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  • Au Club des spécialités

     

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    Notre ami le coupeur de tresses a le meilleur jeu ce soir, et sans doute va-t-il nous plumer une fois de plus.

    Le jeune révérend lesbien relève en souriant qu’il y en a qui naissent coiffés, ce qui nous fait rire par simple convivialité, eh, eh.

    Notre convention stipule qu’à celui qui gagne on donne ce qui lui fait plaisir, et là ce ne sera pas compliqué vu le goût simple de Ferdi. De fait, vous savez que  les filles tressées ne manquent pas dans cette partie de Vienne. Cependant Vienne, précisément, nous inquiète.

    Nous parlions ce soir de la situation générale dans le pays. Tout ouverts que nous soyons aux penchants spéciaux, nous nous inquiétons aussi bien, depuis quelque temps, de voir s'affirmer en nombre les vociférateurs aux bras levés, et d'autant plus qu'ils nous vilipendent dans les journaux et les  assemblées.

    En vérité, la marge de liberté s'amenuise pour les marginaux singuliers que nous sommes, tandis que les vociférateurs croissent en nombre et en surnombre, les bras levés comme des membres.

    Mais que deviendrait la séculaire société viennoise sans nous autres innocents coupeurs de tresses, renifleurs d'aisselles et autres buveurs de larmes à l'ancienne, sans parler de nos amis poète également menacés ?C'est de cela que nous parlons ce soir en brassant nos cartes, au fond du café que vous savez dont nous ne savons pas quel sort l'attend avant longtemps, que nous partagerons...

    Image: Philip Seelen.

     

  • Mon penchant

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    …Ce n’est pas tant un moyen terme qu’une pente personnelle, entre le précipité vertical de la foudre et l’immanence méditative des lacs d’Engadine, c’est de la même façon que j’ai toujours gardé à l’esprit la solution tierce qui dépasse, au sens où le comprend le Tao, les limites solipsistes du bilboquet ou la mécanique un peu énervante à la longue du ping-pong - bref l’expérience m’a enseigné qu’il n’y a que la diagonale pour accéder aux arêtes de ma préférence où tu chemines, calmos, entre deux abîmes…
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui se retrouvent au Spital

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    Celui qui demande au Bosniaque quelle ligne de bus conduit au Spital / Celle qui a mis son joli tailleur turquoise pour rendre visite à sa cousine Frieda qui vient de se faire tout enlever / Ceux qui ont acheté des roses avec des bons de l’amicale du Cor des Alpes / Celui qui dans le 19 est assis à côté d’un Noir à dreadlocks qui lui raconte le lupus de son frère de lait / Celle qui craint de revoir sa mère par trop diminuée eu égard à son physique de championne de patin aux jeux olympiques d’Helsinki / Ceux qui se rappellent que le Spital (hôpital en langue civilisée) jouxte le Friedhof (cimetière) / Celui qui entame une conversation à caractère politique avec le Bergamasque en pyjama vert / Celle qui éclate en sanglots bruyants en découvrant l’homme de sa vie enveloppé de bandelettes / Ceux qui s’en fument une sur la grille d’aération de la chambre froide / Celui qui estime que le Dieu trinitaire ne peut que réserver un sort privilégié à un croyant pourvu d’un testicule de plus que le chrétien banal / Celle qui se fait surprendre en train de s’approprier le super bouquet qui restait dans la chambre de la défunte en voie de remise en ordre / Ceux qui opinent du bonnet en écoutant le patriarche macédonien qui vaticine sur sa chaise roulante sans se douter que sa sonde perd du liquide / Celui qui se retient de glisser une main preste sous la blouse verte de la Quebecoise tout en chair / Celle qui vient d’atteindre le degré 3 du Sudoku quand on lui apprend le résultat de son dernier IRM / Ceux qui se confient des secrets de mecs dans le clair-obscur jaune de l’insomnie / Celui qui trouve aux jeunes infirmiers le même érotisme latent qu’aux jeunes cuisiniers / Celle qui exerce son acrimonie sur les aides-soignantes maliennes au point de s’attirer les foudres du patron kényan / Ceux qui confessent leurs pensées impures à l’aumônier sarde qui se retient juste de leur conseiller une bonne secousse avant de revenir à Jésus l’âme pure / Celui qui retrouve la beauté de l’humain en observant son voisin de lit qui s’excuse d’en chier tellement / Celle qui chante Purcell pour la chambrée de sa voie de colorature / Ceux qui savent qu’ils ne sortiront du Spital que pour entrer au Friedhof, etc.

    Image: Philip Seelen