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  • Ceux qui généralisent

     entrer des mots clefs

    Celui qui trouve que les jeunes n’ont point d’idéal point barre / Celle qui estime que les vieux n’y comprennent plus rien / Ceux qui ont toujours trouvé des boucs émissaires pour se débarrasser de leurs problèmes / Celui qui conclut à la décadence de la civilisation virile / Celle qui positive pour ne pas se liquéfier comme une boue / Ceux qui affirment que tous les pédés sont des coiffeurs / Celui que l’esprit sécuritaire a transformé en vigile du quartier des Seniors / Celle qui n’était pas à la manif mais qui estime que les voyous c’est les voyous / Ceux qui de toute façon se foutent de tout ce qui n’est pas l’état des pistes de snowboard / Celui qui va vers l’amputation d’un pas résigné / Celle qui préfère souffrir que se faire chier dans le positivisme punitif de la social-démocratie ambiante / Celui que son propre romantisme fait sourire mais qui n’en démord pas plus que de sa tendance à se laisser pousser les cheveux style Musset ou Neil Young / Celle qui préfère le Brésiliens fessus / Ceux qui ont plus souffert sous la surveillance des chiennes de garde du Politiquement Correct que sous Ponce Pilate / Celui qui change l’eau des poissons qu’il met à bouillir pour la tisane de Maman Sirène / Celle qui a le délire joyce / Ceux qui n’ont jamais pris très au sérieux le petit Marcel comme ce fut le cas de sa Maman d’où ce gros machin compulsif qu’on appelle La Recherche / Celui qui fait courir le bruit que ce n’est pas Houellebecq mais Beigbeder qui écrit les romances de Marc Levy / Celle qui écrit des poèmes minimalistes sous le pseudo de Julie Derrida / Ceux qui considèrent l’évolution de l’art contemporain comme une illustration de la théorie négentropique du fils illégitime de Kurt Vonnegut hélas happé trop jeune par un courant d’air de l’Espace/Temps, etc.

    Image: Philip Seelen.

  • Léautaud à l’apéro


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    Citations à la venvole

    C’est cela, la vie. On travaille, on fait des livres avec des tas de salutations à Pierre et à Paul. On attend la gloire, la fortune – et on claque en chemin.

    ***

    Tout ce qui constitue cette époque me dégoûte par sa bêtise et sa laideur.

    ***

    Il faut plaindre une époque de ne pas mieux comprendre l’esprit, de l’aimer si peu et de le supporter si mal.

    ***

    Disparition de l’esprit de fronde, de l’esprit satirique. Le gavroche loustic, qui dégonflait les baudruches sociales d’un lazzi, n’existe plus.

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    La moquerie s’en va, quand on vieillit : on est trop blessé du spectacle des hommes.

    ***

    Il est six heures du soir. Je vais préparer les quatre pommes de terre de mon dîner. C’est là invariablement la composition de mes repas : quatre pommes de terre. Il faut de la régularité dans la vie. La régularité dans la vie, c’est d’avoir de bonnes mœurs, même à table.

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    Il est difficile d’avoir de l’esprit avec des gens bêtes.

    ***

    Il n’y a décidément rien de plus imbécile que ces gens qui se parent de ce titre : les intellectuels.

    ***

    Rien ne fait mieux écrire que d’écrire sur ce qu’on aime.

    ***

    Les beaux livres, décourager d’écrire ? C’est comme si vous disiez qu’ne jolie femme décourage de faire l’amour.

    ***

    Cela ne nous regarde pas, l’effet que peut produire un livre. On écrit. Un point c’est tout. Ce qui peut en résulter n’a pas d’intérêt. On ne doit pas s’en occuper. Le vrai compte seul, s’il est humain. La notion d’utile ou de malfaisant, de vertu ou de vices et sans intérêt.

    ***

    Savoir bien écrire mal, dis-je quelquefois.

    ***

    Annonce de la sottise d’aujourd’hui : l’art pour le peuple.

    ***

    Qu’on fasse la guerre avec des gens de métier, qui en ont le goût, à qi cela plaît, qui aiment donner des coups et en recevoir, mais prendre chez lui un homme tranquille, pacifique, voué aux choses de l’esprit et l’envoyer tuer et se faire tuer ! Voilà la civilisation.

    ***

    Prodigieux qu’on emploie maintenant de la façon la plus naturelle cette expression : matériel humain. Matériel humain comme on dit des canons et des fusils. Il y a seulement deux cents ans, cette expression aurait fait bondir. L’idée aurait révolté que tout le monde dût aller à la guerre, tuer et se faire tuer. Nous avons fait un joli progrès dans l’abêtissement et l’asservissement.


    ***

    Rien ne choque plus qu’un esprit libre, quitte de préjugés, et qui n’éprouve sur toutes choses que ce qui lui vient de sa sensibilité, sans s’inquiéter du qu’en dira-t-on ni des conventions de société.

    ***

    Tout individu ne vaut un peu que par le sentiment de révolte qu’il porte en soi.


    Image: Paul Léautaud

  • L'on lit à TULALU

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    L'Association Tulalu!?

    est heureuse de vous inviter à la prochaine édition de son café littéraire avec : 

    Jean-Louis Kuffer.

     

    Auteur primé et journaliste passionné, il sera l'invité de Tulalu!?

    le lundi 5 décembre à 20h30

    au premier étage du café Lausanne-Moudon.

     

    Le thème de la soirée: 

     

    La mémoire créatrice

    Le retour quotidien, et en constante évolution, de tout ce qui a été capté dés l’enfance et de tout ce qui continue de l’être, à tout moment transformé par ce que nous sommes aujourd’hui et par l’écriture elle-même. La mémoire nous lie évidemment à ceux qui nous précèdent, mais également à ceux qui viennent et qui nous font revisiter le présent. La mémoire est une recréation constante.

    Pour illustrer sa vision d’une mémoire en constant re-devenir, JLK lira des extraits de plusieurs de ses livres travaillés par cette démarche.

    BookJLK7.JPGDans Par les temps qui courent (Campiche, 1995) : Soleil d’hiver, évocation d’une jeunesse bohème dans le Vieux Quartier de Lausanne.

    BookJLK3.JPGDans Le Pain de coucou (L’Age d’Homme, 1983). Diverses séquences de cette première évocation d’une enfance partagée entre deux cultures romande et alémanique.

    Enfant9.JPGDans L’Enfant prodigue (D’autre Part, 2011). Deux extraits de cette nouvelle remémoration recréatrice du Temps qui passe.

    Dans Rhapsodies panoptiques. La présentation d’un nouveau projet narratif inscrit dans le temps présent et brassant toutes les époques en consonance.

    JLK sur la Toile

    Carnets de JLK : http://carnetsdejlk.hautetfort.com/

    JLK sur Facebook : http: //facebook.com/people/Jean-Louis_Kuffer/1438776315

    Passion de lire, blog littéraire de 24 Heures : http://passiondelire.blog.24heures.ch

     La Maison cinéma, blog cinéphile de 24Heures :  http://leopard.blog.24heures.ch

    Sur JLK

    http://blogres.blog.tdg.ch/archive/2011/02/18/l-enfant-prodigue-par-jean-louis-kuffer.html

    Rencontres littéraires TULALU ?!   

    079/791.92.43

    www.tulalu.wordpress.com      

  • Ceux qui se bougent

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    Celui qui a des poèmes dans sa poche / Celle qui est là pour surveiller son ex / Ceux qui vont poser des questions gênantes / Celui qui (pense-t-il au fond) n’a rien à faire ici / Celle qui préférerait une lecture de Réjan Ducharme mais même sur le plateau de Mont-Royal ça s’est jamais vu alors ne cherche pas Tulalu / Ceux qui se sont juste mis à l’abri du froid en passant ce soir par là par hasard / Celui qui lit un bout de Voyage tous les matins pour se remettre en train / Celle qui lit en train mais ne philosophe que dans son bain / Ceux qui vont suer ce qu’on leur a lu au sauna du SPA Tumavu / Celui qui s’ébroue dans les mots des autres / Celle qui entend lire tout haut des choses qu’elle n’entend même pas tout bas / Ceux qui se sont regroupés en intermittents de la lecture / Celui qui écrit de la poësie avec tréma / Celle qui cherche à retrouver le climat de la salle de lecture de la 42e Rue quand il neigeait sur Times Square / Ceux qui aiment les mots doux et parfois les mots durs ça dépend des fois / Celui qui s’étonnera sûrement de ce qu’il va lire ce soir vu qu’il l’a écrit hier et peut-être même avant-hier / Celui qui fait le décompte de ses prétendus 1860 amis de Facebook qui ne sont pas là ce soir / Celle qui te parle du premier recueil de poèmes de son fils adoré et te demande si Tulalu / Ceux qui se rappellent que Paul Léautaud se foutait du précieux Jean Paulhan qui avait écrit quelque part « l’on la lu » et le méchant drôle de l’appeler messire Lonla / Celui qui se refait la route 66 pour s’imprégner de Kerouac en 3D / Celle qui lit On the Road en japonais / Ceux qui se sont perdus de vue dans le quartier des librairies de Kanda (Tôkyo, Japon) et se retrouvent à la Pensée sauvage du Pont (Vallée de Joux) / Celui qui s’apprête à lire comme le Roi de Shakespeare / Celle qui t’appelle son oiseau-lyre / Ceux qui s’en jetteront un après ce délire, etc

    Image : Philip Seelen    

    (Cette liste a été jetée sous la première neige pour être lue en première orale mondiale lundi soir 4 décembre à l’enseigne de la soirée de l’Association Tulalu consacrée aux écrits du soussigné)

  • Et Quentin déboula !

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    Un jeune écrivain se pointe au coin du bois. Et quel ! Retenez ce nom: Quentin Mouron. 

    On entend ces jours des tas de bonnes nouvelles. Comme quoi la Crise. Les effondrements partout. Les indignés en tache d’huile. Misère et colère aux entournures des déserts et des villes polluées. Mais là, ce matin, tout neuf, j’ai du plus joyce qui me réjouit comme jamais et toujours et  encore : la venue au monde d’un écrivain !

    Tout jeunot mais en sachant déjà long sur La Chose, j’dirai : la musique des mots et des choses. Crépitant de talent comme un essaim d’étincelles mais pas que pour l’effet ! Vraiment piqué poignant l’Quentin Mouron ! Déjà ce nom ! Et cette papatte ! Cet instinct sûr presque à tout coup. Je ne dis pas parfait loin de là mais presque. Mieux que parfait : intense et décidé. Fin d’antennes et de lame. Célinien jusqu’au bout des griffes. Parfois un peu trop même dans le phrasé rythmique et les rimes internes. Pêche de jeunesse qui fruitera dans la foulée. Mais cette vieille jeunesse du regard. Pas molle mais grave, vive, incisive, véhémente, charnelle et hypersensitive dès la première page abouchée au réel. Los Angeles en panoramique et ensuite l’Amérique par le détail. Or on sait que dans le détail gît le dieu musicien. Et voilà que dès la première page d’Au point d’effusion des égouts  ce dieu-là pétille de neuve braise et vous incendie.

    J’précise, chose annexe, que Quentin Mouron, Canadien et Suisse d’origine, n’a que vingt-deux ans et sans rien pour autant du chiant «djeune » genre attention j'arrive y a que moi ! Ou presque pas. Déjà rusé comme un bronco de rodéo le poulain piaffant. Déjà vous alignant des sentences à la Ferdine, parfois un peu voyantes, mais ça lui passera avant que ça vous reprenne et ce premier galop est étourdissant en toute lucidité tripale si j'ose dire -  et j'ose;  et j’y reviendrai plus souvent qu’à mon tour…

    Quentin2.jpgQuentin  Mouron. Au point d’effusion des égouts. Olivier Morattel, 137p.

  • Le génie de Gina

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    Eugénie Rebetez vous attend ce soir et demain à L’Echandole. Pour un show à pleurer de rire et de bonheur.

    Elle couine et marmonne, elle danse et se contorsionne, elle joue avec son corps charnel avec autant de rouerie narquoise que de tendre bonhomie, elle est à l’aise dans sa chair généreuse autant que sous tous les masques que prend son visage – c’est une super souris (c’est ce qu’on disait jadis d’une fille craquante ) et une sorte d’éléphante trépignante quand elle l’entend ainsi, elle est ballerine enveloppée à la grâce qu’elle aime casser à volonté, elle aime sa vie et ses couacs, elle nous fait aimer notre vie et nos propres faux pas – c’est en somme une humanité à elle seule que Gina qui nous rappelle à la fois Zouc et Isadora, les Mummenschanz et la clownesse Gardi Hutter, mais avec sa touche à elle, sa patte, sa gouaille de petite fille restée Mimi Cracra ou ses multiples personnages grappillés vite fait à la Comédie sociale, de la star rockeuse d’Aérobic effréné  à la rappeuse, ou de la diva danseuse gorillant divinement  un air d’opéra aux  plus inénarrables facéties oscillant entre pitrerie et poésie.

    Bref, c’est une artiste d’une formidable originalité qu’Eugénie Rebetez, Gina sur la scène, qu’on peut voir ces jours à Yverdon-les-Bains et ce jusqu’à demain soir.
     

    Gina1.jpgYverdon-les-Bains. Théâtre de l'Echandole, jusqu'au 3 décembre.