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Notes à la volée


Il est un moment, chez les écrivains « sur l’âge », où la littérature ne tend plus qu’à une sorte de conversation essentielle sur la vie, comme je me le disais déjà en lisant Ravelstein de Saul Bellow.

Ce qui est réellement exprimé devrait gagner en consistance.

Un jour il faudra que je décrive le phénomène de l’obsession, telle que je l’ai vécue à un moment donné ; et comment je m’en suis débarrassé, ou plus exactement: comment elle est devenue détail de l'ensemble.

Ne plus parler de la chose à faire, mais la faire.

Edmond Jaloux parle du caractère d’anormalité de Marcel Proust, à tous égards extraordinaire, en précisant cependant le type de complexion de l’écrivain, sans pareil au XXe siècle, puis il en détaille les aspects de l’œuvre, la fresque sociale et les insondables intuitions psychologiques, et ce qu’il préfère qui ressortit à la poésie et rapproche Proust de Shakespeare : « Il y a chez Proust une sorte de comédie féerique, qui se joue de volume en volume, et qui est traversée par les mêmes éclaircies de beauté, les mêmes poudroiements d’irréel qu’il y a dans Comme il vous plaira ou La Douzième nuit. Brusquement, dans son examen sarcastique et minutieux de la vie mondaine, Marcel Proust s’interrompt presque sans transition. C’est que quelque chose de la Nature vient d’intervenir, de lui apporter sa bouffée et sa couleur, ce qu’il est impossible de ne pas tout interrompre pour chanter ce monde avec autant de fraîcheur que Théocrite ou que Virgile. »

Que l’amour est ma seule mesure et ma seule boussole : j’entends l’amour d’L.

Evoquant la « contemplation du temps » à laquelle s’est livré Proust, Edmond Jaloux écrit « qu’on voit aussi à quel point nos sentiments sont, en quelque sorte, des mythes créés par nous-même pour nous aider à vivre, des heures de grâce accordée à notre insatiabilité affectueuse, mais des heures qui n’ont pas de lendemain, puisqu’il nous est parfois impossible de comprendre, quand le vertige que nous communique un être est terminé, de qui était fait ce vertige ».

Tout faire pour échapper au magma des médias, même en y jouant son rôle.

Se purger de ce que Milan Kundera appelle l’eau sale de la musique. Sauf que, moi, j’aime le rock, et voilà.

Ces prétendus créateurs qu veulent être payés dès qu’ils font quoi que ce soit. A mes yeux : des faiseurs.

Travailler n’est pas pour moi remplir le vide des heures mais donner du sens à chacune de ces heures et en tirer de la beauté, laquelle n’est qu’une intensification rayonnante de notre sentiment d’être au monde

D’où viennent les frustrations ? D’où vient le ressentiment ? D’où viennent les pulsions meurtrières ? C’est à ces questions que répondent les romans de Patricia Highsmith.

Je n’ai qu’à recopier ceci, de Calaferte, que j’ai vécu, ces dernières années, plus souvent qu’à mon tour: «En amitié, les déceptions nous sont plus tristes qu’amères. Il s’était établi un courant de confiance qu’on croyait inébranlable, puis intervient la fissure nous laissant comme démuni. Ce qu’on comprend difficilement, c’est qu’on puisse en ces régions de la sensibilité agir avec une complète désinvolture insouciante, comme on le voit fréquemment de la part de certains qui, pour nous séduire, ont usé de l’attrait de leurs qualités, tout à coup lâchant bride à l’indifférence froide qui, au fond, les mène». Je souligne cette expression si bien appropriée à certains de mes feus amis: «l’indifférence froide»…

Je me dis souvent que je vis entouré de morts : mes chers disparus, mais aussi les amis perdus et pas mal de morts-vivants qui remuent alentour, qui me semblent à vrai dire moins vivants que les morts qui vivent en moi.

Aux yeux de certains je fais figure d’extravagant incontrôlable, pour d’autres je suis celui qui a cédé au pouvoir médiatique, mais ma vérité est tout ailleurs je le sais, n’ayant jamais varié d’un iota, ne m’étant soumis à rien d’autre qu’à ce qui m’anime depuis mon adolescence, ou ce que je dirai : ma seconde naissance. Or ce qui reste sûr, à mes yeux, c’est que je ne me résignerai jamais, contrairement à tant de compagnons de route d’un temps qui se sont arrêtés en chemin ou que la vie a amortis – jamais ne consentirai ni ne m’alignerai pour l’essentiel.

 Gouache de JLK, d'après Czapski. Figures de Lucian Freud.

Commentaires

  • Merci pour ce texte, cher extravagant. Merci pour ces "jamais".

  • D'accord avec la conception de la beauté : intensification rayonnante de notre sentiment d'être au monde.

  • Beau texte en effet, cette attitude implique un certain sens de la solitude, plus exigeante elle est aussi riche sans doute de cadeaux à venir...

  • Plus qu'au texte magnifique, j'adhère et ressens ce cri...
    Garder son cap sur le difficile chemin parmis les morts-vivants, aimer malgré tout sans jamais renoncer et lutter jours après jours contre ses propres démons pour rester un homme libre et fier...
    Mais qui aime quand je t'aime? Mais qui j'aime quand je t'aime?

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