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Commedia pazza

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En bonne tradition comique italienne, par et avec l'acteur-réalisateur Sergio Castellitto, gratifié d'un Léopard d'or à la carrière, "notre" festival a démarré dans la meilleure humeur, avant les trombes du soir sur la Piazza Grande...

 

Après l'ère du Français Père naturellement francophile et porté sur le cinéma américain ou "de genre", la première programmation du nouveau directeur artistique du Festival de Locarno, l'Italien Carlo Chatrian, fait un peu plus de place à la cinématographie italienne, quand bien même celle-ci ne serait plus des "grandes années"...

Premier signe: l'hommage à Sergio Castellitto, acteur et réalisateur dont une comédie assez carabinée, datant de 2010, était à voir au jour d'ouverture de la manifestation, intitulée La Bellezza del somaro.

Sous des dehors passablement déjantés voire parfois "jetés", avec des mouvements de caméra frisant la parodie des "anti-dogmatiques" de Dogma, cette comédie n'en épate pas moins par la vivacité de sa satire d'époque, son remarquable tonus et l'excellence de ses acteurs, Sergio Castellitto en tête, à quoi s'ajoute la présence récurrente (et combien apaisante) de l'âne éponyme sur fond de sublimes paysages toscans.

 

Un architecte progressiste (incarné par le réalisateur, dont l'abattage comique est impressionnant) passe le cap de la cinquantaine avec l'angoisse au ventre au côté de sa belle et intelligente conjointe (Laura Monte, tout à fait épatante elle aussi), aussi conventionnelle que lui en son esprit résolument "ouvert" de lacanienne à l'écoute de toute nouveauté "dérangeante",  sauf celle qui la dérangerait en effet.

Or voici qui dérange le couple: que leur fille mineure Rosa, après avoir largué son nigaud de Luca, genre post-punk très adonné à la fumette, leur amène, pour le week-end convivial en leur résidence secondaire des hauts plateaux siennois, un Armando plus que septuagénaire !    

 

Contrastant absolument avec le couple et ses amis bobos tous plus ou moins barjos, le vieil homme au très beau visage, serein et parfaitement "normal", fait figure de révélateur entres les "adultes" aux énervements puérils et les ados en manque de réelle attention, aux regards trop lucides.

Superbement épinglés, les personnages de La Bellezza del somaro constituent une frise qui prolonge en somme, aujourd'hui,  celle des Nos plus belles années. De la journaliste hargneuse ressassant ses slogans révolutionnaires, à la gouvernante régentant ses patrons, en passant par la psy qui encaisse le retour du refoulé de ses patients-copains  ou la petite amie en manque de sexe de l'architecte, le jeune motard au python câlin ou le petit Black super-intégré, il y a là toute une société non seulement italienne mais occidentale... 

Au milieu de ceux-là, comme un ange à cheveux blancs  passé par là, le septuagénaire très doux et non moins ferme dans son visible rejet du délire ambiant, donne au film son mélange de tendresse amusée et de stoïque placidité, semblables à celles de l'âne...      

 

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