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La fée Valse - Page 4

  • Les derviches

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    …A présent nous jouons au jeu des pendules, dit le beau Malabar, mais que ceux qui ont du poil, et seuls les grands y ont donc droit, pourtant  j’entends leur conciliabule à distance, et j’apprends, en rageant d’autant plus, que cette fois le jeu des pendules ne sera pas qu’à la longueur mais à l’hélice et au torpédo - la dernière imagination de Malabar, vraiment le top, et je me sens d’autant plus concerné, moi l’imberbe exclu, que j’ai rêvé cette nuit de derviches jetés des avions dans la mer d’Aral et ne cessant de tourner avant de s’enfoncer en mugissantes vrilles jusqu’au cœur du silence liquide…

  • Fatima

    Elle est la seule à être en mesure de dire quelle odeur règne dans chaque maison, et comment ces gens-là rangent leurs affaires, ce qu’ils oublient ou ce qu’ils cachent.
    Elle est à la fois curieuse, envieuse, fataliste et résignée. Surtout elle a sa fierté, et la prudence fait le reste. En tout cas jamais elle ne se risquerait à la moindre indiscrétion hors de ses téléphones à sa soeur, elle aussi réduite à faire des ménages, mais en Arabie saoudite.
    Dans les grandes largeurs, elles sont d’accord pour estimer que les employeurs musulmans ne sont pas moins entreprenants que les chrétiens même pratiquants. Venant d’un pays très mélangé à cet égard, elles ne s’en étonnent pas autrement. De toute façon, se disent-elles en pouffant, de toute façon les hommes, faudrait les changer pour qu’ils soient autrement.
    Dans un rêve récent, elle découvre le secret du bonheur dans un coffret en bois de rose, chez ses employeurs de la Villa Serena. L’ennui, c’est qu’elle en a oublié le contenu quand elle se réveille, et jamais elle n’oserait en parler à Madame.
    Ce qu’il faut relever enfin, pour la touche optimiste, c’est que ni l’une ni l’autre ne doute qu’elle accédera bientôt à l’état de maîtresse de maison.

  • Chippendale

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    Elles rient comme des folles paniquées et cela fait fondre mon tendre coeur de pro. Du coup je les rassure: ne vous méprenez point Madame Public, je ne suis pas la brute que vous imaginez, et c’est pourquoi je m’en vais vous en donner plus que votre content.

    Je suis le nu qui s’offre tout aux sinistrées que vous êtes. Non seulement vous aurez droit à la vue intégrale, mais au sentir, au palper, au goûter, je vais vous soulever de vos sièges et faire de votre assemblée d’inapaisées une seule vague ascendante.

    Nous n’aurons même pas besoin de dire les mots: je vous ..., vous me ..., je vous ferai ..., vous me ferez..., je vous la... dans le ... et vous me le ... dans la ...

    Naturellement votre peur m’excite, et mon état fait alors redoubler vos cris, mais ne craignez point la chose, ce n’est que le doigt d’un dieu bonne pâte, allez, on vous a fait la vie difficile, prenez donc, attrapez, tenez, serrez, faites ce qui vous botte !

  • SM



    Il lui a fallu s’y reprendre à trois fois avant d’oser franchir la porte du Sailor, mais ensuite les garçons ont eu tôt fait de l’adopter. Mine de rien, ça les flattait de compter une star de la philo mondiale au nombre des intervenants les plus assidus de leur collectif.

    Personne n’aurait été tenté de se foutre de lui quand il a débarqué avec sa casquette à ferrures et son costume tout cuir vu qu’il a joué le jeu sur toute la ligne, se montrant toujours d’une extrême gentillesse, sans rien de forcé pour autant, avec ceux qu’il impliquait dans ses combinaisons de rôles, jusqu’aux plus violentes d’apparence. Sa façon de feindre la domination sur les moins friqués de la grande banlieue, puis de renverser tout à coup le rapport et de trouver à chaque fois un nouveau symbole de soumission, nous a énormément amené au niveau des discussions de groupe, sans compter le pacson de ses royalties qu’il faisait verser par ses éditeurs à la cellule de solidarité.

    Certains journaleux, au lendemain de sa mort, ont évoqué sa double vie avec l’air de sous-entendre que ça devrait faire reconsidérer son cas, mais nous ça nous a fait hypergerber que des nuls osent s’en prendre à un mec d’une telle classe.

  • Casting


    "Je veux les matrones à dix heures pile. Tu les fais aligner dans le studio 7 et je les veux maquillées à outrance mais sans coulures. Ensuite tu m’accompagneras au studio 3 où j’ai quelques nouveaux fortiches à briefer".

    "Tu sais ce que sont pour moi les matrones", avait ajouté le Maestro à l’ancien Carlo devenu Carla.

    Or c’était trop peu dire que Carla savait, qui avait passé de l’état de fortiche à celui de matrone épanouie à larges fesses et mammelles.

    Comme le Maestro, Carla était folle d’Italie matriarcale. Tant qu’elle était Carlo, le petit mâle péninsulaire teigneux, son inquiétude de démériter sous la bannière de la Virilité l’avait empêchée de se réaliser pleinement.

    Depuis l’opération, en revanche, Carla jouissait à fond de la vie romaine, et le Maestro, qui avait naturellement méprisé le fortiche de naguère, apprécia tant la matrone qu’il lui offrit de travailler dans son gang.

    A l’heure qu’il est, Carla dirige ses castings en costume flottant de courtisane babylonienne. On la dirait sortie d’un film du Maestro, lequel n’oserait jamais, soit dit en passant, pincer la joue des fortiches comme elle le fait, parfois jusqu’à laisser sa marque.