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  • Jean Genet magnifié

     


    LittératureLittérature
    « Si vous savez fouiller dans l’ordure, que j’accumule exprès pour mieux vous défier et vous bafouer, vous y trouveriez mon secret, qui est la bonté » (Jean Genet)


    « La chasteté est moins l’abstinence que la grâce de laisser tout ce qu’on touche d’une pureté de neige : la surnaturelle impossibilité de souiller la vie quoi qu’on fasse », écrit Lydie Dattas au moment d’aborder la genèse du plus beau livre de Jean Genet, Miracle de la rose, constituant la transmutation poétique de son séjour au bagne d’enfants de Mettray.
    « Genet, poursuit Lydie Dattas, macérait en prison quand il apprit que le détenu de la cellule voisine avait été enfermé à Mettray à l’âge de douze ans. S’éprenant de l’ange de sa jeunesse il lui ouvrit les portes d’un second livre, Miracle de la rose. Plaçant celui-ci sous la garde de Saint-Just, il mit en exergue sa proclamation de dieu guillotiné : « Je défie qu’on m’arrache de cette vie indépendante que je me suis donné dans les siècles et dans les cieux ». Puis à l’intérieur du reliquaire de son livre, enveloppé dans la panne de velours de ses mots, il déposa le plus tendre de son cœur. Se souvenant des grands marronniers de la Colonie, il recueillit leurs fleurs roses dans le tablier de ses phrases ».

    Littérature
    On a ici un échantillon de l’écriture de Lydie Dattas, qui recompose une saisissante figure de Genet dépouillé de ses oripeaux de poète maudit et de ressentimental retors pris quelque temps au piège d’une gloire équivoque et qui s’en dégagea finalement pour gagner son désert et rejoindre son idéal d’enfant perdu, résumé par le mot de bonté.
    Un Ange de Bonté, ce voyou sulfureux des lettres qui coupa de peu à la relégation perpétuelle et dont les livres célèbrent les vertus inversées de l’érotisme homosexuel, du vol et de la trahison ? Le paradoxe paraît énorme, et d’autant plus que l’officiante use souvent d’une rhétorique fleurant sa Légende dorée, mais le pari de cette interprétation se tient, qui révèle le Genet primordial, l’enfant abandonné par sa mère et puni par la société pour cela même, le gosse recueilli contre espèces sonnantes et rejeté une seconde fois par sa mère nourricière à l’âge de servir dans les fermes, le « petit délicat » à l’extrême sensibilité, l’adolescent angélique amoureux des prairies et du ciel, le Genet aux yeux couleur de myosotis chassé de son vert paradis d’Alligny et qui y reviendra de loin en loin, traînant partout cette nostalgie d’exilé qu’il sublimera en rendant aux plus démunis que lui ce qu’il n’a jamais reçu.
    En odeur de sainteté l’auteur de Pompes funèbres, de Querelle de Brest et du Balcon ? Ce n’est pas ce que prétend Lydie Dattas. Mais l’évidence n’est pas moins là que ses messes noires, de bars en bordels, et sa charge féroce de toutes les Institutions et Fonctions établies, du juge de Notre Dame-des-Fleurs aux hiérarques du Balcon, n’excluent en rien une part plus secrète et profonde du Genet lecteur de Dostoiëvski dont maints aveux illustrent une aspiration christique, et ses errances politiques participeront elles aussi de ce ralliement au dernier des parias, des Black Panthers au peuple palestinien.
    « Avec les Palestinien, relève Lydie Dattas, Genet crut trouver les pauvres de l’Evangile : si le royaume des cieux est l’endroit où sont accueillis les misérables de toute sorte, le bidonville en était peut-être l’antichambre ». Et l’auteur de rapporter cet épisode digne de Bernanos : « Un jour de ramadan, à Ajloun, Genet rencontra un jeune homme nommé Hamza, qui l’amena chez lui où il vivait avec sa mère, âgée d’une cinquantaine d’années. Le jeune homme présenta Genet : « C’est un ami, c’est un chrétien, mais il ne croit pas en Dieu ». La mère répondit aussitôt : « Alors, puisqu’il ne croit pas en Dieu, il faut que je lui donne à manger ». Sous le tranchant de cette parole, le sobre ciel de Palestine s’ouvrit en deux, comme un rideau de soie bleue derrière lequel s’avança, rayonnante de compassion, la pietà de bois d’Alligny.
    « Ce n’était pas la première fois qu’un être humain accueillait Genet, mais personne n’avait encore aussi simplement déchiré le ciel, avec les rouleaux de ses lois écrites, pour venir à lui. Sourd aux roulements de tambour des dogmes, Dieu était quelqu’un qui enfreignait ses propres lois pour vous donner à manger. Parce que ce geste venait d’une mère, le matricule 192.102 retrouvait enfin une place parmi les hommes. A son cri silencieux, la Palestinienne venait de donner la réponse humaine dont il désespérait depuis toujours. »
    Ce qu’il y a de très beau et de juste, de profondément vrai dans ce livre à la fois radieux et pur de toute jobardise intellectuelle, qui réordonne toute l’œuvre dans la lumière candide de Miracle de la rose, rejoignant d’ailleurs le jugement implacable du poète sur ses propres livres, c’est que Lydie Dattas révèle le noyau pur de ce grand écrivain dont le testament reste en somme non écrit, gravé dans le cœur de ses protégés ou dispersé entre le sable et les étoiles, la mer et le ciel.

    Littérature
    Livre de bonté et de beauté que La chaste vie de Jean Genet, à la mémoire d’un homme sauvé par son désir de beauté et de bonté.
    Lydie Dattas. La chaste vie de Jean Genet. Gallimard, 215p.

    Portrait de Jean Genet, par Alberto Giacometti. Tombe de Jean Genet.

  • L’av ir de la Pl ète

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    …Q  nt à no f  êts leur d   nir e t en  e no ma  s, c’ st   e que   on de  e ou de m  t et c  st ce qu’il faut abso     t i cul  er a x jeun s g   rations : le sort des arbres  est la c é  de   tre s   ie à tous…

     

    Image: Philip Seelen

  • Premier roman

     

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    L’affreux Céline prétendait que le roman actuel se réduisait à une bricole genre lettre à la petite cousine, et moi je lui renvoie la politesse, pasque la petite cousine c moi, et dans Jeune fille en fleur, qui vient de sortir chez Madrigal, je me raconte, je raconte ma grand-mère et Maman, je raconte mon premier french Kiss au bord de la Vivonne avec mon petit Marcel si sensible et je raconte sa crise quand j’ai passé ses cattleyas au DDT - je raconte tout, alors Céline à nous deux : tu vas voir le carton de la petite cousine…

     

    Image :Philip Seelen  

  • Le plan Bi

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    …Ensuite tu sais ce que me dit Hervé… là tu vas tomber… il me dit comme ça que c’est à cause de moi qu’il s’est éloigné de toi…en fait il a bien vu comment tu me regardais chez Paul quand on s'est rencontrés les trois…ensuite il a bien vu que tu sentais qu’il pensait à moi quand vous étiez les deux…et tu sais ce qu’il me dit…qu’il sentait aussi que toi aussi tu pensais à moi…et voilà qu’au sixième mojito ça lui sort et là j’hallucine parce qu’il me dit que moi aussi je lui donne l’impression que je pense à lui quand je lui parle de toi, donc il me propose de revenir vers toi pour être plus près de moi, tu vois ce que je veux dire ?...


    Image :Philip Seelen