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Ceux qui lisent entre les signes

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Au Père Claude et au Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur, chrétiens de gauche et de droite comme deux ânes aux yeux bons...
Celui qui se tait devant le genévrier / Celle dont le radar intime signale à tout coup la fausse humilité / Ceux qui voient des humbles mêmes chez les reines et les rois / Celui qui est sensible à l’aristocratie naturelle transgenre et transclasse / Celle qui découvrant le genévrier a découvert la solitude et l’abandon / Ceux qui ont l’orgueil du misérable / Celui qui pousse l’approfondissement herméneutique jusqu’au bord du gouffre des mots et des sons / Celle qui sent Dieu tourner son regard vers le vide de sa nudité / Ceux qui se revêtent de la Parole pour aller aux Bal des Âmes Débutantes / Celui qui psalmodie (Psaumes, 130, 6) dans la neige de la station chic : « De veille en veille, de matin en matin / Mon âme espère en mon Seigneur » / Celle qui a chu du parler en la Parole sous le nom d’Emily Dickinson toujours chuchoté par le Dictionnaire / Ceux qui savent la défaite des philosophes devant l’Ecriture tout en continuant de rencontrer ceux-là dans les bars le soir / Celui qui sait que l’Ecriture voit, sans en faire un plat / Celle qui se tient pour rien et ne se vexe pas moins pour des riens / Ceux qui estiment que le sexe n’a de sens que secret / Celui dont le sperme grouille comme le peuple chinois / Celle que mouille une humeur qu’elle croit divine sans en être sûre et ce n’est pas le Vatican qui va l’éclairer poil au nez / Ceux qui vendent leur corps aux riches sans ignorer qui est vraiment pauvre / Celui qui a aimé Jeanne Duval / Celle qui a aimé son frère Hervé au chapeau rouge / Ceux qui voient un Signe dans le désordre du monde qu’ils préfèrent à la prétendue Harmonie des Sphères genre Nouvel Âge et autres billevesées / Celui que la prétendue morale a rendu méchant / Celle que sa prétendu vertu a rendu laide / Ceux qui trônent sur leurs prétendus mérites / Celui qui fonce sur son âne au milieu des Kawas en panne / Celle qui psalmodie (Psaume, 77, 3) au milieu des gémissements du Gang Bang allemand : « Pour moi c’est le temps de l’angoisse / Je cherche le Seigneur » / Celui qui marche en silence vers son Orient cosmique (Coran, 24, 35) en psalmodiant intérieurement « Dieu est la lumière des cieux et de la terre » / Celui qui écrit sous le nom transitoire de Guido Ceronetti que les textes lui ont « pris beaucoup de vie » et lui « en ont donné beaucoup » / Celle qui chante « il pleut bergère » avec la limpidité cristalline de la merlette seulette à l’aube bluette / Ceux qui remercient Dieu (locution poulaire) d’être ce qu’ils sont, à savoir vraiment pas grand-chose mais quand même pas tout à fait rien, etc.
Image : JLK

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