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  • Ce qui ne peut se dire

     
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    «Ce qu'on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire,
    mais l'écrire.» (Jacques Derrida)
     
    La solitude est une nuit
    que l’aveugle perçoit
    comme un mur froid autour de lui -
    mais qui seul peut le dire ?
     
    Comment dire à celui qui dort
    que la vie est ailleurs
    que dans son rêve sans remords
    où le bercent les heures -
    qui oserait le dire ?
     
    Notre savoir payé de mots
    gagne à se taire parfois
    à la lisière des grands bois
    où vit le solitaire -
    mais qui saura le dire ?
     
    Peinture: Edvard Munch, Le tronc jaune.

  • Le coup du chapeau

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    (Le Temps accordé. Lectures du monde VII, 2024)
     
    À La Maison bleue, ce mardi 30 avril. - Après, leur façon de dire «du coup » m’exaspère à un tel point que je m’empare de cet «après » et de ce « du coup » pour les coller à mes mélodies bricolées, et du coup je te dis pas la soirée qu’on a passée l'autre soir avec Jackie et Tonio chez Clémentine et les pêcheurs, ça se raconte pas, mais après je te le raconte quand même, et du coup je revois Jackie à vingt ans qui affronte plus ou moins son père dans le sillage de mai 68, où elle enchaîne bombe sur bombe, puis c’est Tonio qui me chambre avec la nouvelle bio de Kafka, et du coup je le chipote en lui lançant qu’après ces bios de disciples à genoux et autres épigones ne sont finalement que genoux et épigones, et tes lettres de Flaubert à Louise Collet, super – il y a quelque temps déjà que je me suis emparé du mot « super » -, mais moi du coup je reviens à Frédéric Moreau, chez les Dambreuse, découvrant la fiesta des mondains aussi nulle que celle de Marcel au quartier Saint Germain...
    Tonio était arrivé à la Grappe d'or en chapeau, genre Nizon au chapeau, Guibert au chapeau, Saul Bellow au chapeau, et du coup ça me rappelle le jeune étudiant américain qu’évoque Annie Dillard, très décidé à se faire un nom d’écrivain et commençant par se nantir d’un chapeau – après j’imagine Tonio se pointant chez un chapelier et choisissant ce chapeau grave comme un chapeau de Monk, et du coup je leur dis, à Jackie et lui, que Tonio est un Monk à sa façon, un ahuri que je vois toujours apparaître en caleçon à l’embrasure de la porte de leur noble demeure vigneronne de Bourg en Lavaux, tandis que je m'entretenais avec la belle violoniste spécialiste de Berg - nous deux parlant donc d’Alban Berg et de ses difficultés et Tonio se levant de sa sieste et surgissant à la tangente de notre conversation avec son torse maigre de lecteur de Thomas Bernhard et ses roustons dépassant du caleçon; et à Jackie qui ne suit pas les séries sur Netflix je commence de raconter Monk le frère occulte de son compagnon et de Robert Walser et de Bartleby (dont Tonio a parlé dans un de ses écrits récents) et d’Oblomov aussi , bref de tous ces personnages un peu décalés, dépassés par les événements, genre « no country for the old man » même s’ils sont jeunes, ces ahuris sublimes comme l’était le jeune homme à tout faire de Walser, et du coup je me dis que Jackie et Tonio sont eux aussi des personnages de série, et comme ils acquiescent et se disent prêts à s’y lancer je leur raconte celle dont j’ai esquissé le scénar avec Simon & Lapp au générique, deux vieux potes dont le bon vivant (Simon le jovial) est tenté par EXIT alors que son compère (Lapp le déprimé de naissance) essaie de lui remonter la pendule, et je leur raconte qu’après il y a eu, avec le jeune cinéaste engagé et les compères, les ajouts sans nombre à mon script initial, la mise en œuvre de l’épisode pilote et tout une galère de détails, avant les tractations avec la télé, bref je leur raconte que le projet de série serait le sujet d’une autre suite d’épisodes mais j’ai perdu de vue les compères qui n’apparaissent plus ni à la radio ni sur Youtube à ma connaissance – après je n’en ai d’ailleurs que fiche, et du coup je reviens aux trois tas de journaux que je me suis promis, ce matin, de dépouiller et avec eux les quatre premiers mois d’infos de cette année dite du Dragon de bois par les Chinois, etc…

  • Au ciel délire

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    Les ombres remontent d’en bas,
    de sous la table, là,
    où s’étalent tous les décombres
    des maisons, des manies, des saisons
    et des familles aux raisons égarées -
    cela devait rester caché !
     
    Tu me cherches où je ne suis pas,
    et moi je te retiens
    par notre lien de long silence
    que tu disais précieux,
    si précieux que nul autre lieu
    que ma seule présence
    ne te semblait plus accueillant…
     
    Ce que vous auriez aimé taire
    au moment de le faire
    est ainsi votre aveu,
    le secret de vos yeux que dévoile
    ce regard d’un dieu reconnu
    pour allier l’eau et le feu…
     
    Douce folie jamais éteinte.
    tendre philosophie
    du poète passant par là
    sans se presser jamais,
    jamais futile, jamais feinte -
    au ciel qui s’ouvre perdez-vous…
     
    Peinture: Bona Mangangu, Fleur de volcan.