"La mort viendra et elle aura tes yeux" (Cesare Pavese)
On dirait que les dieux se vengent,
on n’en sait rien, ma foi:
faudrait le demander aux anges,
qu’ils nous disent le pourquoi
la raison soudain du silence,
ce vide et plus personne
à la fenêtre, au téléphone,
plus d’écho qui résonne,
plus de quoi relancer la danse...
Mais ces larmes me font bien rire,
enfin: quelle anicroche !
Nous avions encore des reproches,
imbéciles de vivants,
des arguments à balancer
des motifs de pardon:
Votre Honneur j’étais un peu ivre,
ou c’était toi, ou c’était vous -
on ne se souvient pas, les cons,
de ces mots qui délivrent...
D’ailleurs les dieux aussi ont tort,
et les anges déçus
par la vendange survenant
parfois avant le temps venu
ont l’air de regarder le vent...
Alors comment réparer ça ?
Ils disent que c’est la vie
comme leurs aïeux avant eux
l’auront seriné sans rien dire
ou pas mieux que: voilà...
Tâchons ainsi malgré les dieux
de ne pas nous éterniser,
comme si c’était pour de semblant,
comme si c’était un dernier jeu
pour ne pas trop peser,
au conditionnel des enfants...
Image: Philip Seelen.