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  • Ceux qui voyagent en lisant

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    Celui que le livre de L.S. a tout de suite scotché dans le train (wagon panoramique) remontant du Sud au Nord / Celle que les voyages insupportent / Ceux qui préfèrent les voies désaffectées / Celui qui se casse dès qu'il sent qu'il va s'attacher / Celle qui ne se lasse pas de parcourir le grand corps glabre de son compagnon taiseux / Ceux qui savent que le mot partir en espagnol signifie aussi partager / Celui qui se rappelle soudain à un tagadam du train le choc sourd qui a forcément été provoqué par l'écrasement du  petit chat Pedro jailli sur la route à la sortie du village le soir de sa rupture avec Léa / Celle qui a ramassé les restes du petit chat de Léa et n'a pas osé lui en parler / Ceux qui ont éprouvé la solidité de leur couple en voyageant ensemble et en surmontant joyeusement l'épreuve décisive des musées visités de concert / Celui qui claque volontiers  son argent et plus volontiers encore celui de ses compagnes ladres / Celle qui note les rêves de son compagnon qui en rajoute parfois un peu pour  voir jusqu'où elle le croit / Ceux qui feront le voyage de la Finlande pour y retrouver la mélancolie orangée à reflets bleus des fins de nuit dans les quartiers industriels où de jeunes poètes se défoncent à la vodka Absolut / Celui qui aime aimer mais n'en fait pas une doctrine / Celle qui a toujours préféré son fils raté à l'aîné qui ne sait pas parler aux bêtes / Ceux que le livre de poche a fait voyager autour du monde à prix réduit, etc.

    Image: Philip Seelen 

    (Notes prise en lisant dans le train le récit de L.S. intitulé B.W.)

  • Le Kid

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    …Mais oui, je sais, vous êtes affreux, sales et méchants, un peu moins les femmes mais encore, un peu moins les mômes en dessous de trois ans mais encore, je dirais pas que c’est la seule Faute du Père, là je suis pas juge, c’est vrai qu’Il était déjà bien vieux quand Il a fabriqué tout ça, et sûr qu’Il a dû trembler la moindre au moment des finitions, mais bon, faut faire avec et je vous le dis en vérité je vous le dis: laissez-vous venir à moi et j’arrange tout ça…
    Image : Philip Seelen

  • Une Chinoise qui vaut de l'or

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    Au Festival de Locarno 2009, le palmarès, sans concessions, consacre la qualité plus que l’éventuelle popularité…
    C’est une petite bonne femme pétant le feu et toute de rouge vêtue, du nom de Xiaolu Guo, qui est montée hier sur la scène de la Piazza Grande pour recevoir, en présence du président du jury de la compétition internationale, le réalisateur brésilien Jonathan Nossiter, le Léopard d’or de l’édition 2009 assorti d’une somme de 90.000 francs, pour Elle, une Chinoise, film produit par le Royaume uni, la France et l’Allemagne. Figure talentueuse et combative déjà connue en Angleterre et en France comme romancière et cinéaste, Xiaolu Guo incarne la création indépendante attentive aux ruptures sociales et humaines de l’époque. Son film raconte ainsi les tribulations d’une jeune Chinoise quittant son trou de province pour l’Angleterre où elle subit et surmonte de dures et significatives épreuves.
    LocarnoChinese.jpgCe choix rigoureux appelle une seule question déjà posée en 2007 et 2008 : verra-t-on Elle, une Chinoise, dans les salles obscures ? Même question à propos des deux autres fleurons du palmarès : Nothing personal de la Néerlandaise d’origine polonaise Urszula Antoniak, gratifié de cinq récompenses dont le Léopard de la première œuvre, le prix de la critique et le prix d’interprétation à Lotte Verbeek ; et Buben baraban du réalisateur russe Alexei Mizgirev, prix spécial du jury international. Par ailleurs, le Léopard d’or de la section Cinéastes du présent consacre lui aussi une œuvre « radicale » avec The Anchorage, des réalisateurs américano-suédois C.W. Winter et Anders Edström, sévère évocation poétique de la vie d’une femme en harmonie avec la nature.
    LocarnoGiulia.jpgEn contraste certain, le prix du public a été attribué à Giulias Verschwinden de l’Alémanique Christoph Schaub, comédie qui a marqué l’un des beaux soirs de la Piazza Grande, tandis que le prix d’interprétation masculine récompense le formidable comédien grec Antonis Kafetzopoulos, dans l’irrésistible Akadimia Platonos de Filippos Tsitos, qui décroche le prix du Jury œcuménique alors que Piombo Fuso, poignante traversée des ruines de Gaza par le réalisateur italien Stefano Savona, reçoit le prix spécial du jury des Cinéastes du présent.
    LocarnoPiombo.jpgSi le Romand Frédéric Mermoud (seul Suisse en compétition internationale avec Complices) revient bredouille de Locarno, saluons le petit léopard d’or à Chris Niemeyer pour son court métrage Las pelotas. Enfin, dernier clin d’œil au grand public : le prix Variety Piazza Grande distingue le potentiel « grand public » de Same Same but Different, de Detlev Buck évoquant les amours d’un jeune Allemand en Asie, comme un juste retour des choses…

  • Ceux qui se font du cinéma

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    Celui qui change de voix quand il se sait filmé / Celle qui exige le final cut de son porno populaire de qualité / Ceux qui ont choisi de faire passer un message subliminal dans leur polar glauque qui incite à la consommation du Red Bull / Celui qui ne sait plus que faire du couple d’échangistes lusophone qu’il a engagé pour la séquence chaude finalement sucrée / Celle qui explique toute la nuit le sens de son court métrage hyper-hermétique inspiré par la lecture du Talmud et de Paulo Coelho / Ceux qui parlent volontiers pour les tables voisines / Celui qui connaît par leur prénom tous les membres du jury dont il ne sait pas qu’ils ne visionneront même pas son film / Celle qui exagère un peu quand elle prétend que sa fonction d’accessoiriste sur le dernier film du Danois la satisfait pleinement / Ceux qui se font tout un cinoche après avoir casé un projet de scénar à la télé allemande / Celui dont le prochain film-concept sera fait avec les rushes du précédent / Celle qui reçoit le Seigneur toutes les nuits et s’étonne le matin d’avoir les genoux en compote / Ceux qui gerbent dès qu’ils entendent le nom de Dieu / Celui qui se découvre un frère albanais fou come lui de Jim Morrison et capable de chanter divers chants populaires chinois / Celle qui a dû refaire sept fois la prise de la scène où elle a pouffé au lieu de sangloter / Ceux qui sortent du film de Godard en constatant gravement que c’est tout à fait du Godard / Celui qui fait tous les festivals pour on ne sait quels journaux qui ont d’ailleurs marre de sa prose imbibée par tous les cocktails où il se fait inviter / Celle qui se demande ce qu’est devenu le chien d’Une journée de Jacob Berger et ce que deviendra le chien Patriot du film Akadimia Platonos / Ceux qui ont déjà réservé leur chambre au Grand Hôtel pour le festival 2010 sans se douter que le Destin les attend en novembre 2009 au lieudit Le Virage de la Mort / Celui qui ne regarde jamais les films jusqu’au bout afin de pouvoir imaginer lui-même leur dénouement / Celle qui a menacé son ex d’arrêter le cinéma s’il n’arrêtait pas de fumer et qui a tenu parole / Ceux qui camouflent leur muflerie naturelle sous les dehors d’un cynisme blasé typique des critiques de cinéma germanophones et des attachés de presse désabusés, etc.

    (Notes prise dans le train de retour du Festival de Locarno 2009)

  • Bilan avant terme

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    Le grand écart d’une fête du cinéma en quête d’un nouveau souffle: la 62e édition du Festival international du film de Locarno s’achève aujourd’hui. Profuse, passionnante et conviviale, mais sans grandes révélations, sur fond de mal-être mondial… et bernois. Révérence à Frédéric Maire…

    « Cette fois nous n’aurons pas droit à l’erreur », déclarait Frédéric Maire à 24Heures en présentant la quatrième et dernière édition dont il aura assumé la direction artistique depuis 2006, avant de reprendre celle de la Cinémathèque suisse en octobre prochain. Chaleureusement applaudi chaque fois qu’il présente un film au public, sur la Piazza Grande ou en salle, le polyglotte à dégaine d’amical plantigrade aura marqué son «règne» en acclimatant des goûts parfois opposés, en 2009 plus que jamais. L’image du zizanique Pippo Delbono, invité d’honneur, assistant à la parade du Pokémon Pikatchu, sifflé par les « purs » de la Piazza, résume bien le grand écart récurrent de la programmation, dont les «erreurs» ont été discutées.
    Inégale Piazza…
    Sur la Piazza Grande, souvent dite la plus belle salle de projection du monde, le (plaisant) film d’ouverture, (500) Days of Summer de Marc Webb, autant que la nuit des mangas (public clairsemé) ou La valle delle ombre, du réalisateur tessinois Mihaly Györki cafouillant un peu dans le folk helvético-fantastique, ont été les plus critiqués. Mais le lieu a fait le plein la plupart du temps, sauf deux soirs de furieuse pluie…

    Côté compétition internationale, la sélection a révélé des films souvent «plombés » par un mal-être mondial, mais ce reflet de la création contemporaine peut-il être imputé au Festival ? La prédominance des films-témoins, au détriment de fictions novatrices, est pourtant un fait. Par ailleurs, la compétition des Cinéastes du Présent et des Léopards de demain (courts métrages de la relève) ne cesse de gagner du terrain de manière significative. Dans un cas comme dans l’autre, cette fenêtre sur la création internationale échappant aux standards du succès commercial est intéressante pour les réalisateurs autant que pour le public curieux, qui a découvert en outre, cette année, le monde foisonnant des mangas.

    Dans l’esprit de Locarno
    Si certains choix de Frédéric Maire et de son équipe peuvent se discuter, ce qu’on a dit « l’esprit de Locarno », rappelé à l’ouverture par le Président  Marco Solari, a été globalement défendu au fil de cette 62e édition, dont les salles pleines sont le meilleur « juge ».
    Or le public de Locarno devrait, lui aussi, mériter un Léopard collectif. Ni consommateur moutonnier ni sectaire intellocrate, il fait de ce festival une manifestation à part. Locarno ne sera jamais Cannes, et l’impatience de Nicolas Bideau devant son manque de « glamour » fait déjà figure de fantasme dépassé, alors même qu’on peut se réjouir de l’attention nouvelle portée à la manifestation via le Prix Variety Piazza Grande décerné depuis l’an passé par la prestigieuse revue américaine…

    À ce soir le palmarès. À demain le prochain (re)bond du léopard, au goût d’Olivier Père…

    LocarnoGiulia.jpgLa Suisse des créateurs
    À en croire Jean-Frédéric Jauslin, chef de l’Office fédéral de la culture et chaperon de Nicolas Bideau, lui-même chaperonné par Pascal Couchepin, le cinéma suisse se pterait bien. Le producteur lausannois Robert Boner, grand routard de la profession et en guerre contre Monsieur Cinéma, est beaucoup moins optimiste. Malgré le pitoyable spectacle de ces bisbilles, nous aurons découvert quelques bons films suisses à Locarno. Sur la Piazza Grande, ce fut le nouvel opus de Christoph Schaub, Giulia’s Verschwinden, comédie tendre et drôle d’écriture un peu lisse mais servie par un dialogue magistral de Martin Suter et d’excellents interprètes. «Populaire de qualité »... Et Complices, le premier long métrage de Frédéric Mermoud, seul en compétition, satisfait à la même formule simplette dans le genre polar, avec une forme plus originale et un regard plus aigu sur les dérives de jeunes desperados. Autre réalisation largement reconnue, et gratifiée du Prix de la presse tessinoise : The Marsdreamers de Richard Dindo, maître lui aussi de l’ancienne garde qui a dû passer un véritable examen de débutant, à Berne, avant d’obtenir une aide pour ce flamboyant documentaire… Mais oui, le cinéma suisse existe, grâce surtout à ses créateurs…

    LocarnoPlatonos1.jpgQuels léopards à l’arrivée ?
    Un léopard d’or couronnant un film que le public ne verra pas a-t-il un sens ? C’est la question qui a été posée à propos des deux derniers lauréats de la compétition internationale. Or peut-on sortir, en 2009, de cette difficulté ? Ce serait possible avec une comédie irrésistible, à la fois truculente et très subtile dans son observation, de la xénophobie ordinaire engendrée par les mélanges de population : Akadimia Platonos, de Filippos Tsitos. Dans un quartier populaire athénien, quelques glandeurs quadras et quinquas distillent leur venin contre les Albanais du coin, tandis que les Chinois colonisent la place. Et voici que Stavros, aussi chauvin grec qu’amateur de rock, apprend que sa vieille mère parle l’albanais et qu’il a un frère, lui aussi amateur de rock… Proche du premier Kusturica et de Stephen Frears ou Ken Loach, avec un regard très pénétrant et subtil, Filippos Tsitos a conquis le public. Côté Cinéastes du présent, Piombo fuso de Stefano Savona, conjuguant reportage et création, a également impressionné par sa ressaisie de la tragédie de Gaza vécue du coté des civils immolés. Enfin, au nombre des courts métrages, nous aurons relevé le magnifique Love in vain du Finnois Mikko Myllyahti, et le poème cinématographique déchirant de l’Argentin Igor Galuk, dans Tuneles en el Rio. Verdict ce soir sur la Piazza Grande…

  • MON léopard d'or...

    LocarnoPlatonos1.jpgÀ propos d'Akadimia Platonos, de Filippos Tsitos. (Grèce/Allemagne). Genre comédie satirico-sociale. En compétition internationale au Festival international du film de Locarno. Palmarès samedi soir.  

    Dans le quartier où se situait la fameuse Académie de Platon, un groupe de parfaits glandeurs quadras et quinquas, tous férus de vieux rock, se retrouvent tous les jours devant le kiosque de Stavros (formidable Antoni Kafetzopoulos) pour distiller leur venin contres les Albanais (fidèlement aboyés par le chien Patriote) tandis que les Chinois envahissent méthodiquement le quartier. Or voici que se pointe un jour un Albanais qui se dit le frère de Stavros, auquel sa mère a caché qu'elle parlait parfaitement l'albanais et avait fui en Grèce avec lui en son plus jeunes âge. Avec beaucoup de faconde et de subtilité, sans craindre pour autant le gros trait satirique (ce monument à l'interculturalité que le maire fait construire sous les fenêtres de Stavros...), le film décortique les mécanismes de la xénophobie ordinaire comme il pourrait le faire dans n'importe laquelle de nos bonnes villes suisses ou européennes. Galerie savoureuse de portraits de beaufs vitelloniens de plus en plus attachants, le film illustre une probématique qui éclate dans le cimetière où les deux frères (vrais ou faux, nul n'en a la preuve formelle) en viennent aux mains au-dessus du cercueil de leur mère. On pense à Stephen Frears ou Ken Loach pour l'esprit de ce tableau social drôle et tendre à la fois, sur fond de questionnement identitaire. Bref, Akadimia Platonos ferait un Léopard d'or propre à réconcilier cinéphiles exigeants et grand public.

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  • Ceux qui titubent dans les rues désertes

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    Celui qui donne le nom de Metallica au premier rejeton de son union secrète avec la diva gothique Rotmulf III / Celle qui somnole la bouche ouverte au milieu des asphodèles / Ceux qui se sont juré de ne pas trahir leur serment de Göteborg (mars 1913) et qui sont tous décédés depuis lors / Celui qui parfume ses draps au Stilton nuance barefoot / Celle qui prétend faire exorciser sa chienne Tombola / Ceux qui se shootent à la vodkaramel au bar du sous-sol de la Brasserie alsacienne / Celui qui rêve que Pascal Obispo cherche à lui vendre une oreille de coyote / Celle qui affirme que ses ovaires ne lui font plus mal depuis qu’elle est a fait le stage de la Science Chrétienne / Ceux qui ont misé sur l’éviction de la conseillère d’Etat responsable des relations extérieures du canton d’Appenzell Rhodes intérieures / Celui qui lit Nicolas de Cues dans le texte en écoutant le dernier Lou Reed / Celle qui ne jure que par la palmothérapie liquoreuse / Ceux qui méditent sur l’axe des nœuds dans la configuration astrale de Paul McCartney dont ils entretiennent le culte dans leur club de la rue du Tapir / Celui qui (dit-il) navigue au sonar dans l’océan des sentiments de sa bien-aimée Najma Firuz / Celle qui a soigné les vergetures de Najma Firuz au lait de jument du Kurdistan / Ceux qui expliquent leur ambition dévorante par la combinaison de leur passé karmique et de leur taux de testostérone / Celui attribue des vertus curatives à la salive de son épagneul / Celle qui se propose d’offrir un lama à son hôte de marque japonais / Ceux qui s’impatientent de se défoncer en septembre prochain à la buvette du camping Les Pins du Lavandou, etc.

  • Ceux qui lâchent prise

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    Celui qui se sent flancher dans l’euphorie ambiante / Celle qui a toujours choisi des amants accrédités à plein de festivals / Ceux qui estiment devoir faire le Festival de Lugano comme d’autres font les Maldives ou les fjords / Celui qui voit un ange passer dans le regard levé de la star aveugle / Celle qui renonce à son blog intimiste pour s’inscrire dans un club de jardinage / Ceux qui ne trouvent plus le moindre intérêt à l’exportation des produits structurés depuis qu’ils ont découvert la poésie numérique / Celui qui ne cherche plus à gagner les faveurs du vice-comptable qui de toute façon part en retraite / Celle qui en pince pour le pince-sans-rire qui la pince dans le métro sans rire / Ceux ne voient pas d’un bon œil le fait que leur neveu ait prêté ses charmes à une pub pour l’Eglise émancipée de l'avant-dernier jour / Celui qui ne partage pas absolument l’opinion de l’anarchiste Pippo Delbono selon lequel l’Italie est un paese di merda / Celle qui admire quand même l’imitateur de cris d’animaux qui se trouve dans le film La Paura de Pippo Delbono / Ceux qui se vexent en se reconnaissant dans le groupe d’animateurs religieux pour plages pourries que Pippo Delbono tourne en bourrique dans son film franchement critique / Celui que touche la nudité fragile de Bobò le sourd-muet analphabète qui vit le monde comme un loup hypersensible après avoir été arraché à un dépotoir psychiatrique par son ami Pippo / Celle qui suce son pouce en regardant un film où il est question de cinq éléphants / Ceux qui sont prêts à attendre des heures sous la pluie pour être au premier rang de la projection du nouvel épisode des Pokémon / Ceux qui font les voix des Pokémon et continuent de parler du nez au Continental Breakfast de l’Albergo La Palma où Jean-Luc Bideau fait un peu la gueule ce matin / Celui qui se dit écolo tendance manga / Celle qui estime que la fonte des glaciers profite au moins au développement des jardins alpins / Ceux qui prétendent que les frères Larrieu attigent en suggérant que la seule réponse à la fin du monde est la baise et la bouffe, etc.

    Image: Philip Seelen

  • En mal de fiction...

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    Au Festival de Locarno, les faits et les films « à thèmes » surabondent, mais le génie du conte se fait rare...

    Les cinéastes « du réel » foisonnent aujourd’hui, dont Locarno accueille les réalisations en marge de la production « mainstream » du cinéma qu’on a justement dit l’ « usine à rêves ». Documents et témoignages rendent compte de l’état du monde, dont les problèmes collectifs et personnels se mondialisent de plus en plus. Malaise de la jeunesse, malaise de la vieillesse, crise d’identité des populations migrantes, angoisse écologique : autant de thèmes qui nourrissent quantité de témoignages filmés, mais aussi de fictions à caractère documentaire. Du remarquable Men on the bridge de la jeune réalisatrice turque Asli Özge, dont quatre personnages reflètent le même mal-être à Istamboul que celui du jeune protagoniste brésilien d’ Os famosos e os duendes da morte, d’Esmir Filho, la frontière entre faits réels et fiction est impalpable. De la même façon, le beau premier long métrage du Français Laurent Perreau, L’Insurgée, modulant les errements d’une jeune rebelle, autant que l’émouvant Shirley Adams du Sud-Africain Oliver Hermanus, décrivant la sombre destinée d’une mère Courage sacrifiée pour son fils paraplégique, valent plus en tant que « reflets » d’une société que par leur invention artistique. Plus précisément, la forme réellement nouvelle, l’histoire réellement saisissante, la vision réellement personnelle, voire unique, se font rares. Or un grand film a toujours combiné les observations psychologiques ou sociales les plus aiguës et une histoire portée par des personnages. Qu’on se rappelle le néo-réalisme italien ou l’inoubliable Vivre de Kurosawa, qui raconte le Japon des années 50 à travers la destinée d’un seul personnage.
    Sans entonner le chant du coq chauvin, relevons cependant le mérite de Christoph Schaub, avec Giulia’s Verschwinden, et de Frédéric Mermoud, dans Complices, de retrouver cet élan vers la fiction. Mercredi soir sur la Piazza Grande, la projection de La vallée des ombres de Mihaly Györik, tournée dans les hautes vallées du Tessin, devrait également relancer le génie du conte, autant qu’ Ivul, la nouvelle réalisation d’Andrew Kötting, en coproduction franco-suisse, où Jean-Luc Bideau incarne un Russe amoureux de la nature confronté à la révolte de son fils Alex qui choisit de camper sur le toit de la maison après avoir été accusé d’inceste…

    Image: La Valle delle ombre, de Mihaly Györik.