Celui qui s’est toujours identifié à l’équipe-qui-gagne / Celle qui estime que ce jeu est par trop « genré » / Ceux qui considèrent qu’une analyse socio-politique s’impose en sorte de montrer l’aliénation du Système qui veut que des millionnaires noirs soient considérés comme des héros alors que leurs familles et belles-familles continuent souvent d’être traités comme des parias enfin pas toutes on est bien d’accord / Celui qui est surtout sensible à la beauté du geste / Celle qui vibre à la liesse / Ceux qui craignent le Grand Remplacement des arbitres blancs / Celui qui défie ses collègues de bureau en prétendant que la Suisse aurait fait mieux avec le soutien de sponsors plus performants / Celle qui a surtout apprécié le contraste du bleu et du vert sur fond rouge et blanc / Ceux qui affirment que tout ça a été manigancé pour faire oublier les prisonniers politiques ukrainiens et tchétchènes / Celui qui écrit que l’Arc de Triomphe n’aura jamais assisté à un défilé aussi historique marqué par quatre buts français entrés dans la légende avec tout un peuple gagnant derrière les Onze et leurs remplaçants / Celui qui propose à sa classe de terminale d’analyser chacun des buts gagnants en termes de valeur ajoutée au récit picaresque de la France plurielle / Celle qui compose un Hymne au Jarret National non sans fantasmer (inconsciemment) sur les mollets de Luka Modrić / Ceux qui estiment que cette victoire historique mondiale inscrit le génie de Deschamps dans la filiation directe de celui de l’entraîneur corse Napoléon Buonaparte malgré son dernier auto-goal, etc.
Peinture: Nicolas de Staël.