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Je préférerais mieux pas...



En écoutant Bartleby le scribe, lu par Daniel Pennac.

Du brave soldat Schweijk à l’indolent Oblomov, en passant par le protagoniste de Je ne joue plus du romancier croate Miroslav Krleza, la figure de celui qui dit non au jeu social, aussi doucement que fermement, a trouvé de belles illustrations, mais la plus émouvante reste sans doute celle du jeune scribe Bartleby, employé dans un bureau de Wall Street et limitant progressivement son activité en opposant, aux multilpes ordres et propositions de son patron, un doux et têtu « je préférerais pas… », traduction plus ou moins satisfaisante de « I would prefer not to… »
De cette magnifique nouvelle d’Hermann Melvlle, où s’entremêlent le refus à la fois exaspérant et mystérieux de Bartleby (préfiguration du « zéro » social d’un Robert Walser) et l’indignation frottée de grande compréhension de son employeur, Daniel Pennac propose ici une lecture vivante et prenante, dont les coupes ne se voient quasiment pas. Après écoute des sublimes dernières pages évoquant ces êtres de plus en plus nombreux aujourd’hui qu’une société productiviste à outrance et impitoyable condamne au rebut, l’on n’a de cesse de (re)lire la nouvelle complète, disponible dans la collection de poche Folio (No 2903).
A préciser enfin que Daniel Pennac fait précéder sa lecture d’une introduction non moins bienvenue.


CD Gallimard, A voix haute. Daniel Pennac lit Bartleby le scribe d’Hermann Melville.

Commentaires

  • Ce commentaire n'a rien à voir avec cette note, mais je ne retrouve plus la note, justement, où vous parliez de votre habitude de lire plusieurs livres à la fois.
    Je n'ai jamais réussi cette "prouesse" : un livre prend toujours le dessus sur l'autre, il y a toujours un délaissé qui attendra son tour... Mais en ce moment, je lis en même temps "Das Versprechen" de Dürrenmatt et "L'homme à tout faire" de Walser, et je crois comprendre l'intérêt qu'il y a à ces lectures "simultanées" : des échos entre les deux textes, et aussi quelque chose comme une distance, une ouverture - je ne sais pas comment définir ça.
    En bref, je réapprends à lire. Et c'est passionnant !...

  • Ciao Bruno - et comment qu'il a un rapport, ton commentaire, avec Bartleby, puisque celui-ci pratique la même forme d'abstention progressive, qu'on appelle parfois résistance passive, que le doux Walser, qui s'est progressivement retiré d'un monde qu'il estimait inutilement agité pour se concentrer sur son "modeste coin", sans cesser pour autant d'être vivant et attentif. Si tu lis La promesse, je te recommande le petit bouquin qui vient de paraître sur Dürrenmatt - et je tai dit que je te réservais le cahier de L'Herne sur Gary (reçu à double) et L'Affaire homme en Folio. Tout ça est à lire en même temps parce que ça parle de la même chose. Aussi m'a amusé la lecture contiguë de Quelle nuit sommes-nous ? de Hafid Aggoune, qui évoque une fugue, et Fuir de Jean-Philippe Toussaint, traitant le même thème de manière beaucoup plus superficielle. A présent je finis de lire le nouveau roman, formidable, de Carlos Fuentes, et le recueil de tous ses entretiens, et j'ai revu hier Main basse sur la ville, le film-monument de Francesco Rosi, qui aborde les relations entre l'économie et la politique avec la même rigueur que le fait Fuentes dans Le siège de l'aigle, magnifique roman politique qui évoque à la fois Dumas et Stendhal, Sun Tzu et Machiavel...

  • Ah oui, c'est juste, vous m'aviez parlé de "L'affaire homme", que je me réjouis de lire, ainsi que ce "Cahier de l'Herne" (je ne sais même pas à quoi ça ressemble, un "cahier de l'Herne", mais si j'en crois ce qu'on en dit, c'est très intéressant).
    J'ai lu récemment je ne sais plus où que Romain Gary entrait petit à petit dans le cercle de ces auteurs qui résistent au temps - à la suite de Proust, Sartre, Camus, et compagnie. Ca me fait très plaisir, parce qu'à mon avis, on ne vantera jamais assez la littérature de mon ami Gary !...

  • La seule bonne traduction du célèbre « I would prefer not to » est « j'aimerais mieux pas ». Me souviens plus qui l'a proposée en premier, mais il me semble que c'est assez récent – une dizaine d'années, je crois.

  • Je ne suis pas du tout d'accord. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de seule bonne traduction ? Vous préféreriez plutôt pas la traduction de L'Enfer de Dante par Jacqueline Risset ou plutôt encore moins pas celle de François-Marie Hugo ?
    Moi je préférerais, pour Bartleby: je would bien préférer pour vous faire plaisir n'est-il pas ? quoique plutôt pour rien au monde en définitive".
    J'aimerais mieux pas, c'est du français clair et limpide sans rien de la distorsion toute britiche du would prefer qui est à la fois doux et sans contredit, qui se donne et se retire en même temps, genre je t'aime moi non plus.
    J'aimerais mieux pas ne fait que se retirer prudemment, ce n'est qu'une dénégation polie, tandis que dans le would prefer not to il y a en fine filigrane: oui patron mais je t'emm...

  • Par « seule bonne traduction », j'entendais seule traduction à peu près fidèle ET correspondant à une manière s'exprimer en français qui ne sente ni la traduction ni la maladresse.

    Aucune tentative de restitution, hormis « j'aimerais mieux pas », amha, ne cadre avec ces deux objectifs. En tout cas, tout mais pas ces affreux « je préférerais ne pas » que j'ai vus sous la plume de je ne sais plus quel traducteur !
    (Sans parler du casse-tête des doubles ou triples négations fréquentes chez Melville…)

    Ou alors il faudrait inventer et interpréter, ce qui reviendrait à trahir l'ambiguïté voulue par Melville (idem avec l'intraduisible « Ah Bartleby! Ah humanity! »).

  • Une note sans doute sans a-propos, mais lancée comme une bouteille à la mer (quoique !) J'attends depuis des lustres un Cahier de l'Herne sur Cioran. Quelqu'un parmi vous, Messieurs aurait-il l'amabilité de m'éclairer ?

  • Nom : Google
    Prénom : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Herne
    Message : « Fin 2000, Constantin Tacou sort son dernier « Cahier », le numéro 74, consacré à August Strindberg. Son dernier rêve d'éditeur, un « Cahier » Cioran, est toujours en chantier et devrait paraître en 2009. »

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