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  • SMS

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    … Je ne sais pas comment te le dire mais j’ai le sentiment d’être tellement légère en pensant à toi, je marcherais sur les rivières pour te revenir d’un lac à l’autre en passant par les glaciers dont l’eau des crevasses est du même bleu blanc sableux que tes yeux de noiraud mal rasé, tu es à la fois mon arbre et le creux dans lequel j’aime à me lover pour te dire des trucs à l’oreille, mais là faut que je te quitte, j’ai moins le temps que le lac, je la fais hyper-court : LOVE U +++ Je T’M…

    Image: Philip Seelen

  • Polysémie

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    … La récurrence des motifs symboliques du Faucon et de la Main, dans les derniers collages d’Alusane, nous interpelle d’autant plus que la rupture du père et de la mère est survenue au retour du dernier pèlerinage de celui-là, dont on sait le goût pour Le Voyage des oiseaux, et nous allons donc nous demander en quoi ces Figures (La Main, L’Oiseau, le Pèlerin) font sens, mais dans l’immédiat j’aimerais que nous investiguions sur l’insistance avec laquelle Sofia rappelle que le jeune Nigérian l’a griffée et mordue lors de leur dernier entretien, qui risque de nous faire dévier de la Voie suivie par notre groupe de Psycho/Poétique dont la revue Polyèdre latent, je vous le rappelle, vient de saluer les avancées au niveau de l'approche de l'Ailleurs…

    Image: Philip Seelen.

  • Déclaration

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    …Moi j’aime Paris, j’veux dire : les rues de Paris, les maisons de Paris, le blanc des murs des maisons de cinq étages de Paris, et les femmes de Paris : j’veux dire les jambes des femmes de Paris qui sont plus fermes de se faire tous les jours les escaliers des cinq étages des chambres de bonnes de Paris, voilà ce que j’veux dire quand j’te dis que j’aime Paris…

    Image : Philip Seelen

  • Obsession

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    …Je ne sais pas à quoi vous pensez, Monsieur Lelouf, votre façon de me regarder ne me semble pas appropriée, voyez-vous, n'oubliez pas que votre condition de retraité de l’Etat vous oblige à certaine discrétion et d’autant que je vais moi-même sur mes trente-sept ans de service en qualité de caissière à La Vie assurée…  

     

    Image : Philip Seelen

  • Ceux dont la joie irradie

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    Celui qui se guide aux couleurs filtrant encore dans le brouillard de sa cécité / Celle qui veille derrière la porte bleue / Ceux qui se rapellent les parties d’échecs de légende / Celui qui refuse de se croire important / Celle dont l’absence est ressentie / Ceux qui aiment l’or rouge du thé Assam / Celui qui s’introduit de nuit dans le bureau du directeur pour téléphoner aux ambassades arabes du monde entier par manière de vengeance / Celle qui commande un lieu noir au maître d’hôtel à babines de prédateur sexuel / Ceux qui s’aiment dans l’hôtel en ruines / Celui qui remet d’aplomb ses lunettes à la mode avant de dire à son fils qu’il n’est qu’un perdant / Celle qui découvre une chauve-souris dans sa chambre de jeune mariée / Ceux qui sont sûrs que le Seigneur en fera voir aux méchants / Celui qui soigne la calligraphie des lettres d’injures que par principe il n’envoie jamais / Celle qui affirme ne vouloir pas vivre dans un monde sans cathédrales / Ceux que révulsent la monotonie et la raideur des uniformes / Celui qui aime voir les gens prier / Celle qui boit les paroles du prêtre andalou / Ceux qui résistent à la dictature des slogans / Celui qui aime la force poétique de l’Ecriture sainte / Celle qui hait la cruauté de l’Ecriture sainte / Ceux que leur infatuation n’empêche pas de se prosterner devant un Dieu qu’ils imaginent botté et casqué / Celui qui se rebelle au nom de la joie de penser / Celle que son allégresse préserve de la cruauté de son confesseur / Ceux qui pèsent les mots sur une balance sans mesures inscrites / Celui qui reste fidèle à sa fidélité / Celle qui estime qu’une vie immortelle serait d’un ennui mortel / Ceux dont la joie irradie le vitrail du monde, etc.

    JLK, Première neige sur l'arrière pays. Aquarelle, 2005.

  • Fashion victime

     

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    …Déjà que Jean-Patrice m’enfonce le manche de son couteau de chasse  dans l’oeil pour le numéro de mars, alors que j’avais trois castings hyper-importants dans la foulée, fallait quand même vachement assurer par rapport à ma Top Position, et j’te dis pas les séquelles que ça risque d’entraîner sur la cornée du cristallin et tout le bazar, mais là, le plan du numéro d’avril où je me fais couper la fesse, je veux bien qu’on m’ait endormie et que je n'ai eu vraiment mal mal mal qu’au réveil, mais maintenant faut que l’Agence passe à la caisse : je vais pas me laisser bouffer le cul comme ça - ou alors c'est carrément le Syndicat...  

    Image : Philip Seelen  

  • Un bon Aryen

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    …Et vous célébrez ce Darwin, cet Anglais à pilosité grave, qui prétend que nous descendons de ça, mais nous avez-vous regardés, voyez-vous le moindre lien entre ce faciès et nos fringantes figures, percevez-vous la moindre parenté entre cette créature tremblant visiblement de nous voir et notre allure allante, nos fiers yeux bleus, notre profil grec et nos mensurations romaines – et le Surhomme alors, de qui descendra-t-il, à votre avis ?
    Image : Philip Seelen

  • Nostalgie

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    … On dirait des larmes dans la brume de mémoire, on dirait Venise ou Florence mais c’est tellement plus dans nos souvenirs, genre Quartier latin de province, on dirait un palais comme à Pérouse mais c’est pas tant ça: ça c’était juste l’Université alors que ça se passait derrière, dans le bourg genre Montmartre avec les trappes d’étudiants et les bars à la Vian, les librairies et la bohème sous les toits, l’envie de se flinguer tous les soirs d’amour incertain - de dieu ce que c’était bien…
    Image : Philip Seelen

  • Prise de tête

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    …Quand je dis: ce que je sais, ou quand je dis: c’est la vie qui veut ça, tu crois que j’ai pas réfléchi, tu me prends pour un blaireau ou quoi ? Je dis: c’est pas facile, ou je dis:  c’est fini Miss Molly, alors tu crois qu’elle va s’en tirer la meuf ? Non non non : une fois que j’ai donné j’ai trop de peine, alors je construis des murs autour et j’ai le cœur fermé…

    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui freinent à la montée


    Pour mon ami dit le GrecoPanopticon1035.jpg


    Celui qui s’affaire à promouvoir la décréation / Celle dont les collègues fleuristes disent qu’elle se prend pour Picasso avec ses collages abstraits dont la première expo a fait un tabac / Ceux qui t’ont toujours dit que tu écrivais trop / Celui qui ne comprend pas que son fils Ewald perde son temps à lire alors qu’il y a tant à faire au niveau des produits structurés / Celle qu’on dit l’Inquisiteur de la faculté des lettres en matière de rigueur scientifique et d’exclusion des éléments douteux / Ceux qui voient d’un mauvais œil la tradition de mécénat (à perte) établie dans leur belle-famille qui les obligent aux Assemblées générales à fréquenter des artistes le plus souvent adultères ou drogués / Celui qui s’est battu comme Don Quichotte contre ceux que son génie architectural dérangeait et qui les nargue aujourd’hui dans son cercueil de verre translucide tandis que retentit le discours de Malraux à la mèche rebelle / Celle qui a tout fait pour éloigner sa filleule Priscilla des milieux médiatiques qui ont célébré son premier roman mais dont on connaît les mœurs dissolues / Ceux que la découverte d’un nouveau talent consterne à tout coup / Celui qui sape tout ce qui se fait dans son Service qui pourrait échapper à sa gouverne de crypto-scientologue / Celle qui s’en remet aveuglément à la Vision Totale de Ron Hubbard pour la gestion de son mental et de son héritage / Ceux qui estiment que le Goncourt à une métisse et le Médicis à un créole constituent un mauvais exemple pour les nettoyeuses et nettoyeurs de l’Entreprise qui pourraient avoir envie d’écrire / Celui qui écrit à Beigbeder pour lui demander sa recette après qu’il a dit à la télé qu’écrire permettait de gagner un max de thune / Celle que les dames du Groupe Tricot de la paroisse des Oiseaux critiquent pour le sacrifice qu’elle a consenti afin de soutenir la carrière de son fils Eusèbe dont le prétendu génie musical a été célébré par l’ancien pasteur Enderlin qui vit maintenant paraît-il avec un Tamoul non mais vous vous rendez compte / Ceux qui déplorent qu’il n’y ait pas de prix Nobel de la chasteté dans les pays comme l’Afrique, etc.


    (Ces notes ont été jetées en marge de la lecture de Saga Le Corbusier, remarquable roman de Nicolas Verdan qui vient de paraître chez Bernard Campiche et ressaisit la cohérence profonde d’une vocation créatrice dont la flèche traverse le chaos de tous les désirs, de toutes le curiosités et de tout ce qui obstrue la bonne lumière du jour…)

    Image: Philip Seelen

  • Le Pari du Parti

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    …Donc là t’as vraiment la signalétique qu’on voudrait donner pour la nouvelle promo du Parti, à gauche t’as la lumière, j’veux dire: le réverbère c'est clairement la possibilité de la lumière, le changement possible si le Parti fait enfin passer le courant, tandis qu’à droite, j'te fais pas un dessin, t’as carrément le signal du retour en arrière, j’veux dire: la droite, quoi…
    Image : Philip Seelen

  • Classe moyenne

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    …Ce qui distingue essentiellement l’Europe des années De Gaulle-Adenauer-Derrick de la génération mondialisée Brad Depp, c’est l’esthétique du pyjama et du caleçon de coton, chez les garçons, ainsi remarque-t-on un clivage profond entre le Gallois ou le Danois ou le Finnois ou le Viennois ou le Genevois ou le Bâlois ou le Cannois ou le Chinois de 53 ans et leurs fils de 13 à 33 ans dont il est exclu de penser qu’ils vont se présenter à leur premier flirt dans cet appareil bleu pâle ou blanc bandemou  leur serrant le sac comme une gaine à l’ancienne genre Scandale - d’ailleurs c’est vite dit : tu en restes à Calida, tu abdiques, t'es fini: t’es pour ainsi dire le blaireau bon à jeter…
    Image : Philip Seelen.

  • Vice et versa

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    …Donc le fils vient me voir au champ avec le journal et me dit : tu vois, le père, c’est marqué : y font carotte avec les moutons, et pourquoi c’est-y que tu ferais pas carotte avec la chèvre, mais te trompe pas de côté, alors je fais carotte à Pirouette et ça me manque pas, c’est pas pour rien qu’on la appelée comme ça - et la chèvre qui mord, vingt dieux, y a que la carotte qui sait ce que c’est…

    Image : Philip Seelen

  • In Memoriam

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    …Sans doute notre trisaïeul eût-il préféré l’Académie, mais vous savez ce que sont les embûches de la Voie Royale, et les jalousies que soulevait alors un authentique  Prince  de l’alexandrin, son Journal en témoigne d’ailleurs à mots couverts quand il y est noté, jour après jour, qu’Orphée souffre - or cela ne méritait pas, par devoir de mémoire et reconnaissance cantonale, que nous lui fassions couler un bronze ?...

    Image : Philip Seelen   

  • Ceux qui intriguent

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    Celui qui a tout fait pour que son ex accède au poste de cheffe de bureau en sachant qu’elle ne ferait pas le poids et qu’elle serait donc remplacée par son actuelle / Celle qui a déjoué le piège de son ex en révélant à son actuelle sa véritable orientation sexuelle / Ceux qui se racontent la story de l’actuaire du bureau trompé par son actuelle avec son ex et le taxant de candeur de communiant juste bon à faire du squash avec les cadres de l’Entreprise / Celui qui a la passion des embrouilles qui s’accentue à la période des Fêtes / Celle qui se coupe à chaque fois qu’elle fomente plusieurs complots à la fois au risque de ne plus s’y retrouver sans tenir à jour son Journal de Vengeance / Ceux qui dans la série Dallas ont toujours pris le parti de Junior et ont continué de soutenir Larry Hagman quand il a eu sa crise d’alcoolisme dont il est heureusement ressorti avec l’aide des AA jusqu’à la remontée méritoire de la série Nip / Tuck / Celui qui ne sait plus qui flatter dans cette société pourrie-gâtée qui n’a plus d’éthique / Celle qui fait circuler la rumeur selon laquelle elle entrera au couvent des taiseuses si elle n’obtient pas le poste de caissière de la paroisse catholique des Oiseaux / Ceux qui ont juré de moraliser le racket dans les réseaux de lycéens pleins aux as / Celui qui estime que le meilleur moyen de scier le groupe de rap Fuck Mozart est de débaucher la star de Shut up Beethoven, etc.
    Image: Philip Seelen

  • Gestes de kids

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    Il y en a qui croient que l’amour c'est facile à cet âge, mais c’est n’importe quoi. En tout cas dans le rêve c'est pas le rêve. Les corps sont élastiques et légers comme plus jamais après, et ce pourrait être si bon l’amour seulement physique à cet âge, rien que la peau, rien que les parfums nature, et la vigueur et la saveur de la première fois recommencée du matin au soir...

    Mais il est devant elle comme un sac, et ce qu’il lui dit est tellement à côté qu’elle ne peut se retenir de se marrer. Il n’y a qu’à la danse qu’il la fait taire quand il se presse contre elle et qu’elle le sent tout près, mais ce qui suit est forcément décevant d’un côté ou de l’autre, parce que ça va forcément trop loin ou pas assez.
    Ils se sont quand même promis de se retrouver seuls dans la chambre de sa soeur à elle, le mardi quand il n’y a personne. Il a dit à ses copains que cette fois il la tirait vite fait, mais il a peur de ne pas être à la hauteur au moment où; surtout qu'il y a quelque chose qui ne lui revient pas tout à fait chez elle, il ne sait vraiment pas quoi, c'est à fleur de peau, même si elle l'a vraiment super douce. Tandis qu'elle, c'est son odeur qui la rebute, tout en l'attirant, son odeur de linge moite et de chewing gum. Bref, j'veux dire, c'est compliqué, la vie ado dans le quartier, tu vois ce que j'veux dire - tu m'reçois ou quoi  ?  

  • Dernier shoot

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    … Tu jurerais qu’elle dort, tu te l’imagines aux anges, tout apaisée, toute sereine sous son chapeau de paille, mais c’est rien que pour la photo : ce matin elle s’est fait résilier son contrat par Pat qui la trouve trop lisse et trop chère, alors voilà je te dis que ça: Nadia c’est la vraie pro…
    Image : Philip Seelen

  • Le Monsieur

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    …Mais oui Pilou, va vers le Monsieur, l’est gentil le Monsieur, l’est pas comme ceux qu’on t’a dit, le Monsieur, l’est pas vilain, le Monsieur, l'a dit laissez venir à moi les petits filous, le Monsieur, donc t'en fais pas: tu lui prends la main et tu lui dis : bonjour gentil Monsieur…
    Image : Philip Seelen

  • Les Rothko

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    … Tu dis quoi ? T’es sûre ? Attends, t’es sûre que c’en est? T’as vu la signature ? Tu crois que ça peut se trouver que ça se trouve dans le métro ? Moi je croyais que c’était rouge ou orange… T’as vu les affiches chez Léa ? Et dans la salle de bain de Fabien t’en as un, et dans le salon des Larguier, et sur le blog de Tiziana : ils sont tous rouge ou orange ou alors avec des dégradés… Tu crois que c’est l’influence de Carla sur Sarko – alors là, si c’est le cas, le nouveau ministre, on l’a, mais traîne pas, chérie, y a du bourrage à Châtelet  !

    Image : Philip Seelen  

  • Superwoman

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    …En fait on a toujours pressenti Samantha pour le poste de leader des  consultantes du Brain Tank de l’Entreprise, et le fait que son look soit à la fois old-fashioned et flashy n’y est pas pour rien - avis à celles qui se sapent Trash…

    Image : Philip Seelen

  • Spéculations

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    …Théophraste Cambremer, Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Instruction publique et Correspondant de l’Institut, ça te dit quelque chose toi qui a de l’instruction ? Il écrivait, d'après sa plume, mais c’est rien marqué. Il a l’air de réfléchir. Tu trouves qu’il a l’air d’un philosophe ? Pas trop sévère ? Pas plutôt un pasteur ? Ah, y a une citation effacée : « L’atome n’est qu’un concept ». Et là ses dates : 1879-1905; ça fait jeune malgré la barbe. Et tu crois qu’on avait déjà découvert l’atome avant 14-18 ?
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui vivent simplement

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    Celui qui offre du rouge à lèvres Atomic à sa nouvelle passade bègue / Celle qui fait ses cumulets derrière le remblai de la voie ferrée / Ceux qui vont tantôt à voile et tantôt à vapeur sur le Canal Jaune / Celui qu’on appelle Jésus pour sa barbe et les sandales qu’il porte même l’hiver / Celle qui va mettre un terme à la carrière de malfaiteur familial de son oncle Brutus / Ceux qui espèrent toujours cultiver des orangers dans le Borinage / Celui que la demeurée du quartier des Oiseaux appelait son Prince Brandon / Celle qui fugue en rêve sur le Tramway des Prés désaffecté en 1953 / Ceux qui prétendent que les pauvres sont souvent sots et les riches toujours malins / Celui qui surgit en soutane à la douche des pubères et se réjouit secrètement d’avoir à châtier les gestes pécheurs au moyen de son fouet à neuf queues / Celle qui traverse la rue pour ne pas avoir à saluer sa mère / Ceux qui se croient quittes de tout respect humain parce qu’il sont sûrs de détenir la Vérité / Celui qui estime qu’il faut avoir de l’imagination mais pas trop / Celle qui parle du Grand Shakespeare sans en avoir jamais lu une ligne ni vu aucune pièce / Ceux qui sont convaincu d’avoir écrit LE roman de la rentrée / Celui qui s’identifie à l’Homme des bois / Celle qui se veut l’Antigone du groupe lesbien de la banlieue de Mons / Ceux qui lèchent la main de celui qui n’ose pas les frapper à cause des nouvelles Conventions de Genève / Celle qui t’a raconté les légendes de la Suisse profonde / Ceux qui se demandent si le dépôt de bilan de la General Motors aura une incidence sur le service après-vente de leur Opel Rekord / Celui qui regrette les hivers de Brueghel l’Ancien et compagnie / Celle qui se rend à grandes enjambées à la Kermesse aux boudins / Ceux qui perçoivent en eux le Combat des Extrêmes, etc.
    Image : Philip Seelen

  • L'amérique dantesque de James Ellroy

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    Le maître du thriller socio-politique clôt sa trilogie historico-panique avec Underworld USA, saga de plus de 800 pages poussées au noir.

    Annoncé comme un « événement littéraire» par son éditeur, le dernier roman de James Ellroy s’ouvre, en force, par une séquence carabinée alignant sept cadavres en trois pages. Minutés et transcrits sous la forme de sèches phrases de rapport de police, mais illico rythmées et ciselées « jazzy» par le romancier-styliste, les faits relatent un braquage d’enfer qui donne aussitôt le ton. Le 24 février 1964, à 7h. 16 du matin, un camion laitier percute un fourgon blindé de la Wells Fargo contenant seize sacs de papier (monnaie) et quatre mallettes pleines d’émeraude. Violence et trahison : l’un des braqueurs prend la fuite après avoir « explosé » et cramé ses complices. Surgit alors  le chasseur qui « arrive toujours le premier » : Scotty Bennett, qu’on retrouvera, c’est promis, comme on retrouve divers premiers ou seconds couteaux des deux volets précédents  de la trilogie (American Tabloid et American Death Trip), violents et traîtres de tous les bords, mafieux et flics ripoux, sans compter les  « grands » de ce monde non moins pourris, du sinistre J. Edgar Hoover (patron du FBI en fin de règne)  au milliardaire vampire camé Howard Hughes, en passant par un certain Richard Nixon…
     « Ce livre est construit sur des documents publics détournés et des journaux intimes dérobés », avertit le narrateur, double voyeur et truqueur de l’auteur (violence et trahison de la fiction) qui invoque la somme de son « aventure personnelle » (à commencer par sa mère assassinée quand il avait treize ans) et de « quarante années d’études approfondies».
    Du polar reflétant l’histoire contemporaine de son pays, comme dans Le Grand nulle part ou Le Dahlia noir, voici l’Histoire avec une grand hache tissant elle-même l’intrigue d’une conspiration :   « La véracité pure des textes sacrés et un contenu du niveau des feuilles à scandale »…
    Monstrueux labyrinthe ruisselant de sang et retentissant de bruit et de fureur, Underworld USA, variante de l’Enfer de Dante,  évoque la face sombre des années Peace and Love, suite funèbre de tragédies amorcées en novembre 1963  par le « Grand Moment » de l’assassinat de JFK, véritable « tournant de l’histoire », premier des complots qui virent ensuite la mort de Martin « Lucifer » King, selon le mot de l’affreux Hoover, et celle de Bob Kennedy, en avril et en juin 1968, jusqu’à la réélection de Nixon en 1972.
    A la sarabande « historique » des psychopathes du pouvoir politique et financier et des mafieux de haute volée (tels Santos Trafficante, Carlos Marcello ou Sam Giancana) se mêle une nuée d’intrigues aux personnages souvent aussi intéressants que les premiers, tels le jeune détective privé Don Crutchfield, l’agent Dwight Holly, « bras armé de la loi » et instrument des crimes de Hoover, Marsh le génie noir de l’infiltration, ou Joan Rosen Klein  la militante charismatique,  dite la Déesse rouge.
    Du sabotage de la campagne de Humphrey par les sbires de Nixon avec l’accord du FBI, à la déstabilisation des mouvements d’émancipation noirs, du financement des attentats d’extrême-droite à Cuba par le trafic d’héroïne, au soutien d’une paradis mafieux en République dominicaine, tout y passe et nous en passons : violence et trahison. 
    LireEllroy.JPGJames Ellroy. Underworld USA.  Traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias. Rivages/Thriller - 840 p.
     
    La parano du romancier
    L’œuvre de James Ellroy, magistral conteur (storyteller, comme on dit en v.o.)  du roman noir américain, est-elle comparable à celle d’un William Faulkner, ainsi que le suggère son éditeur français François Guérif ? Tel n’est pas notre sentiment, si l’on veut bien admettre que le remarquer ne procède pas d’un élitisme exclusif. Cependant, de la poésie universelle de Faulkner, dont la frise des personnages et des grands thèmes ne cessent de nous hanter et de nous poser des questions essentielles, à l’univers plombé de l’auteur d’Un tueur sur la route, de L.A. Confidential ou de l’inoubliable Ma part d’ombre (tragédie fondatrice marquée par l’assassinat de sa mère), entre autres titres, il nous semble y avoir un saut qualitatif notable, notamment lié aux standards restrictifs propres au genre du thriller. Inversement, l’on pourrait dire que Dostoïevski est un «storyteller » brouillon en dépit de son indépassable génie.
    Or ce qui frappe, dans l’œuvre d’Ellroy, est que c’est en conteur « visionnaire » qu’il exprime le mieux « son » Amérique, plus qu’en chroniqueur achoppant aux faits « réels ». On peut comprendre évidemment, du fait de son « vécu », sa vision paranoïaque des States, qui semblent livrés aux seules forces du mal. Mais comment ne pas voir que c’est dans la fiction pure qu’il est le plus « vrai » ? À cet égard, la trilogie d’Underworld nous en apprend plus sur la parano du romancier que sur la « véracité » revendiquée de son Amérique…

    Ces articles ont paru dans l'édition de 24 Heures du 9 janvier 2009.

  • Ceux qui faussent la donne

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    Celui dont l’excessive bonté constitue un danger réel pour l’efficacité de l’Entrerprise / Celle dont on se demande ce qu’elle fait aux lieux où elle s’attarde de plus en plus longtemps et revient avec des yeux hagards signalant peut-être une Rencontre d’ordre mystique allez savoir avec une fille de pope / Ceux qui gênent leurs supérieurs avec leur façon de parler de leur vécu privé / Celui se sent de moins en moins l’incarnation typique du jeune homme d’avenir tel que le représentent les pubs de banques de crédit / Celle qui montre soudain un goût dispendieux pour les cactées rares au dam de son tuteur Anicet / Ceux qui suivent des cours particuliers pour réintégrer le troupeau sexuel / Celui qui s’inscrit au Club de Sculpture humaine dont les membres s’oignent le corps afin de se photographier en slip minimum pour leur revue sur papier glacé / Celle qui tricote des bonnets uniformes pour ses cinq fils tous bons skieurs de fond et croyants mais plus tant pratiquants à cause des concours / Ceux qui s’épilent rageusement depuis que leurs relations ont merdé avec l’Amicale des velus / Celui qui assume sa condition de meilleur indic du canton pratiquant l’infiltration tous azimuts / Celle qui pousse l’innocence jusqu’à ne pas voir se gausser ses camarades du catéchisme protestant qui lui trouvent un faciès de pourceau / Ceux qui font commerce de bons sentiments / Celle qui ne peut s’adresser à ses nouvelles majorettes sans aboyer comme un gardien de prison texan / Celle qui fredonne des airs légers en se fumant une clope devant l’ancienne léproserie transformée en club de rencontre pour AA. / Ceux qui font du curling le jour et pratiquent un peu d’échangisme le soir en croisant les équipes, etc.

    Image: Philip Seelen.

  • Ceux qui perdent pied

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    Celui qui voit s’effondrer ses grandes espérances à proportion de sa réussite / Celle qui n’est pas dupe des compliments de l’actuaire nympho / Ceux qui se liguent pour enfoncer le rival du fils du Patron dont l’incompétence est aussi notoire que le népotisme de son vieux / Celui qui s’est branché libertinage en dépit de son manque total de concentration à l’exercice / Celle qui drague les recalés des concours de piano dont elle sait l’énergie compulsive au lit et en cuisine / Ceux qui se font des plans de confession collective en visioconférence avec promesses de versements à l’Association / Celui qui voyage moins depuis qu’il a été reconnu Top Conscience de la nouvelle secte des emmurés / Celle qui n’est elle-même que sous morphine / Ceux qui se sont connus au Niacaragua mais préfèrent ne pas en reparler a brunch du nouveau chef du marketing / Celui qui se repasse du Bryan Adams en se rappelant le délicieux strabisme de sa fille Laura désormais très recherchée des agences italo-américaines qui l’appellent la Victoria Beckam du small-body / Celle qui remarque que Jean-Basile l’écouterait des heures lui parler de lui / Ceux qui vous disent qu’ils vous l‘avaient bien dit même quand ils ne le pensaient pas / Celui qui s’est fait à tout sans rien faire / Celle qui ne regarde pas à la dépense vu qu’elle n’en a pas les moyens / Ceux qui zappent les interactions positives en espérant le Best de fin de soirée tel qu’annoncé dans l’horoscope du premier décan, etc.
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui n’ont personne

    Celui que chaque réveil angoisse à mort / Celle qui a été répudiée par son clan / Ceux qui sont emmurés dans le puits KW307 / Celui qui perd la vue / Celle qui mange toujours à l’écart / Ceux qui ont renoncé à se parler / Celui qui ne serre plus de mains par hygiène / Celle qui lit le Coran dans le Greyhound entre Atlanta et Macon (Georgia) / Ceux qui préfèrent les rats aux tortues / Celui qui n’a qu’un couteau à lame unique / Celle qui se dit sans ombre / Ceux qui se dédoublent dans l’alcool / Celui qui se confie à son fils autiste / Celle qui fait l’ouverture du café Les Matinaux / Ceux qui ont la passion des cactées / Celui qui a donné le nom d’Adolf à son doberman / Celle qui s’oublie tous les matins dans la harpe / Ceux qui ont été exécutés sur la même chaise électrique / Celui qui écrit à sa mère chaque dimanche / Celle qui aime recevoir des colis de ses filles à la prison pour femmes de L. / Ceux qui se considèrent comme des produits jetables / Celui qui s’identifie au saint dont il porte le nom / Celle qui a exclu toute relation avec ces fumiers de mecs / Ceux qui s’estiment méconnus dans le canton d’Obwald / Celui qui jouait de la flûte dans le rêve de celle que ceux qui l’ont engagée exploitent comme c’est pas possible, etc.

  • Ceux qui dansent sous le volcan

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    Celui dont les rêves sont tissés de musique / Celle qui comprend que son amour est venu trop tard / Ceux que le destin semble sauver quand il les perd / Celui qui a rendez-vous avec lui-même au Jour des Morts / Celle qui n’a jamais entendu parler de Tristan ni de Faust et qui en réfracte cependant la clarté lunaire / Ceux qui se souhaitent salud y pesetas à l’instant de se rappeler qu’ils vont crever dans le même hosto avant Pâques / Celui qui devine une Atlantide au fond de son rêve éveillé / Celle qui a vu venir la guerre comme l’orage dans un film muet / Ceux qui s’attardent sous le ciel que traverseront demain les bombardiers / Celui dont le pacte avec le Diable échappe aux télévangélistes ignorant même qu’il le sous-traitent / Celle qui débusque un prince du faux dans le sourire mielleux de l’auteur adulé pour ses fables positives / Ceux qui déchiffrent les vestiges de l’inscription Lasc… gni sper vo ch’entr avant de pénétrer dans les ruines de la mine d’argent / Celui qui ressent un grand soulagement sous le ciel vert après la double extase des corps / Celle qui se tient à l’ombre du minaret pour siffler une cannette de Coca 0 / Ceux qui distribuent un tract à la sortie de la Disco où il est écrit que le maître des maître de ce monde est l’Envie ce dont personne ce soir n’a que foutre tant chacune et chacun n’a qu’une envie / Celui qui fait pèlerinage à la chapelle désaffectée du Haut-Pays vendu aux anciens apparatchiks / Celle qui sent en elle se déchirer le voile des apparences / Ceux qui ont consacré leur vie à décrier les rêves des autres / Celui qui s’est affilié au Club des amis d’enfance dans l’espoir d’en rencontrer un qui n’ait pas renié le Pacte / Celle qui estime que notre meilleure amie d’enfance est notre enfance elle-même / Ceux qui cueillent les pavots de mer sans se rappeler ce qu’ils symbolisent, etc.
    Image : Au-dessous du volcan, de John Huston

  • L’examen

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    …Je juge mes amants à leur façon de se tenir derrière le rideau métallique quand ils arrivent à mon étage, et autant que de se tenir : de tenir leur chapeau, tu peux me croire : c’est infaillible, c’est à ces signes qu’on décèle un caractère et la classe d’un nouveau prétendant sans recourir à un graphologue ou à un détective, actuellement mon préféré se prénomme Carl Emmanuel, il a quelque chose d’un Gérard Philipe latino, je vais l’essayer et si ça marche je te renvoie l’ascenseur…
    Image : Philip Seelen

  • 2010 Maxi Bonus

    Panopticon736.jpg… Alors là Raoul si tu ne te sens pas Top Positif un Premier Janvier c’est que t’es qu’un looser : enfin quoi t’es jeune, t’es beau, tu vis  à nos crochets, la neige est super ce matin, il fait un temps de commencement du monde, bref tu devrais éprouver le total sentiment de liberté et tu te plains comme ta mère ?

    Image : Philip Seelen 

  • Résolution du Jour de l'An

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    … Moi je te dis que face à la crise t’as pas le choix : changer de patron c’est vite dit, changer de pays t’y penses pas vu que tous les pays c’est du kif avec la mondialisation et tout le toutim, et changer de femme t’as vu ce que ça donne après trois essais, donc tu pares au plus pressé: tu change d’année et ça va comme ça…


    Image : Philip Seelen