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Le don des larmes

9f6dedfc322a6ca49c064dd3d0495b67.jpgA propos de L'enfant des frères Dardenne

On se sent très pur en sortant de L’enfant des frères Dardenne : on se sent purifié, on se sent comme lavé par les larmes de Bruno et Sonia, après deux heures dures et sans autre répit que quelques jeux de gamins, deux heures comme la vie de ces deux grands gosses naufragés s’accrochant l’un à l’autre et se retrouvant finalement dans les larmes après trop de galère et de mensonge.
C’est un film de jungle urbaine où Bruno, qui n’a rien reçu, vole, ment, vend l’enfant que Sonia lui ramène, puis revient. C’est un film d’amour sous couvert de nécessité désastreuse et de démerdise, où l’on revient. Rien ne me touche plus que le geste de quiconque revenant sur ses pas. Rien n’est jamais condamné à vie par celui ou pour celui qui revient. Et lorsque Bruno a entraîné le petit Steve si loin que celui-ci tombe aux mains des flics, là encore il revient par loyauté. C’est un film d’enfants perdus rappelant, en version contempraine, les uccellini uccellacci de Pasolini ou les Olvivados de Bunuel, dont me revient à l’instant la séquence où Bruno, tabassé par des mafieux et rejeté par Sonia, se réfugie dans une espèce de cercueil en carton, au bord du fleuve. C'est un film de violence et de tendresse que traverse un arc électrique, c'est un double bloc d'enfance fracassée qui s'ouvre finalement sur cette catharsis muette et bouleversante des larmes partagées…

L'enfant est disponible en DVD

Commentaires

  • J'ai ressenti la même chose à la sortie du film des frères Dardenne et, aussi, me sont revenus en mémoire les personnages de Pascale Kramer, ceux de L'Adieu au Nord précisément, que je trouve très proches de cet univers, où tout se situe à la limite du supportable, où tout peut basculer, mais pas forcément.

  • Le rapprochement que vous faites entre l'univers de L'enfant et celui de L'Adieu au nord recoupe exactement mes propres observations: Bruno est à peu près muet, comme l'Alain de L'Adieu au nord, mais on sent Sonia plus solide quand même que Patricia, enfin plus mère instinctive, et les deux personnages des Dardenne sont quand même plus joueurs, plus gamins que ceux de Pascale Kramer. Mais ce sont tous des orphelins, des "sinistrés" d'une société qui est plutôt une "dissociété", comme ceux aussi de Ken Park ou des meilleurs romans de Philippe Djian. Ce qui me frappe surtout, comme aussi dans L'Esquive, c'est de voir les sentiments les plus nobles (la loyauté, notamment) perdurer dans un contexte de déréliction totale...

  • Oui, c'est exactement cela,
    comme vous le dites dans votre dernière phrase.
    C'est cela qui rend l'humanité:
    indestructible.

    Cette lumière ne se devine que dans la vérité,
    comme on la voit dans le film dont vous parlez.

    Bien à vous,

  • Incrayble
    film
    retour
    au
    vital
    homme
    nu
    bras
    tendus
    vers
    l'enfer
    une
    vie
    un mirage
    rage
    mi
    .

  • "Lorsque le commencement d'une vie a été dominé par le sentiment de mort, le passage du temps finit par ressembler à une régression vers la naissance, à une reconquête des étapes de l'existence....."
    E.Cioran Des larmes et des saints.

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