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  • Ceux qui voient le rapport

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    Celui qui théorise le vide par manque de souffle / Celle qui s’est remplie de ses manques / Ceux qui compulsent des équations au second degré / Celui qui ne touche pas terre quand il s’écoute parler / Celle qui est à l’écoute que coûte le doute / Ceux qui ont des relations qu’on dit relatives en américain / Celui qui excelle dans la mise en rapport des sexes sans relations / Celle qui planifie ses rapports en termes d’investissements et retours / Ceux qui voient l’avenir sous le masque du passé antérieur augmenté / Celui qui se fait vacciner par contumace / Celle qui n’entend plus le parfum des couleurs / Ceux que rassure le vide sanitaire ou l’on peut enfin tout se dire au niveau relationnel du ressenti / Celui qui te demande si tu veux lui parler sur un ton qui ne présage rien de bon du point de vue de la discrétion requise entre camarades de centre gauche / Celle qui est convaincue que des relations ouvertes s’imposent entre ses conjoints de tous genres / Ceux qui proposent aux divers membres de leur famille recomposée de ne rien se cacher de leurs pulsions en tant que membres d’un seul corps à plusieurs têtes et autres cartes de crédit / Celui qui garde ta tête sur ses épaules / Celle dont le pacemaker garantit la sérénité de son ménage à trois / Ceux qui relativisent à proportion des mises en rapport constantes qu’ils établissent entre réalité permaculturelle et spiritualité pulsionnelle / Celui qui n'a pas encore intégré la théorie des décisions à l'âge de se retirer du jeu / Celle qui a cru se jouer du hasard avant d''être rattrapée par une Circonstance peu fortuite / Ceux qui se rient du déterminisme qui les laisse dire tant il tient à leur liberté, etc.
    Peinture: Robert Indermaur.

  • Ceux qui ne pèsent pas lourd

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    Celui qu’on oublie le long de la route sans faire exprès / Celle qui est naturellement effacée / Ceux qui n’aiment pas être vus même nus / Celui qui est toujours au jardin sauf les jours de retombées radioactives / Celle qui n’apparaît pas dans la liste des rescapés et se sent d’autant plus libre / Ceux qui sont si fâchés avec les chiffres que leurs bons comptes ne leur valent même pas d’amis / Celui qui s’exprime par sa note de frais / Celle qui donne toujours un peu trop (se dit-elle en se le pardonnant somme toute) aux mendiants / Ceux qui n’ont pas d’existence bancaire reconnue / Celui qui suscite des jalousies à proportion de son désintéressement à peu près total je dis bien à peu près / Celle qui n’est jamais invitée chez les De Vargasl à cause de son fils disparu la même année que leur chien Bijou / Ceux qui ne se sont jamais départis de la mentalité bas-de-laine de leur mère-grand Agathe la Bonne / Celui qui aime que les choses soient claires et préfère donc les tulipes blanches et le IVe Concert Brandebourgeois de Jean Séb Bach / Celle qui se dit qu’elle compte pour beurre ici-bas et se console à l’idée que le Très-Haut lui réserve un Bonus / Ceux qui ont compris qu’ils n’étaient rien de plus qu’eux-mêmes dans le métro matinal de Tôkyo / Celui qui essaie de se situer en tant que poète belge en traversant le quartier de Kanda (au centre de Tôkyo) où voisinent environ deux mille bouquineries / Celle qui a plusieurs dépucelages à son actif sans savoir exactement combien / Ceux qui n’ont jamais misé sur le don vocal de leur neveu Paul Anka (chanteur de charme à l’époque) qui en a été secrètement affecté / Celui qui est plutôt Sénèque le matin et plutôt Joubert le soir / Celle qui divague sur son divan de Diva / Ceux qui ricanent de Mademoiselle Lepoil militant au Conseil de paroisse en faveur de la reconnaissance de l’âme des hamsters femelles / Celui qui invoque les Pères de l’Eglise pour faire passer son message punk à la base / Celle qui use de sa muse pour emballer les jeunes nigauds qu’elle convoite / Ceux qui ont des voix de pasteurs noirs qui font bêler les brebis blanches / Celui qui n’a jamais compté les cadavres que son père et lui ont repêchés dans le fleuve / Celle qui n’a plus de créneau dans son Agenda pour caser un moment genre Où en suis-je Edwige ? / Ceux qui sont devenus meilleurs artisans à l’atelier Carton-plié de la prison des Fleurettes / Celui qui reste fidèle à ses erreurs de jeunesse avec un peu plus de métier faut reconnaître / Celle qui fait commerce de ce qui brille et ne récolte pas or pour autant / Ceux qui ont gardé le goût des vieilles Américaines fleurant bon le cuir et le chewing-gum dans lesquelles ils emmènent les veuves de leurs meilleurs amis, etc.

  • Vu que la Noël du poète serait partout et tous les jours

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    Entre poésie à quatre sous et célébration mystique, confusion mondiale et lueurs d’antique sagesse, marchands du temple et tendre innocence, Savoir à majuscule et sentiments minuscules, l’humanité se cherche un sujet de fête commune qui ait du sens. Folie apparente de ce Noël 2020 aux rites perdus, ou tout le contraire, ainsi que le suggère Simplement comme c’est, poème d’une seule phrase signé Vince Fasciani…
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    Nous fêterions en sage famille la Noël de ce millésime un peu fou, juste cinq pelés et tondues avec l’Enfant et Marie, Joseph le père virtuel et deux figurants genre bergère et roi mage, sans masques mais avec la distance requise et du Bach ou du Dolly Parton sur la Playlist, vraiment le modèle de la sainte famille en son cluster occidental, et la poésie de la Nativité se perpétuerait en ce 24 ou 25 décembre - on ne sait pas trop, disons que le solstice rappellerait, avec l’archaïque célébration du dieu Mithra, le moment propice où, en présence de Vénus au ciel visible, serait advenu le pire et le meilleur en la même nuit, massacre d’innocents et naissance d’un Sauveur présumé de l’humanité mal barrée, cela pour la story magique qui a bel et bien coupé notre temps en deux, avant et après le moment de la crèche…
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    Poésie de Noël ? Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas célébrer la naissance d’un enfant palestinien, à la fois juif et citoyen du monde, de nature peut-être divine même si l’on n’en sait pas plus qu’un physicien en matière de cantiques ? Pourquoi ne pas se réjouir de se retrouver en famille comme dans notre enfance, même s’il est politiquement correct de détester Noël ? Pourquoi ne pas se souhaiter joyeux Noël au prétexte que ce n’est pas la joie dans les mouroirs d’à côté et les dépotoirs de Lesbos ou de Calais, les ruines d’Alep et de partout où l’on n’a que ses yeux pour pleurer ? Et si ce qu’on appelle la conscience et la confiance avaient autant de droits, non seulement à Noël mais tout le temps et partout, que ce qu’on dénigre sous la formule de «bonne conscience» ?
     
    Au conditionnel de l’enfance, nous serions tous poètes…
     
    Ce que j’entends par poésie, sans savoir trop bien de quoi il s’agit au sens du Savoir à majuscule du spécialiste, serait, « simplement comme c’est », une façon « augmentée » de ressentir notre présence au monde et de l’exprimer en « musique », avec ce « supplément d’âme » qu’on ressent comme une joie - tous ces guillemets suggérant que cette joie simple comme bonjour est aussi subtile en sa substance qu’une molécule d’émotion ou un atome de sentiment pur et que les mots ne la ressaisiront pas mieux qu’une mélodie réduite en chiffres…
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    J’en viens alors à Simplement comme c’est, le tout récent opuscule d’un poète septuagénaire qui se dit citoyen du monde, au nom de Vince Fasciani, rencontré au petit bonheur de Facebook alors que nous avons publié plusieurs livres à la même enseigne de L’Âge d’Homme sans jamais nous croiser et qu’il vit au bord de l’Arve chère à Georges Haldas.
    Cependant, lisant sa Poésie ininterrompue de huitante pages, j’oublie son âge, son état-civil et son origine de Rital helvète pour ne ressentir immédiatement que ça: le présent de la présence, si j’ose dire, au double sens d’un cadeau et d’une évidence immanente.
    Tout de suite en effet cette phrase en zigzags non ponctuée coule de source sur la page et se faufile en mince cours d’eau limpide avec ses mots lumineux cristallisés de loin en loin en constatations pensives ou rêveuses, et c’est une humble célébration de tous les jours avec leurs minutes heureuses mais autant de creux et de ces blancs de l’espace-temps que Cézanne réservait de plus en plus dans ses aquarelles comme peintes en suspens dans l’air léger.
    Cela à l’air de rien, c’est apparemment le degré zéro de la complication poétique sans être du minimalisme à la sauce blanche, le type qui écrit se dit bel et bien poète mais sans hausser jamais le ton, présent à son « job » en affirmant qu’il « dispose d’un peu de ciel dans son évier », signalant d’emblée qu’un visage suffirait à déplacer l’ordre des choses, et ce sera la présence de l’autre au féminin, ce sera un peu comme à quinze ans quand on a une amoureuse et qu’on brûle d’en parler tout en gardant ce trésor pour soi, car la joie est partout présente, ou le blues qu’il y a forcément au revers de la joie, et la machine à laver qui ronronne et la rue qui bourdonne.
     
    Ce serait donc Noël malgré les galères
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    L’art du simple est difficile, qui requiert autant de sensibilité fine que de tact verbal et de grâce musicienne, de modestie intérieure et de mesure détaillée avec ou sans solfège et autres rimes – on pense aux sonatines d’Erik Satie et aux fugues perlées de Scarlatti ou au lento dolcissimo de Thelonius Monk -, il y faut de la concentration et autant de légèreté que dans les haïkus et les tankas de Bashô le vieux natté ou de Takuboko l’autre inspiré nippon mort à un âge encore tendre, tout cela procédant universellement de l’état chantant vécu par Haldas penché sur sa table de Chez Saïd comme un Chinois, ou Pessoa dans son bureau de tabac, ou Saba dans sa librairie de Trieste, et le poète de 70 piges à la page 70 de Simplement comme c’est constate que «malgré toutes ces années sur terre» il remarque encore « la nature raffinée et généreuse de sa bonne amie », et tu le prends pour toi, vous le prenez toutes et tous à votre façon comme les « gisements d’or » du cœur de ceux que vous aimez, bref ce serait Noël malgré les galères et comme le poète je vous souhaite de pouvoir dire « je m’apprête à vivre l’enfantement réciproque de moi et du monde », je vous souhaite à toutes et tous de pouvoir dire comme lui « là où un homme peut encore faire quelque chose de sa vie je me porte volontaire », et ça finirait en beauté au plus-que-présent car « la joie de la réalité est le spectacle le plus saisissant du monde » et qu’il n’ y a pas « besoin de fermer les yeux » pour le voir et le croire…
    Vince Fasciani, Simplement comme c’est, Poésie ininterrompue Éditions des sables, Genève, 2020.

  • Mélancolie

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    … C’est lorsque tu m’as quitté que j’ai commencé à lire les journaux économiques japonais dans les rues désertes du quartier des affaires, et le soir je ne manquais pas un film animalier, tu t’es toujours gaussée de mon peu de savoir en matière éthologique, aussi prenais-je des notes en me documentant sur  la vie du chien ou du singe domestique, mais tu ne passais jamais dans la rue où je me tenais quand tu te rendais à la Bourse, et j’en viens à croire que mon peu de savoir en quoi que ce fût t’aurait suffi, après ma première panne,  à te faire préférer la compagnie de ceux que tu appelais tes seules amours… 

     

    Image: Philip Seelen           

     

     

  • Une immense lecture

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    Lecture intégrale du dernier livre, extra-ordinaire, de Christophe Ransmayr. D'autres commentaires suivront...

    RANSMAYR Christoph. Atlas d’un homme inquiet. Traduit de l’allemand par Bernard Kreiss. Albin Michel, 458p.

         Au bout du monde

    -   Que les histoires se racontent.
    -   Sur un bateau à destination de Rapa Nui, l'île de Pâques.
    -   Navigation mouvementée. Le Pacifique pas du tout calme.
    -   Tout de suite l’univers physique est très présent.
    -   Un homme « effroyablement maigre » parle au Voyageur.
    -   Evoque le peuple de Rapa Nui, qui a peuplé les îles de milliers de statues de pierre.
    -   Les habitants étaient sûrs d’être seuls au monde et ne se rappellent pas leur origine.
    -   Parle un mélange d’anglais, d’espagnol et d’une langue inconnue. L’île est assimilée, à sa découverte, au séjour d’un dieu.
    -   Lequel, Tout Puissant, se nomme Maké-Maké…
    -   Son père est anglais et sa mère Rapa Nui.
    -   Manger lui est très pénible.
    -   Les statues s’appellent moaïs.
    -   Des figures tutélaires d’un culte oublié, qui sont devenues symboles de puissance.
    -   L’homme très maigre estime que la faim a été le destin de ce peuple.
    -   Dont les habitants ont épuisé les richesses naturelles et ont fini par s’entre-dévorer. Avant d’être exploités par les Péruviens dans des mines de guano.
    -   La quête de la faim est assimilée, dit-il, à une quête du corps astral. Texto.
    -   Le Voyageur se concentre ensuite sur la présence des sternes fuligineuses, dont l’homme très maigre dit que ce sont des oiseaux sacrés.
    -   Ils portent des noms étonnants : le puffin de la nativité, le fou masqué ou le pétrel de castro.
    -   La présence des oiseaux sera récurrente dans ce livre.
    -   Le Voyageur-poète y apparaît comme un témoin sensible. « J’étais là, telle chose m’advint ».
    -   Mélange de récit de voyage et d’évocation poétique mais sans fioritures.

      10685473_10205289392780161_3216953367841735615_n.jpg   Chant de territoire.
    -   Le Voyageur se retrouve sur la muraille de Chine enneigée.
    -   Où il avise la silhouette d’un type s’approchant.
    -   Un Mr Fox de Swansea, ornithologue, qui a vécu avec Hong Kong avec sa femme chinoise et répertorie des chants de territoire des merles.
    -   Classe les chants en fonction des sections de la muraille, chaque territoire ayant sa modulation.
    -   Le chant d’une grive marque l’au revoir des deux hommes.
    -   Une atmosphère étrange et belle se dégage de cette rencontre. La merveille est partout, très ordinaire en somme et prodigue en histoires.

    -   Herzfeld
    -   Chaque récit commence par « Je vis »…
    -   « Je vis une tombe ouverte à l’ombre d’un araucaria géant »…
    -   Cette fois on est dans l’état fédéral. Brésilien de Minas Gerais.
    -   On enterre le Senhor Herzfeld.
    -   Dont le Voyageur a fait la connaissance deux jours plus tôt.
    -   Le fils d’un fabricant d’aiguilles à coudre du Brandebourg, exilé à la montée du nazisme.
    -   Herzfeld a commencé à lui raconter sa vie.
    -   Puis est mort la nuit suivante.
    -   L’évocation de la mise en bière du Senhor Herzfeld, et son enterrement, forment le reste de l’histoire.

        Cueilleurs d’étoiles
    -     Le récit commence par la chute d’un serveur et de son plateau chargé de bouteilles sur une terrasse jouxtant un café des hauts de San Diego.
    -   Le serveur se retrouve par terre alors que tous alentour scrutent le ciel.
    -   Il a buté sur le câble d’alimentation d’un télescope électronique.
    -   Tous scrutent la Comète.
    -   Dont le passage coïncide, ce soir-là, avec une éclipse de lune.
    -   Et le serveur, aidé de quelques clients, ramasse les éclats de verre qui sont comme des débris d’étoiles.
    -   Cela pourrait être kitsch, mais non.
       
      Unknown-4.jpeg  Le pont céleste.
    -   On voit des cônes de pierre noire sur lesquels déferlent des dunes.
    -   Le Voyageur se trouve quelque part au Maroc, dans un lieu dominé par des tumulus mortuaires d’une civilisation disparue.
    -   Là encore, le lien entre un lieu fortement chargé, et le passage des humains, est exprimé avec un mélange de précision et de poésie très singulier.

           Mort à Séville.
    -   Le dimanche des Rameaux, dans les arènes de Séville, se déroule un dernier combat entre un cavalier porteur de lance et un taureau.
    -   La suite des figures est marquée par l’hésitation du taureau et la blessure du cheval, puis du public jaillit la demande de grâce, d’une voix unique.
    -   L’affrontement est évoqué avec une sorte de solennité, sans un trait de jugement de la part du Voyageur.
    -   C’est très plastique et assez terrifiant.
    -   Et cela finit comme ça doit finir.
    -   Sans que rien n’en soit dit.

        images-2.jpeg Fantômes.
    -   On passe ensuite en Islande, où le Voyageur croit voir des fantômes.
    -   Se trouve là en compagnie d’un photographe, familier des légendes islandaises,nourries par les proscrits relégués dans cet arrière-pays.
    -   Lui raconte celle, saisissante, du bandit à qui le bourreau a coupé une jambe pour l’empêcher de se sauver, et qui a appris a courir en faisant « laroue ». Une roue humaine qui terrifie les passants quand elle leur fonce dessus…
    -   Où il est question de la peur du noir et des « diables de poussière ».
       
    -   Extinction d’une ville.
    -   Le Voyageur se retrouve au sud de Sparte.
    -   Il a été jeté de sa moto par il ne sait quoi.
    -   Puis remarque, dans la nuit, que les lumières de la ville de Kalamata sont éteintes.
    -   Ensuite il rejoint un café en terrasse où il découvre, à la télé, qu’un séisme vient d’avoir lieu dans la région.
    -   Qui a provoqué sa chute et l’extinction de la ville.
    -   Cela encore raconté sans le moindre pathos. J’étais là, telle chose m’advint.
    -   Mais rien non plus de froidement objectif là-dedans.

        À la lisière des terres sauvages.
    -   Dans un asile psy autrichien, une jeune femme s’apprête à faire du feu avec du papier et des copeaux invisibles.
    -   On voit la scène, très développée ensuite.
    -   Sous le regard d’une gardienne dans une cage de verre.
    -   La jeune femme entend une voix qui lui dit : « Tu ne doit pas tetuer »…
         
    10846109_10206965636766251_6018341720919555434_n.jpg    Tentative d’envol.
    -   Au sud de la Nouvelle Zélande, en terre maorie, le Voyageur observe un jeune albatros royal en train d’essayer de s’envoler.
    -   L’occasion d’une longue et épique digression sur la vie des albatros, telle que la lui évoque un ancien chauffeur d’autocar devenu ornithologue après la mort accidentelle de sa femme.
    -   Formidable récit ponctué de nouvelles diverses en provenance du monde des humains.

    -   Le Paon.
    -   ÀNew Delhi, son chauffeur de taxi lui évoque l’imminente pendaison du meurtrier d’Indira Gandhi.
    -   Une certaine psychose règne, liée àl’attentat qui a provoqué le massacre de milliers de sikhs.
    -   Atmosphère de pogrom.
    -   Le Voyageur veut se rendre au Rajasthan et à Jaïpur.
    -   « Et c’est alors que je vis le paon ».
    -   Uneapparition qui rappelle celle du paon de Fellini, dans Amarcord…

          L’attentat.
    -   Le Voyageur se retrouve à Katmandou, dont les frondaisons des arbres sur le boulevard central, sont occupées par des milliers de renards volants.
    -   Plusieurs membres de la famille viennent d’être tués, et le nouveau roi se trouve probablement dans la limousine d’un convoi.
    -   Au moment de l’attentat auquel assiste le Voyageur, une nuée de renards volants obscurcit le ciel.
    -     Où le Voyageur croit voir un écho significatif aux événements en cours…

      10373678_10204665049092997_3066348123066125052_n-2.jpg  Attaque aérienne.
    -   On se trouve maintenant sur les hautes terres boliviennes.
    -   Où le Voyageur chemine avec des amis, un biologiste bavarois et sa compagne italienne.
    -   Quand surgissent des chasseurs qui volent en rase-motte au-dessus d’eux, la jeune femme leur lance en espagnol : No pasaran.
    -   Il faut préciser qu’un nouveau dictateur s’est installé en Bolivie.
    -   Mais le pilote a vu le geste de défi de la jeune femme et fait demi-tour et canarde le trio.
    -   Se non è vero… io ci credo purtoppo.

    -    Plage sauvage.
    -   Un vieux type au crâne rasé, sur une plage brésilienne, semble rendre un culte privé à une femme dont il tient la photographie près de lui.
    -   Et soudain son parasol s’envole.
    -   Le Voyageur va pour l’aider, mais un jeune homme sort de la forêt et secourt le vieux.
    -   Sur quoi le voyageur lance « Amen ! Amen ! » à l’océan.
    -   Tout cela toujours étrange et vibrant de présence.
    -     
    -   Homme au bord de la rivière
    -   Un type repose en maillot de bain au bord de la Traun, rivière de haute-Autriche.
    -   Quelques enfants veillent sur son demi-sommeil, claquant des mains pour tuer les taons qui lui tournent autour.
    -   Les taons morts sont recueillis dans des sachets de feuilles.
    -   Lorsque le type se réveille, il compte les taons et distribue des piécettes à ses gardiens du sommeil.
    -   Etrange et belle scène d’été.
         
    3351967952.2.jpg    Le souverain des héros.
    -   Au sommet de l’île d’Ios, dans les Cyclades, le Voyageur découvre les stèles blanches du tombeau d’Homère (92-97) et médite à propos de ce monument au « plus grand poète de l’humanité ».
    -   Il y voit un monument « à la mémoire d’un chœur de conteurs disparus »,tout en évoquant merveilleusement ce lieu que je me rappelle comme de ce jour-là après la baignade…

    -   Un chemin de croix.
    -   Sur la route de Santa Fe, à bord d’une Cadillac bordeaux qu’il a louée, le Voyageur croise une procession entourant un porteur de croix, dont les pèlerins lechassent bientôt à coups de pierre.
    -   Peuaprès il rencontre un deputy sheriffqui lui explique que ces penitentes procèdent parfois à de véritables crucifixions, parfois fatales au crucifié volontaire,mais absolument illégales…

    -   D’outre-tombe.
    -   À Mexico, le Voyageur observe une petite accordéoniste jouant sur le trottoirdans un entourage de squelettes et de têtes de mort et de cercueils en chocolat marquant la fête du Jour des Morts.
    -   Le Voyageur se rappelle alors une jeune Indienne sur une fresque, visiblementdestinée à un sacrifice rituel à l’ancienne cruelle façon. (p.104)
    -   Chacunde ces récits se constitue en unité, cristallisé par le regard du Voyageur etplus encore par son art de l’évocation, à la fois réaliste et magique.
    -   Onpense à Werner Herzog, en moins morbide, ou à Sebald, en plus profond.

          Déplacement de sépultures
    -   Sur l’Île de Robinson Crusoë, quatre mois après un tsunami.
    -   Un homme s’affaire à mettre de l’ordre dans les tombes dévastées par l’eau.
    -   LeVoyageur se trouve là sur les traces d’Alexandre Selkirk, le boucanier donts’est inspiré Daniel Defoe.
    -   Unrécit qui suggère physiquement la mêlée des vivants et des morts.
    -   L’alertedonnée par une petite fille a permis de limiter le nombre de morts en ceslieux.


       1517583_10202800104910558_1946850104_n.jpg Prise accidentelle
    -   Suit le récit du sauvetage, par un pêcheur de homards furibond, du bateau à bordduquel le Voyageur se trouvait.
    -   Le pêcheur maudit le ciel à cause de sa pêche calamiteuse : Un seul homarddans 59 casiers.
    -   Maisen arrivant au port, de rage, il remet le homard unique à l’eau…

    -   Dans les profondeurs
    -   Avecd’autres whale watchers, le Voyageur observe une baleine « timide »qui a l’air de rêver au-dessous de lui, son aile reposant sur son baleineau…
    -   Ensuiteil éprouve une vraie terreur lorsque la baleine s’approche de lui. On pense àMoby Dick, au fil d’une évocation de ces immensités marines…
         
         La reine de la jungle
    -    Il voit un veau mort dans une clairièred’herbe entourée de jungle.
    -   Lachose se passe dans l’Etat fédéral brésilien de Sao Paulo.
    -   Le proprio est un Allemand émigré qui a importé des vaches du Simmenthal.
    -   La forêt vierge perçucomme une entité vivante que l’Allemand a combattu pendant des années.
    -   Récit de ses tribulations.
    -   Et soudaine apparitiond’un anaconda de sept ou huit mètres traversant lentement la route.
    -   Telle étant la reinede la jungle.
    -   Dont un train routierlui fonçant dessus aura probablement brisé les vertèbres, quoique le serpentcontinue d’avancer…

         La transmission
    -   Histoire du batelier Sang, sur le Mékong, dont le filsconduit depuis trois jours le bateau sur lequel se trouve le Voyageur.
    -   Quand il y a un danger, son père lui pose la main surl’épaule, sans un conseil de plus.
    -   Le fils connaît chaque remous du fleuve par son nomancien.
    -   L’histoire de Sang recoupe celle des bombardements sur leLao, dont l’intensité à dépassé ceux de l’Europe à la fin de la guerre.
         
        L’Adieu
    -   Sur un banc de laplace du marché d’un bourg autrichien, un vieil homme, prof retraité et veuf,reste là avec une amie et fait parfois semblant de dormir.
    -   Cette fois pourtant,il peine à se réveille, jusqu’au moment où l’on constate qu’il ne fait plussemblant du tout.
    -   À la morgue, une larmeversée par le Voyageur nous fait comprendre qu’il vient de perdre son père.
         
        Dans l’espace cosmique
    -   Le Voyageur seretrouve couché dans un canot à fond plat, conduit par un Maori dans une sortede labyrinthe à ciel ouvert.
    -   Puis le canot s’échouesur un matelas spongieux formé d’insectes morts.
    -   On retrouve là lessensations à la fois physiques et et quasi métaphysiques évoquées par Coloaneou Sepulveda au contact de la nature sauvage.

      Drive au Pôle Nord
       Récit d’une tout autre tonalité, dont un joueur de golf de l’Illinois est le sujet.
    -   Natif de Riga, il aémigré aux States après la déportation de son père par les Soviétiques.
    -   Débarqué au pôle nordà bord d’un brise-glace atomique, il va tirer dix coups sous le regard interditdu Voyageur, dix balles de golf dans la neige, à proximité du drapeaurusse…

         Retour au bercail
    -   Le long d’une rivière canadienne, en Ontario, le Voyageur assiste à la remontée problématique dessaumons qui vont se heurter à l’obstacle d’une cascade asséchée.
    -   Désignant la« saloperie da cascade », un pêcheur n’en fait pas moins lacueillette de quelques saumons survivants…

          Courants contraires
    -   Au Cambodge, leVoyageur assiste au feu d’artifice sur le Mékong, à l’occasion de la fête del’eau à Phnom Penh, avant d’évoquer les effets de la mousson sur les crues descours d’eau et des lacs.
    -   Cette évocationrecoupe celle des massacres imputables aux Khmers rouges.
    -   Très remarquable récit là encore.

       10570402_10204631354290648_8814071689730218919_n.jpg  Le travail des anges
    -   Le Voyageur se retrouve à Trebic, près de l’égliseSaint Martin et nonloin du cimetière juif dont s’occupe le vieux Pavlik, ancieninstituteur non juif.
    -   Il est làé comme ungardien de mémoire, car il est question de désaffecter ce cimetière où reposentplus de 11.’’’ Juifs.
    -   Il est visiblementmarqué par la réflexion selonlaquelle les anges du Tout Puissant ont regardépasser les trains de déportés vers les camps d’extermination sans broncher.

       Dans la forêt de colonnes
    -   Devant la citerne géante de Yerebatan, en la basilique souterraine de Justinien, au milieu de laforêt des colonnes, le Voyageur observe le curieux manège d’un visiteur quis’immerge après avoir jeté une pièce dans l’eau, qu’il entreprend ensuite deretourner.
    -   Scène étrange en celieu, comme beaucoup d’autres scènes de ce livre en d’autres lieux…

         La beauté des ténèbres
    -   Le Voyageur se décritlui-même en train de scruter, avec ses instruments d’astronomie, la galaxiespirale de la Chevelure de Bérénice, qui a mis quelque 44 millions d’annéespour arriver du fond de l’espace à cet observatoire pseudo de Haute-Autriche.
    -   La séquence est assezvertigineuse, finalement traversée par le cri d’une chouette hulotte rappelant que le ciel communique avec la terre…


       Tombé du ciel nocturne
    -   À Jaipur cette fois,du toit en terrasse de l’hôtel dit Le Palais des Vents, le Voyageur assiste àl’envol de milliers de cerfs-volants à l’occasion de la fin de l’hiver.
    -   Le récit de la chuted’une roussette, blessée par l’armature aiguisée d’un cerf-volant, corse lerécit de manière significative, comme l’épisode des renards volants…

       Le pianiste
    -   Il y a du conte trèsplastique, à la japonaise, dans cet épisode faisant intervenir un très petitpianiste, assis comme un enfant à un grand piano, tandis que l’air extérieur vibre au chant des cigales.
    -   Le reste se ressentplus qu’il ne se décrit, comme souvent au fil de ces pages subtiles, à la foisréalistes et irréelles.
        
         La chance et l’océan calme
    -   Le Voyageur, dans unquartier populaire de Valparaiso, observe un type qui lui semble un vendeur debillets de loteries au vu du collier de tickets qu’il porte autour du cou.
    -   Or ces billets ne sont pas à vendre mais représentent la collection des billets non gagnants rassemblés par le type en question.
    -   Tout cela sur f

    pitcairn_3202622b.jpg

    ond de réalité chilienne non détaillée au demeurant…

      Les règles du paradis
    -   Suit le plus long récit du livre, de presque vingt pages, évoquant la saga fameuse des révoltés du Bounty, alors que le Voyageur se trouve sur l’île perdue de Pitcairn où lesmutins ont fini par débarquer et crever après moult tribulations.
    -   L’on en apprend plus sur l’aventure de Fletcher Christian et de ceux qui l’ont assisté, puis le
    Voyageur interrogecertains des descendants des forbans et se balade le long des falaises à-pic del’île.
    -   Il y a là-dedans un mélange de souffle épique et de sauvagerie où les fantasmes paradisiaques à la Rousseau en prennent un rude coup.
    Tout cela très fort,toujours inattendu et intéressant, d’une expression limpide et comme nimbéed’étrangeté ou de mystère.
    Loin est ici àmi-parcours de ce livre sans pareil.

          La face cachée du salut
    -   L’apparition d’ungilet de sauvetage rouge, au bord d’un champ d’épaves de l’Océan indien,prélude à l’évocation du drame qui a coûté la vie à l’équipage d’un cotredisparu. Dont l’épave seule, intacte, réapparaît ensuite. Geste rituel d’uneHindoue versant de l’eau du Gange dans l’eau où reposent les noyés.
         
          Le non-mort.
    -   Ensuite on se retrouvesur la Place Rouge, à Moscou, où sept couples de jeunes mariés attendent de sepointer dans le mausolée de Lénine.
    -   Diversesconsidérations devant la dépouille irréelle du révolutionnaire devenu dictateur.
          
       Visiteurs au parlement.
    -   Après la visite à lamomie russe, le Voyageur observe un vieux type, pieds nus, dans la file descurieux se pressant à l’entrée du Reichstag de Berlin.
    -     Les pieds nus de l’original intriguent unepetite fille et mettent en évidence, sans peser, l’aspect étrange voire absurde de cetteprocession.

        yue-minjun-execution.jpeg  Nu dans l’ombre
    -   De nombreux récits durecueil ont une connotation politique. Sans discours à ce propos.
    -   Ici, c’est un hommenu, dans la cours d’une prison psychiatrique, dans la Grèce des colonels.
    -   Le cri du type déchireet signifie, sans besoin d’autre commentaire.
    -   Cependant la scène estminutieusement détaillée, avec quelque chose de très oppressant.
       
          Un requin dans le désert
    -   Sur une route côtièrede la mer Rouge, le Voyageur remarque un arbre couvert de petits fanions, luirappelant les drapeaux de prière tibétains. Mais la comparaison s’arrête là carces chiffons n’ont rien de sacré.
    -   Puis on se retrouve aumarché aux poissons d’Al Hudaydah, et ensuite sur les lieux d’un accident detriporteur dont le conducteur débite le requin qu’il transportait.

        303671016.2.jpg Sang
    -   Le Voyageur se remémore son enfance en Autriche, après le massacre, par la police, d’un garçon sauvage du lieu.
    -   Ivre, le lascar avait profané un monument aux morts de la guerre, et les anciens combattants l’ont dénoncé.
    -   Le Voyageur étaitalors enfant de chœur, et il évoque le drame à la manière d’un Thomas Bernharddans ses récits de faits divers.
    -   Les traces de sangdans l’église ont marqué la mémoire du narrateur.

         Arche de lumière
    -   Le Voyageur seretrouve à Sydney où il observe l’ascension de l’arche gigantesque du HarbourBridge, par un type dont il croit qu’il va se suicider.
    -   Puis la ville estfrappée par une panne d’électricité géante.
    -   Il croit voir« la phase terminale d’un chemin de vie ».
    -   Mais c’est comme une erreur d’optique, ou comme une façon d’accommoder la vision, fréquente chez CR.
          
          Seconde naissance
    -     À bord d’un brise-glace russe à l’arrêt sur labanquise, un pilote d’hélico convie ingénieurs et matelots à fêter sa secondenaissance après le crash de son appareil.
    -   Cela se passe vingtans après le récit de la découverte de la Terre François-Joseph, qu’il aévoquée dans Les effrois de la glace etdes ténèbres.
    -   Très belle évocationd’une ourse polaire et de ses petits (p.274)
        
         Le dieu de glace.
    -   Le Voyageur évoque ledésarroi d’un petit garçon qui voit fondre la tête d’un bonhomme de neigeconservé dans un congélateur.
    -   La scène se passedevant un manoir du comté de Cork.
    -   Le père et le fils finissentpar éclater de rire à la vision de la tête fondue.
    -   On n’en saisit pasmoins l’importance magique de cette têtede neige…


        Le prêcheur.
    -   Se la jouant Jésus et les marchands du temple, un prêcheur invective les petits commerçants ukrainiens et caucasiens dont les cahutes envahissent la pelouse du grand stadedu Dixième anniversaire, construit en mémoire du soulèvement de Varsovie.
    -   La scène est assez emblématique, typique de la Pologne de la fin des années 80.
    -   Je me rappelle une manifestation patriotique monstre dans le même stade, pendant les années de plomb.
           
       Un photographe.
    -   Un cantonnier en train de creuser une fouille, devant une maison bleu pâle de la ville dominicaine dePuerto Plata, est prié par une dame de la prendre en photo avec deux types.
    -   Une pancarte vientd’être posée devant la maison, annonçant l’ouverture d’un cabinetd’hypnotiseur.
    -   Le cantinier, aprèsavoir tenu l’appareil de photo en ses mains, se dit que peut-être sa vie auraitpu être tout autre…
    -   Là encore, la banalitéd’une scène se charge d’étrangeté et de sens plus profond.
           
       Pacifico, Atlantico.
    -   Le Voyageur se retrouve à 3400 mètres d’altitude, juste au-dessous du cratère de l’Irazu, levolcan le plus dangereux du Costa Rica.
    -   Il se trouve là dansl’espoir de voir l’oiseau quetzal, mais le brouillard est au rendez-vous.
    -   Il est aussi question du pèlerinage à la Vierge noire, la Negrita.
        
        Love in vain.
    -   Dans une clairière de la mangrove, sur la côte est de Sumatra, le Voyageur surprend une scène un peusurréaliste de karaoké sans public, dont le chanteur (aveugle) interprète untube des Rolling Stones,
    -     Comme à chaque fois, ce n’est jamais lepittoresque qui est recherché par le Voyageur, mais l’étrangeté, le mystère, lamagie d’une situation où nature et culture ne cessent de s’interpénétrer.(p.300)

          La menace
    -   En Malaisie, le Voyageur est confronté à la chasse aux trafiquants de drogue,menacés de mort.
    -   Raconteun contrôle à la douane, où son bus est vidé de ses occupants et immobilisélonguement.
    -   Une jeune femme est contrôlée plus sévèrement que les autres.
    -   Puis elleregagne sa place dans le bus. Mais personne ne vient s'asseoir près d'elle...
          
        Présumé coupable
    -   Puis on se trouve en Afrique du Sud.
    -   Le buss'est arrêté auprès d'une pancarte proclamant : Hang em !
    -   Il estquestion d'un flic blanc, soupçonné de meurtre. Mais rien n'est sûr.
    -   Des conversations contradictoires suggèrent le climat du moment, plus à cran que jamais...
        
       Enfant (kuffer v1).jpg  Dimanche blanc
    -   Où il est question de la prochaine communion d'une petite fille.
    -   Que son père accompagne dans un magasin de chaussures, sans cesser de critique cette dépense, et cette fête, non sans charrier la vendeuse de mufle manière .
    -   La grossièreté du type me rappelle tout à fait certaine Autriche. Le con.
    -   Et comme elle raison, la petite fille, de refuser de porter les godasses !
         
          La pêcheuse à la ligne
    -   Une autrepetite fille, à Katmandou, avec une canne à pêche.
    -   Elle setrouve là au milieu des bûchers, sur lesquels crament des cadavres.
    -   Elle pêche, à l'aimant, des bijoux tombés des bûchers.
           
        Le vase chinois
    -   À Santiago duChili, dans un jardin retiré, le Voyageur tombe sur une vase chinois genreMing, de trois mètres de haut.
    -   L'ambiance est à la préparation d'une garden-party.
    -   À un momentdonné, un employé du personnel de service déplace le vase, qui semble nepeser rien.
    -   L'objet doit êtrede papier.
    -   Le détailchange tout de ce qu'on perçoit de la séquence...
         
       Verdier130003.JPG   Calligraphes
    -   Au bord du lac de Kunming, au nord-ouest de Pékin, des calligraphes recopient des poèmes Tang sur de grandes pierres, se servant d'eau en guise d'encre. De sorteque le soleil fait s'évaporer tout ce qui s'écrit.
    -   Merveilleuse évocation là encore, sans rien de kitsch...
         
          Pèlerins
    -   À l'extrême -sud du Sri Lanka, sept ans après le tsunami qui a fait 7000 morts,Sameera le conducteur de tuk tuk raconte son histoire.
    -   Evoque lesort précaire des humains sur cette terre.
    -   Le vieil ermite, et ce lieu édénique où l'homme brille par son absence... (P.336-347)
           
        Consolation des affligés
    -   Aux portes de l'hospice psychiatrique de Steinhof (cf. Thomas Bernhard), quelques dévots psalmodient.
    -   - Rappelle le passé, de très sinistre mémoire, du plus grand asile d'aliénés dumonde, qui comptait 4800 lits médicalisés à sa grande époque.
    -   Et comment les nazis déportèrent ou liquidèrent les individus jugés"indignes de vivre".
         
         Le ténor
    -   Le Voyageur se retrouve dans un hôtel de Mourmansk, "les yeux braqués sur le chaos blanc".
    -   Décrit la décrépitude du lieu, aux eaux complètement polluées par ledémantèlement des sous-marins nucléaires, notamment.
    -   Sur cet arrière-fond apocalyptique, suit une émission de télé consacrée à unconcours de chant.
    -   Oùs'illustre un ténor anglais amateur, interprète glorieux de Puccini...
         
          Homme sans soleil  
    -   Dans un pub du comté de Cork, desouvriers se racontent l'histoire d'un tailleur de pierre qui a juré de cesserde boire.
    -   lest d'ailleurs là. L'entrepreneur allemand qui les emploie a juré de le virers'il arrivait une fois de plus en retard.
    -   Il va donc se préparer au réveil du lendemain, sans se rendre compte du faitqu'il a une nuit d'avance.
    -   Unehistoire dingue qui rend très bien certain climat de folie arrosée àl'irlandaise...
         
          Ralenti
    - Sur la côte pacifique du Costa Rica, un paresseux tombe d'un arbre et s'écrase au pied d'une femme en train de repasser une chemise blanche.
    -   La femme éclate de rire et le petit chien qu'il y a là montre son vif mécontentement à l'animal griffu, qui se traîne lamentablement au sol, cherchant l'ombre de la forêt...
    -     
          Le chasseur de varan
    -   À Java Timur, tout un attroupement de gens se fait au lieu d’un accident, autour d’un conducteur de mobylette couché au sol.
    -   Unefillette hurle et l’on voit un varan ficelé sur le véhicule, lui aussi blessé.
    -   Puisun homme en pagne soulève la fillette au-dessus du sol, comme le font ensuiteplusieurs spectateurs, et la fillette cesse de hurler et rit comme une folle.

       Blueeyes.jpg  Avis de tempête.
    -   Le Voyageur se rappelle avoir vu deux bras gracile d’une femme étendre du linge,tandis qu’un orage s’approchait de Roitham en Haute-Autriche.
    -   Unorage qui arrache le toit de la plus grande demeure du village, dont le contenu du grenier s’envole et retombe dans la cour.
    -   Ily a là des drapeaux nazis et un grand portrait d’Adolf Hitler en chevalierteutonique.
    -   Comme le retour du refoulé…

          Une fin du monde
    -   Dans une flambée apocalyptique s’effondrent la Bank ou China et toute une série d’établissements bancaires, cramant sur la mer de Chine à Hong Kong.
    -   Ce ne sont évidemment que des maquettes de bois qui flambent sur l’eau.
    -   Magnifique évocation,une fois de plus, d’une fête populaire local, ici à la gloire du ciel Tin Han,déesse de la mer de Chine orientale.
    -   Le Voyageur a participé à une rencontre de poètes et écrivains occidentaux et chinois.
    -   Ce qu’il en tire n’a rien de convenu au demeurant…

          Le chien de berger
    -   On est maintenant en Lycie, dans le Taurus occidental.
    -   Le Voyageur se rappelle la guerre de Troie.
    -   Un chien le conduit aulieu d’une coulée de terre, d’où émerge un sarcophage.
    -     Là encore les vestiges du lointain passésuscitent une ré-actualisation étonnante.
          
         À l’ombre de l’homme-oiseau.
    -   Retour à l’île dePâques, où le Voyageur chemine jusqu’à la baie d’Anakena.
    -   Là que ce serait établie la première colonie humaine.
    -   Il approche d’uneferme où pourrit une charogne de cheval.
    -   Surgit ensuite untroupeau de bovins hurlant de faim.
    -   Il va pour les abreuver et rencontre une femme, avant de développer un récit épique relatif àun ancien rite divin.
    -   Fabuleuse plongée là encore. (p.400-411)

        Scènes de chasse
    -   Où il s’agit, en premier lieu, du jeu cruel d’unchat avec un oiseau.
    -   Cela se passe au bord du Parana, dans un poste d’essence dont le patron est soupçonné de trafic decoke.
    -   Les deux histoires, dujeu du chat et de la disparition du trafiquant, se mêlent en contraste.
    -   Et l’épisode finit parle défilé de colonnes de fourmis à côté de l’oiseau mort.

       Le scribe
    -   Trois hommes et trois femmes se trouvent engagés dans une expédition à travers le Tibet oriental,déclaré zone dangereuse en ces jours précis ; mais ils sont déjà en route.
    -   Les témoins éventuelsde la répression policière chinoise contre les moines tibétains ne sont pas lesbienvenus ( !)
    -   Ils vont découvrir desinscriptions, sur des pierres, datant de siècles.
    -   Puis ils découvrent untrès jeune scribe, dont on comprend que lui aussi écrit depuis des siècles…

    Perles.jpg   Transgression
    -   Une jeune nageuse évolue dans une piscine bleue, au milieu d’un jardin nocturne de Bali.
    -   Cela se passe à Nyepi,lors d’une fête exigeant l’obscurité totale.
    -   Et là, des nuées depapillons son attirés par la lumière de la piscine…
    -   Les papillons menacésde noyade se réfugient sur le dos de la jeune fille.
    -   Il est question despierres du ciel tombées d’un certain volcan.
    -   Les images se mêlentune fois de plus…

         Silence
    -   Sur la côte est de SriLanka, un troupeau d’éléphants. C’est le soir de Noël.
    -   Le troupeau n’est que l’avant-garde d’une immense colonne de 200 éléphants sauvages, fuyant la guerrecivile entre forces gouvernementales et tigres tamouls
    -   Là encore se combinentl’observation d’un premier plan et la situation politique en crise du moment,sans le moindre commentaire au demeurant.
         
        Fillette sous l’orage d’hiver
    -   Au bord de l’Inn, une fillette de six ou sept ans cherche la main de son frère aîné, mais celui-ci reste distant.
    -   Il est question d’un père qu’on doit aller chercher à la taverne.
    -   Le grand frère joues on rôle.
    -   À un moment donné, la fillette, dans la nuit, fait l’expérience de l’épouvante.
    -   La trace de la nuit entre danger et lieux de protection prendra, avec le temps, une dimension poétique particulière aux yeux du Voyageur.

    Samivel4.JPG   L’arrivée
    -   Dans l’ouest de l’Himalaya, à 4000 mètres d’altitudes, le Voyageur voit trois moines quimarmonnent de concert dans une grotte.
    -   De très jeunes moines.
    -   Qu’il découvre aprèsdes heures de marche difficile, jusqu’au lac de Phoksundo, près du village de Ringnmo.
    -   Après un premier arrêtau village, son compagnon le persuade, malgré leur fatigue, de monter jusqu’à àune grotte où ils découvrent les trois jeunes moines.
    -   Qui leur offrent du thé salé au beurre de yak.
    -     La nuit tombe au pied des 6000, et, dans unesorte de sérénité, le Voyageur note encore ceci : « Je me sentais à l’abri comme en ces temps révolus où l’on me portait au lit soir après soir : par une fente de la porte qu’on laissait entrouverte à cause de ma peur du noir, jevoyais un rai de lumière et j’entendais chuchoter dans la pièce d’à côté lesadultes qui me protégeaient. Lorsqu’une étincelle sauta de la cendre blanche comme neige et s’éteignit en vol dans l’obscurité froide de la grotte, je m’endormis. À présent j’étais arrivé. ( P.455)

    1941565_10206467175545032_552232758446146429_o.jpg(Première lecture de ce livre sublime achevé au soir du 18 avril 2015, alors que Lady L. volait vers les States)

  • Le temps du dévoilement

    130803742_10225359753327669_2532734546128593518_n-1.jpg
    La poésie, encore largement méconnue, de D.H. Lawrence, fait écho à son essai consacré à l'apocalypse, moment de révélation à extirper de son fatras théologique et nous ramenant à ce qui se dévoile sous nos yeux pour peu que nous les tenions ouverts. Et si la naissance d'un dieu restait source de poésie ? C'est aussi la question que posait William James (petit frère du grand Henry) au début du XXe siècle dans son aperçu de l'Expérience religieuse, disponible aujourd'hui via Kindle pour 4 euros. La même question marque en outre la conclusion de La Vie dans l'univers du physicien Freeman Dyson (Gallimard, 2006), type même du savant modeste auquel le poète Jacques Réda s'adresse dans sa Lettre au physicien (Gallimard, 2012), où l'hypothèse d'une poésie ininterrompue se vérifie une fois de plus , telle que la propose le SDF genevois du vers libre Vince Fasciani dans Simplement comme c'est (Éditions des sables, 2020) entre autres allumés du réverbère...

  • Fille de l'air

    medium_Freud12.2.jpgElle porte son duffle-coat bleu roi comme un petit nain. Lorsque je me pointe dans le compartiment d’à côté, elle se déplace et vient s'asseoir en face de moi. Je n’ai pas envie de faire attention à elle, mais elle m’y oblige: elle n’a personne ni nulle part où aller. Elle est adorable sans être jolie ni belle. En principe elle allait à Vienne dans la Drôme, mais à la gare où je descends elle descend aussi. Je remarque qu’elle n’a aucun bagage. Ensuite elle me suit partout, jusque chez moi où je lui dis que je n’ai qu’un lit, mais ça lui va. Nous dormons sans nous déshabiller, sans nous caresser, sans dormir peut-être mais dans les bras l'un de l'autre. Le matin je lui dis que j’ai du boulot au journal. Le soir quand je reviens l’oiseau s’est envolé.

    Image: Lucian Freud