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  • De foutres états d’âme

    Thea22.JPGMarina di Carrare, Hôtel Margherita, ce mercredi 18 novembre. – Pas très bien ce matin. L’impression d’être égaré : à côté de la plaque. Ensuite un solide café m’a remis les idées en place, puis j’ai rejoint notre amie la Professorella, qui a pourtant bien d’autres préoccupations ces temps avec la santé du Gentiluomo, mais  nous avons essayé de travailler le reste de la matinée sur le manuscrit de L’Enfant prodigue. Elle m’a fait deux ou trois remarques pertinentes sur les première pages du livre, que j’ai aussitôt corrigées, et j’y suis revenu seul l’après-midi dans ma chambre d’hôtel, où une espèce de dégoût m’a repris et réellement accablé. Ma chère amie a beau me dire que c’est mon meilleur livre à ce jour et que je n’ai à peu près rien à y changer : il m’a fallu me retenir pour ne pas le foutre par la fenêtre, puis ce mot foutre m’a rappelé que le cher Queneau, sur l'oeuvre duquel la Professorella vient précisément de publier un essai (*) au sous-titre réjouissant, Le pouvoir incendiaire du rire, estimait que le mot foutre est l’un des plus beaux mots de la langue française, qui signifie jeter, « mais avec plus de vigourosité », et du coup la vigourosité m’est revenue - ciao Professorella, ciao Avvocato, tante grazie a tutti e due !

     

    Aquarelle de JLK: l'irrésistibe Thea, chienne de la Professorella et du Gentiluomo...

    (*) Anne Marie Jaton, Queneau - Le pouvoir incendiaire du rire. Editions In Folio, coll. Illico,158p.

     

     

  • De la réparation

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    Florence, à la Villa Camerata, ce mardi 17 novembre. Je suis ici pour lutter contre le faux : c’est ce qui m’apparaît au réveil, ce matin à six heures pile. Je suis ici pour lutter contre tout effet et toute rhétorique creuse. Je suis ici pour retrouver le mot juste. Je suis ici pour regarder le travail que j’ai accompli ces derniers mois et en évaluer les qualités et les défauts. Quel sens tout cela a-t-il ? Ai-je maîtrisé la composition de L’Enfant prodigue ? N’y a-t-il pas, encore, trop de mots, zuviel Wörter – too many words and words ?

     

    °°°

     

    Comme le disait Ponge, le poète prend les choses cabossées dans son atelier, pour les réparer. Mais pour ma part, c’est moi que je devrais commencer à réparer - à coups de masse…

    Image: Philip Seelen.

  • "Ma" Toscane égarée

    Toscane1.jpg.

     

    Florence, à la Villa Camerata, ce lundi 16 novembre. -   Passablement éreinté, ce soir, après une demi-journée d’errance, et même d’aberrance, qui m’a d’abord conduit sur les traces de mon grand tour en vélociède de 1974, direction Arezzo, dont j’ai perdu la route à je ne sais quelle bifurcation en me dirigeant sur Forli, dans une méchante vallée ne ressemblant en rien à « ma » Toscane. Ensuite, rebroussant chemin. J’ai été effrayé de retrouver « ma » Toscane tellement dégradée, trente-cinq ans après, au fond de cette vallée industrialisée et chaotique qui conduit bel et bien à Arezzo, où l’on ne cesse de buter sur des feux rouges et, hors des agglomérations, de se faire menacer par des chauffards passant allègrement les lignes blanches. Bonnement exténué par ces désagréments, j’ai fui direction Sienne mais sur un itinéraire ne ressemblant en rien non plus à « ma » Toscane, à travers d’interminables forêts de chênes dont je ne suis sorti que pour voir la nuit tomber sur « ma » chère cité ou, au moins, j’aurai passé deux belles heures sur le Campo, à écrire à ma bonne amie et à un jeune compère. Mais ensuite, quelle descente affolante, encore, pour rejoindre Florence à dix heures du soir, quelle fatigue et quelle déception, mais aussi quelle expérience révélatrice de  l’évolution de notre drôle de monde…