais bien savoir comment se procurer le dvd de ce film

  • Bonsoir, j'avais vu ce film à sa sortie en salle: magnifique. Je ne savais pas qu'il était sorti en DVD: je le note car je ne l'ai jamais revu. Bonne soirée.

  • Bonsoir Dasola: merci de m'avoir donné envie de voir Quartet et Perfect Mothers.Le thème du premier me rappelle La fin du jour et un film de Daniel Schmid dont j'ai oublié le titre, évoquant tous deux des artistes réunis à la toute fin de leur vie. Quant au monde de Doris Lessing, je me demande ce qu'il devient sous le regard d'Anne Fontaine...

Les commentaires sont fermés.