
J’ai vu la vie se retirer
comme le jour, le soir,
et comme on pleure dans le noir
sans oser le montrer,
j’essayais de prier
ou plutôt de ne pas crier
- question de dignité :
à côté de qui meurt
on doit rester bien cravaté…
Quant aux mots les plus adéquats,
je ne vous dit que ça:
soyez léger, trouvez un air,
comme sait en trouver le trouvère,
ou ne parlez que de vos yeux -
le silence est un autre aveu;
je ne sais pas, et d’ailleurs
que dire à l’heure qui délire ?
Enfin s’agissant des honneurs,
on les rendra plus tard,
en invoquant Notre Seigneur,
debout au garde-à-vous;
tout va pour le reste en compost,
afin de recycler,
nos sûres potentialités -
telle étant la riposte
à ces sentimentalités…
Tu te disais mal entendue:
on ne t’écoutait pas:
une âme ne pense pas,
disais-tu qu’on disait…
Je ne sais pas où est ta tombe,
au ciel ou dans la cendre,
le ciel est dur, tendre est la terre -
l’âme perdue n’est que misère…
Peinture: Rober Indermaur