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Du point de vue de l'ange

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Pour Declan, Nata, Lucie et les autres...

 

Je ne sais pas qui tu es, toi qui viens là, ni toi non plus n'es pas censé le savoir.

Ce que je sais que tu ne sais pas, c'est que tu es porteur de joie. Tu ne sais pas ce que tu donnes, que nous recevons. Après quoi nous te donnerons ce que nous savons, que tu recevras ou non.

 

Du point de vue de l'ange on pourrait dire que tu sais déjà tout, sans avoir rien appris. C'est une vision très simple que celle de l'ange, toute claire comme le jour où tu es venu, et qui se trouble au fil des jours, mais qu'un premier sourire, puis un rire suffisent à éclaircir.

 

On ne s'y attendait pas: on avait oublié, ou bien on ne se doutait même pas de ce que c'est qu'un enfant qui éclate de rire pour la première fois; plus banal tu meurs mais ils en pleurent sur le moment, à vrai dire l'enfant qui rit pour la première fois recrée le monde à lui seul: c'est l'initial étonnement et tout revit alors - tout est béni de l'ici-présent.

Tu vas nous apprendre beaucoup, l'enfant, sans t'en douter. Ta joie a été notre joie dès ton premier sourire, et mourir sera plus facile de te savoir en vie.

 

Du point de vue de l'ange, on pourrait dire que nous ne savons rien, sauf un peu de chemin. C'est l'ange en nous qui a tracé, un peu partout, ces chemins.   

Ensuite il t'incombera de choisir entre savoir et ne pas savoir, rester dans le vague ou donner à chaque chose ton souffle et son nom, leur demander ce qu'elles ont à te dire et les colorier, les baguer comme des oiseaux, puis les renvoyer aux nuées.

 

Les mots te savent un peu plus qu'hier, ce premier matin du monde où tu viens, et c'est cela que nous appelons le temps, je crois, ce n'est que cela: ce qu'ils feront de toi aux heures qui viennent, ce que fera de toi  le temps qui t'est imparti sous ton nom - les mots sont derrière la porte de ce premier jour et ils attendent de toi que tu les accueilles et leur apprennes à s'écrire, les mots ont confiance en toi, qui leur apprendras ta douceur.

 

                                                                                               (À La Désirade, ce 30 juin 2013)

 

 

(Ce texte constitue la dernière page de Mémoire des anges, à paraître aux Editions L'Age d'Homme. La couverture n'est qu'un projet de l'auteur, sur une image de Jephan de Villiers...)

 

Commentaires

  • Magnifique bientôt nouveau-né...

    Cette dernière page est belle, (paroles) à offrir à chaque infans...

    C’est le cinquième,
    après « Les Passions partagées », Lectures du monde (1973-1992) ; « L’Ambassade du Papillon » Carnets 1993-1999 ; « Chemins de traverse » Lectures du monde (2000-2005) ; « Riches Heures » (Blog-Notes 2005-2008)


    Un autre fragment de l’œuvre de Jephan de Villiers constituait la couverture de « Viol de l’Ange » (1997, Bernard Campiche éditeur)...

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