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  • Déjà vu

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    … Là , tu vois, c’est genre installation, plutôt cool au premier look mais l’ennui c’est que le concept est réchauffé, en fait Jeff Wall a fait pile la même chose avec le massacre des soldats russes dans le ravin afghan, t’aurais juré qu’ils étaient vrais alors que tout avait été monté en studio, mais bon c’était en 1992, ça date, ça va juste pour branchés débranchés et compagnie, mais là t’es libre après, on se fait un sushi ?...

    Image: Philip Seelen

  • Notes panoptiques (2)

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    En lisant Claro, Thomas Bernhard, WB et le journal gratuit 20 Minutes… À propos aussi d'un fait divers, de Jauffret et de Volodine, d'Emmanuel Carrère et de Patricia Highsmith.
    Tout cela manque terriblement de détails, me dis-je en lisant Et le clou restera le clou, le chapitre du Clavier cannibale de Claro consacré au foutoir du roman français actuel dont ne seraient saufs qu’un Volodine ou qu’un Jauffret, tout cela manque terriblement de porosité et d’attention fine, tout cela manque terriblement de femmes et de nuances, tout ça manque enfin terriblement d’exemples. Mais qu’est-ce qui me gêne surtout ? Me gêne le nivellement par les gouffres et les sommets sommitaux, ou ce qu’on donne pour tels – me gêne cette espèce d’exclusivisme franco-français, je veux dire: parisien, qui alimente régulièrement le culte des auteurs dits cultes par Les Inrocks ou par Technikart et le tourtour des bars parisiens branchés, de Lautréamont à Houellebecq (hier) ou d’Artaud à Dantec (avant-hier), de postures en impostures.

    Certes Claro a le droit d'élire ses élus à lui, comme Richard Millet a les siens, mais je suis frappé, des hauts gazons préalpins d’où j’écris, plouc et content de l’être, que l’un et l’autre aient besoin de confiner si maigrement leur tableau d’honneur, citant d’ailleurs l’un et l’autre Régis Jauffret. Or je fais un effort d’imagination et je ramène Jauffret 75 ans en arrière, comme je ramène Houellebecq 75 ans en arrière, dans le sommaire de la NRF (j’en garde la collection complète dans mes soutes) et j’essaie d’imaginer, par rapport à Céline, à Bernanos, à Jules Romains, à Georges Simenon ou à Louis Guilloux, entre trente-trois ou soixante-six autres, comment ces deux auteurs, entre autres contemporains par ailleurs estimables, eussent été jugés ? Je n’ai pas de peine à « classer » Pascal Quignard, Pierre Bergounioux ou Pierre Michon, dans le «fond» du tableau ralliant mensuellement ces prosateurs merveilleux que furent un Fraigneau ou un Suarès, un Calet ou un Vialatte et plus encore un Charles-Albert Cingria dont Michon et Bergougnioux ont si bien parlé. Mais Jauffret et Houellebecq au jugé de Paulhan ou de Marcel Arland - Michel Houellebecq face à Céline ou Régis Jauffret face à Raymond Guérin ?!

    °°°

    Bernhard.jpgIl me semble alors intéressant de faire le détour par Thomas Bernhard, qui a payé son ticket pour le Grand Huit expressionniste. Au jeu des postures, il était assez attendu que TB fasse des petits, mais il est intéressant en le lisant, par exemple Extinction, que j’ai repris récemment lors d’un séjour à Rome - ville maintes fois citée en référence dans le roman -, comment ce grand obsessionnel et ce grand pitre va précisément vers la posture en ne cessant de surenchérir, à laquelle il échappe soudain en retournant l’invective contre lui-même.
    A propos de posture, je me rappelle, à la Brasserie zurichoise Kropf, à deux pas du fameux Odéon cher à Dada, cette remarque de l’écrivain Hugo Loetscher que j’interrogeais précisément sur TB : « Voui, c’est un écrivain vormidable, mais tout de même, tout de même, vous vous voyez vous retrouver tous les matins devant votre miroir et vous dire comme lui : - Maintenant, je vais être en colère ! » ?
    Or ce qui me frappe avec le recul, c’est que l’imprécation est la partie la plus faible de l’oeuvre de TB, sauf quand elle est poussée jusqu’au délire par une espèce de férocité panique qui est, comme chez Bloy, la marque d’une saine et sainte fureur que je ne trouve ni dans les invectives de Nabe ni dans celles de Dantec ou Houellebecq.
    Par contraste, la prodigieuse attention de Walter Benjamin, qui est celle d’une culture de la «conversation essentielle», avant l’effondrement d’un monde et de ses élites juvéniles, suscite immédiatement, chez l’étudiant de vingt piges et des poussières, une fulmination radicale contre les pions et les paresseux, les profs qui abusent de leur pouvoir et ses condisciples attendant plus ou moins le moment de rafler celui-ci…

    °°°
    Un journal gratuit de nos régions, intitulé Vingt minutes et dont la lecture n’en prend que cinq, raconte ce matin l’histoire de cet informaticien joliment fortuné, père de famille et véritable Suisse au-dessus de tout soupçon - à cela près qu’il s’adonnait à ses heures à la torture de nourrissons présumés innocents et se trouve actuellement interné à vie - entend maintenant, comme tout citoyen organisé de notre temps, se pacser avec son compagnon de cellule coupable, lui, d’avoir massacré son jeune amant. Ce n’est qu’un fait divers, n’est-ce pas, mais ce qui m'amuse est que je me suis inspiré moi-même en personne du personnage de dingue pédophile dans une nouvelle intitulée Le Maître des couleurs où j'évoque  un quartier très ordinaire de Suisse pépère, tout semblable à celui que décrit, en de biens plus grandes largeurs, Emmanuel Carrère  dans L’adversaire, tout à fait remarquable mais dont je regrette juste le manque de folie dostoïevskienne de l’implication et l’écriture trop lisse à mon gôut.
    Jauffret.jpgMais qu’en pense Claro ? Pense-t-il que Régis Jauffret pourrait tirer quelque chose d’un tel fait tellement plus noir que le noir un peu forcé de ses romans ? Quant à moi, j’en doute, me rappelant la « manière» de Microfictions, dont les mille épisodes relèvent de la projection fantasmatique plus que de la (re)création – cela dit sans dénigrer un écrivain de forte trempe, comme Volodine d’ailleurs, mais qui me paraît encore trop «littéraire» malgré tout. La vraie poésie, au sens dostoïevskien, lui reste à conquérir, qu’on trouve en revanche dans L’enfant de Dieu de Cormac McCarthy ou dans La route…
    Patricia Hisghsmith me disait un jour que seule la réalité l'intéressait. Or son œuvre dépasse de loin le « réalisme » du fameuux reportage universel, comme l’avait bien vu Graham Greene. De son côté, René Girard affirme que les écrivains ou les penseurs français contemporains, qui s’en gargarisent, ont le plus souvent perdu ce « sens du réel » qui sous-tend la littérature dont on puisse dire qu’elle n’est pas «que littérature»...

    Image: Philip Seelen

    (À suivre...)

  • Notes panoptiques (1)

     

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    En lisant WB, Claro, Pierre Oster et René Girard.

    N’aspirant qu’à la poésie – et je m’entends à ce propos -, m’importe plus que jamais de la trouver partout, à tous les étages et sur tous les flancs, jusqu’aux lieux les plus communs – ainsi de lieux de notre maison devenus mon Salon Marcel Proust aux nombreux rayons, avec l’inscription solennelle à son fronton : « Ici finissent les longues phrases ».

    Claro.jpgEt justement Claro dans Le clavier cannibale en revient aux longues phrases dont on ne sait à vrai dire où sur la page elles commencent et finissent (chez Beckett elles commencent ou finissent en même temps), et comment elles deviennent Opus Megalomanius, alors que Pierre Oster, aussi corseté dans l’apparence que Claro semble déjanté, interroge ce qu’il y a derrière ou dessous la phrase de Paulhan ou les stances de Saint-John Perse. Or, il me plaît de déceler, entre ces deux-là, aux horizons si peu communs (tout ce qui sépare apparemment un Gass d’un Grosjean…), question aussi de générations, comme un commun souci que je retrouve du début à la fin du XXe siècle entre Walter Benjamin et René Girard. La critique restera de type poétique en continuant de s’abreuver aux mêmes sources, en l’occurrence à la poésie critique de Hölderlin. Et Charles-Albert Cingria de psalmodier : « L’écriture est un art d’oiseleur et les mots sont en cages avec de ouvertures sur l’infini ».

    °°°

    De quelle langue Claro et WB traduisent-ils et vers laquelle ? Voilà qui nous ramène à un commencement qui n’a rien de borné à l’ incipit, étant entendu que tout commence avant-pendant ou après la première page même si, en commençant de lire « Longtemps je me suis couché de bon heure », l’on se dit qu’y a pas photo. Or je me rappelle, moi, que Proust longtemps m’est venu bien tard, que jusque-là Pynchon m’est tombé des mains, tout de même que Vollmann, et que je ne me doutais pas que Claro fût lui-même un écrivain, ni n’ai compris vraiment ce que traduisait Guyotat. Autant dire que tout recommence tout le temps et que demain je me remettrai à la « suite » des Reconnaissances et au (re)commencement de Pynchon.

    °°°
    Oster.jpgPierre Oster, dans Pratique de l’éloge, brasse apparemment très loin des eaux de Claro, mais le langage n’est qu’une mer, et je ne vois pas pourquoi les aventures de Beckett ou de Burroughs excluraient celles de Jaccottet ou de Ponge, même si je ne souscris pas vraiment à l’affirmation d'Oster selon laquelle Saint-John Perse serait « le seul maître que nous puissions honorer ». Cette façon de poser sa tiare me rappelle Philippe Jaccottet me parlant un jour de sa démarche : « Quand vous avez choisi de viser haut… ». Mais c’est là tout à fait un milieu de respect vénérant, le même que celui d’un Richard Millet, que je n’ai pas envie du tout de rejeter pour ma part, même s’il va disparaître. C’est avec tendresse que je me rappelle ainsi cette conversation récente avec ce vieux jeune homme d’Obaldia qui sursautait à chaque fois qu’il prononçait un nom, Max Jacob, Oscar de Lubicz-Milosz, André Salmon, en constatamt que, mieux que d’identifier ces noms de présumés inconnus, j’avais lu leurs livres… à la même époque que je lisais Burroughs ou Tombeau pour 500.000 soldats. Et je souscris à peu près en lisant ces mots de Pierre Oster : « Nous resterons cependant un petit nombre à refuser l’hypothèse selon laquelle le français aurait perdu ses enchantements ultimes », tout en ajoutant in petto : et qu’est-ce que t’en sais du nombre d’accros à Maurice Scève, à La Fontaine, au p’tit Rimbe, à Claudel, à Jouve ou Michon & Co ?

    °°°

    La tâche du critique serait, selon Walter Benjamin, de déceler le noyau fondamental de l’œuvre, ou de démêler son mobile secret – de toucher en somme au « torse de Pharaon », pour recycler une formule de je ne sais qui représentant, par l’obscur d’une image, le voisinag de la perfection. Or je sens cette «forme» aussi dans la lecture du monde de René Girard, et particulièrement quand il «oublie» son système général du mimétisme pour chopper à l'anti-système des oeuvres et des expériences, rejoignant par exemple une intuition fondamentale de WB sur les tenants personnels ou institutionnels de la violence.
    « Est-il possible de liquider les conflits sans recourir à la violence ? » se demande WB, et de répondre contre toute attente par l’affirmative, expliquant qu’«on trouve une entente sans violence partout où la culture du cœur a pu fournir aux hommes des moyens purs pour parvenir à un accord ». Propos lénifiants d’une belle âme ? Nullement. Car ces « moyens purs » ne sont pas que des résidus de vœux pies, mais en appellent à une technique dont l’étude des modalités occupera WB d’une guerre à l’autre, sans oublier la violence effrayante de ses rapports intimes… Plus tard, aussi, Girard l’anthropologue, inspiré mystérieusement par la poésie d'Hölderlin, montrera en quoi le Christ « sort » de la violence mythique.

    °°°

    Enfin, il me plaît ce matin d’imaginer Claro lisant WB dans le métro ou écoutant la voix de Bachelard ou de Deleuze, de Gide ou de Girard sur l’audio de sa Jaguar…

    LireClaro.jpgChristophe Claro, Le Clavier cannibale. Inculte, coll. Temps réel, 300p.

    Blog de Claro: http://towardgrace.blogspot.com/

    ( À suivre)

  • Romain et Diego

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    Gary père et fils ou la difficile quête de soi. Publications à foison...

     

     

    Le 2 décembre 1980, Romain Gary se suicidait dans son appartement de la rue du Bac, à Paris, à l’âge de 66 ans. Ainsi s’achevait, brutalement, la vie d’un homme qui avait apparemment tout réussi : grand vivant « couvert de femmes », résistant de la première heure gratifié de la croix de la Libération, romancier vite reconnu et consacré par deux Prix Goncourt (sous son nom en 1956, pour Les Racines du ciel, et sous le nom d’Ajar en 1975, pour La vie devant soi). Mais cette vie au dehors brillant avait sa face d’ombre. La générosité rayonnante de l’auteur de La promesse de l’aube et sa prodigieuse vitalité cachaient un fond d’inquiétude et de désespérance liées à son identité composite. Qui était « au fond » cet extraordinaire médium capable d’endosser, comme un Simenon, tous les personnages ? À la question « Ce que je voudrais être », l’écrivain avait répondu « Romain Gary, mais c’est impossible ».

    Né Roman Kacew à Wilno (l’actuel Vilnius), fils d’un fourreur russe et d’une modiste d’origine polonaise, il écrivit sous les noms de Gari de Kacew, Romain Gary, Shatan Bogat, Fosco Sinibaldi et finalement Emile Ajar. La création de ce dernier hétéronyme suscita un imbroglio littéraire et médiatique extravagant, aux résonances beaucoup plus profondes qu’on a pu le dire, qu’éclairent deux textes décisifs : Vie et mort d’Emile Ajar, écrit en 1979  et publié après sa mort, finissant par ces mots d’un humour grinçant : « Je me suis bien amusé. Au revoir et merci » ; et surtout Pseudo, formidable monologue où Ajar dépasse la « schizophrénie » de l’écrivain dans une confession qui est du pur Gary, tragique et drôle à la fois. Tragique comme l’avait été, notamment, le sort des Juifs d’Europe évoqué par La danse de Gengis Cohn, préfigurant le négationnisme. Et drôle par sa façon de « désamorcer le réel au moment où il va vous tomber dessus », avec son humour.

    La vie transposée

    Si la vie imprègne littéralement tous les romans de Romain Gary, rien dans ceux-ci de « récits de vie ». Le passage par la magie du récit, le mythe, l’enchantement de l’imagination, le jeu jubilatoire, est en effet essentiel chez celui qui se disait lui-même un « caméléon ».

    En introduction au volume de la collection Quarto récemment paru sous le titre Romain Gary-Emile Ajar, Légendes du je, Mireille Sacotte éclaire les étapes de cette constante métamorphose, sans laquelle « il ne reste qu’à boire la réalité jusqu’à la lie, autant dire à mourir ». Sous les noms alternés de Gary et d’Ajar, ce romancier souvent snobé par la critique établie a transposé toutes les résistances  dès Education européenne,  rendu hommage à toute les femmes à travers la mère de La promesse de l’aube, concentré toutes les indignations et tous les désarrois d’une époque « à bout de souffle »,  avec Chien blanc, que marque la présence de Jean Seberg, ou Les Racines du ciel préfigurant la prise de conscience du désastre écologique. Bref, malgré le suicide de Roman Gary, l’œuvre de l’écrivain est une victoire sur la mort d’un pessimiste radieux…

    Roman Gary-Emile Ajar, Légendes du je. Gallimard, Quarto, 1417p.

     

     

    Garydiego.jpgL’exorcisme de Diego 

     

    Il n’aura pas été facile d’être le fils de Romain Gary, pas plus que d’être le fils de Jean Seberg. Deux figures « cultes » de la littérature et du cinéma du XXe siècle. Deux égocentriques forts et fragiles à la fois, comme souvent les grands artistes. Deux suicidés laissant un fils, né en 1963. Deux noms passés justement à la Postérité. « Mais la postérité, pour ceux qui restent, ce n’est pas une vie », écrit Alexandre Diego Gary dans S. ou l’espérance de vie, récit poignant d’une dérive existentielle marquée à la fois par la mort de ses parents et par celle de son meilleur ami.

    Pour dire ce qu’il a vécu avec sa mère adorée, qu’il eût voulu tout à lui, au point de mettre en danger la vie d’un de ses jeunes amants, et avec son père l’écrasant de sa présence alors qu’i aimerait écrire à son tour, Gary Junior se dédouble exactement comme un personnage de Gary Senior, sous le masque d’un certain Sébastien Heayes dont la vie de débauche sera racontée par un autre double. L’artifice est un peu pesant, et le « roman » décousu. En revanche, le chant d’amour traversant ce livre, et la façon du fils de dire son lien « à la vie à la mort », imposent le même respect que le fils, « blessé des lettres », manifeste à ses père et mère dans cet exorcisme…

    Alexandre Diego Gary, S.ou l’espérance de vie. Gallimard, 169p.       

     

         

     

     

     

  • Le jeu des 100 euros

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    …Pour notre Top Bonus du jour, cochez dans la case correspondante A ou B, question numéro 1 : lequel des deux sujets ressemble à Pascal Obispo; question numéro 2 : lequel des deux sujets montre la plus forte pilosité proportionnellement à son âge ? ; question numéro 3 : lequel des deux sujets incarne plutôt une sensibilité de gauche ?...
    Image : Philip Seelen

  • Ceux d’en bas

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    …Toute façon les médias c’est tous des pédés, comme les coiffeurs et les jardiniers, mais là ça va trop loin : pasque le village du haut a aussi été sali et ça c’est pas correct par rapport à nos jeunes et pour le renom de la fanfare, mais je vous avais bien dit qu’il fallait arracher la mauvais herbe pendant qu’elle poussait  - tous ces basanés aux yeux cernés qu’on a vu traîner autour de l’école on aurait dû s’en occuper vite fait…

     

    Image : Philip Seelen  

  • Système D

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    …Ca c’est la France, mon cher, c’est pour des choses comme ça qu’on pourra jamais les gouverner - c’est comme le Brésil en moins coloré : t’as le routier sympa qui va parquer avec son 61 roues, hop y modifie le panneau, ensuite t’as le bus à touristes qui se ramène avec ses 35 roues, rebelote, enfin y a le rupin avec sa limo 23 roues, et chaque fois, t’as remarqué, les roues font pas un total pair  - et tu voudrais que ce pays roule comme le nôtre ?...
    Image : Philip Seelen

  • We Apologize

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    … Moi je m’excuse, non c’est moi que je m’excuse, mais moi aussi je suis sincèrement désolé au niveau de ma communauté, vraiment je l’excuse, et moi je ne peux pas laisser mes frères confesser leur faute sans confesser la mienne que je les prie d’excuser - alors voilà Monsieur le photographe, vous avez votre Liste des excusés, ça vous va komsa ?

    Image : Philip Seelen

  • Pas concerné

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    … Ah bon c’était le cinq juin, mais j’étais pas au courant, ça m’a échappé, comment tu l’as su, toi ? Comment ça que c’était annoncé partout ? Tu crois que je vais partout, moi ? Et c’est où que tu l’as rencontrée ? Ah bon, à l’avant du train ? Et tu dis qu’elle est rentrée à la maison, la Planète, et tu dis qu’elle va pas bien ? Mais tu crois que c’est ma faute ou quoi - pourquoi tu me regardes comme ça ?...

    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui s’obstinent

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    Celui qui vient aux renseignements sur l’état de la phrase française / Celle qu’intrigue ton intérêt latéral pour les sophistes chinois Houei Che et Kung-suen Long / Ceux qui vivent en douce le fait qu’A puisse être simultanément non-A / Celui qui nettoie les vieux mots qu’il a trouvés au grenier / Celle qui estime que les greniers sont les caves du ciel / Ceux qui lisent du Claudel dans les salles d’attentes et les forêts / Celui qui écrit un faux journal pour égarer l’indiscrétion de sa locataire psychanalyste / Celle qui régente les lectures de ses sept fils / Ceux qui pensent le matin, Dieu, oui, et Dieu non le soir, ou l’inverse / Celui qui note au passage que « la mer est une vue sur Dieu » / Celle qui inspecte le ciel andalou avec la conviction que les saintes espagnoles lui font des signes / Ceux que la poussière d’église fait éternuer au déplaisir des accros du silence divin / Celui qui a pignon sur feuillage / Celle qui pouffe quand Robert la remercie d’exister / Ceux qui ont opté pour l’effacement des personnages de philosophes dans la peinture chinoise multiséculaire / Celui qui se dit le chien d’aveugle de Dieu / Celle que son prénom de Solange agace de plus en plus / Ceux qui campent sur leur opposition / Celui qui se trouve dans la rue parisienne comme à la maison / Celle qui reconnaît l’évidence sacrée des objets en nettoyant sa brosse de chiottes à l’eau claire / Ceux qui entrevoient le vrai contemporain point tout à fait réductible au Profond aujourd’hui de Blaise Cendrars / Celui qui accuse le poète de mensonges / Celle qui préfère entre toutes la compagnie du merle de l’aube / Ceux qui prennent le train du monde sans vérifier sa destination / Celui qui se demande tout haut ce que les abeilles bourdonnent tout bas / Celle qui résiste en souriant à l’avancée non moins souriante de dame Connerie / Ceux qui habitent toute la maison, etc.
    Image : Philip Seelen

    (En lisant Pratique de l’éloge de Pierre Oster. Gallimard, 2009.)