Celui qui s’est bricolé un abri dans les arbres / Celle qui ne boude jamais dans son boudoir / Ceux qui ont le sens de la clairière / Celui qui fuit les estrades / Celle qui relit la Cinquième Promenade du Rêveur solitaire dans la salle d’attente d’une modeste gare de zone industrielle / Ceux qui n’en finissent pas de visiter et de faire visiter l’unique pièce de leur cabane au toit défoncé / Celui qui parle avec émerveillement du mauve intense des landes de bruyère dont la fleur est la préférée de sa mère impotente / Celle qui chantonne en constatant le progrès quotidien de son lupus érythémateux / Ceux qui n’ont jamais tué un lapin et ne le regrettent point / Celui qui ne se sait pas affilié à la société secrète des zélateurs du point-virgule et qui l’est bel et bien / Celle qui remplit son nouveau matelas de laine de mouton sur lequel elle va faire des sauts dont elle se réjouit déjà, ah, ah / Ceux qui redoutent les émanations d’ammoniac / Celui qui croit reconnaître son père enfui dans le portrait de Napoléon le Premier qu’il déniche dans un placard secret de sa mère défunte / Celle qui pouffe tous les matins en retrouvant bien roses ses joues de lolotte dans le miroir ébréché / Ceux qui ont l’air d’anges même quand il se chient dessus / Celui qui se reproche de ne pas être attentif aux messages personnels du personnel céleste / Celle qui s’est fait à tout sauf aux lazzis de ses collègues téléphonistes de mœurs païennes / Ceux qui se planquent dans le tendre refuge de la poésie de Verlaine / Celui qui sait par cœur Booz endormi et en inflige la récitation à ses neveux insomniaques / Celle qui se mitonne un lapin en gibelotte / Ceux qui attendent un petit signe du bon Dieu quand ils font le bien et son tout dépités de ne voir Rien / Celui qui raconte ses mécomptes au fils du Comte qui se cure le nez de son index à l’ongle rongé / Celle qui vend des rameaux de buis au magasin Le Bon Berger / Ceux qui portent leur auréole de côté comme un béret / Celui qui achète des romans noirs avec le produits de ses ventes de pains de glace / Celle qui lit Le Chemin de la perfection au milieu des peluches qui la voient travailler la nuit / Ceux qui s’identifient aux héros de Ponson du Terrail / Celui qui porte le nom de Clément Douleur qui en impose à ceux qui savent la triste fin de sa mère écrasée un vendredi 13 par un tram bleu / Celle qui bouchonne le catcheur dont les fesses rebondies ont la consistance de la courge crétoise / Ceux qui savent distinguer la scarole de la frisée et la trévise de la roquette / Celui qui a construit une estrade pour son lit à une place et y adjoindra un baldaquin au moment du deux-places / Celles dont les soupes sont si consistantes que les cuillers s’y tiennent au garde-à-vous / Ceux qui laissent dans l’ancien pavillon de chasse des reliefs de festins et peut-être même d’orgies / Celui qui a connu (au sens biblique) la chaisière de la paroisse dans la chapelle désaffectée du château Peugeot / Celle qui lit Hérodote en surveillant la chèvre Amandine / Ceux qui aiment leurs enfants presque autant que leurs veaux / Celui qui prend à la glu les oiseaux pillards de son cerisier / Celle qui file des sucres d’orge aux jolis adolescents qui lui feront des choses à l’insu de l’épicier Lasueur / Ceux qui craignent de s’en aller sans avoir connu la griserie du Baptême de l’Air / Celui qui croyait voir le ciel de plus près du sommet de la Tour Eiffel d'où il a chu / Celle qui aime jouer de la flûte douce durant la sieste de faucheurs / Ceux qui se voient leurs enfants de la fenêtre alors qu’il s’est remis à pleuvoir sur la prison, etc.
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Ceux qui sont aux abris en toutes occurrences / Ceux qui se shootent au ravinsara HEBBD 100% pur et naturel / Celui qui s'empoisonne au suc d'if rapport au père d'Hamlet / Celui qui se pend au noyer du verger de la voisine / Celle qui aime marcher dans les forêts ignorées du soleil comme celle où Orphée pleura son Eurydice / Celui qui fut scié en même temps que l'arbre creux dans lequel il dormait / Celui qui arrachait l'écorce des arbres / Celle qui est friande de glands / Celle qui fait pâlir le jujubier / Celle qui fait parler le loup / Celle qui hésite entre le chêne et le roseau / Ceux qui pratiquent la géoplasticité et ne regardent pas à la dépense / Celui qui, faute de se voir clairement conférer le statut de sujet, s'ensauvage irrémédiablement / Celle qui évoque avec émotion sa première rencontre avec le "dru et sauvage" / Celui qui vigoureux a planté sa graine / Celle qui est toujours en quête d'un fruit sauvage qui la piquerait / Celui qui n'a jamais connu la femme sous l'arbre, et ainsi de suite
Celui qui monte à l'arbre et ne capture que le perroquet rouge (il pense que le vert n'est point mûr) | Celle qui imagine la vie devant elle comme un arbre | Ceux qui gravent une équation dans un arbre | Celui dont la jambe de marbre, emphatiquement cynique, hausse ses mates splendeurs, et cela fait le bruit du vent de la nuit dans un arbre | Celui qui se fait flinguer dans un arbre et dévorer par les fourmis | Celui qui s'accroche, par les dents, à une branche | Celui qui tient en son bec un fromage | Celui qui chante d'autant mieux qu'il chante dans son arbre, mais ça lui fait perdre le bout de fromage | Celle qui lit sous un arbre (attention, chute de fromages) | Celui qui se satisfait de la clarté du jour, et quand, le soir venu, cette clarté décline, quand, sous le vent d'hiver, le vieil arbre s'incline, il dit: "La vie n'est pas avec moi pour toujours" | Celle qui sous un arbre très vieux, parmi les herbes folles, a taillé les roseaux | Ceux qui sont couchés sous un arbre à confitures et dorment en ronflant si fort que les branches en bougent | Celle qui ne sait pas s'il faut implorer un dieu sous un arbre ou assimiler l'arbre à un dieu | Celui qui possède un trésor caché quelque part
sous un arbre à déterrer en cas d'urgence, et tous les autres...