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Marivaux le cristallier

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Jean Liermier, nouveau directeur du Théâtre de Carouge, signe une mise en scène tonique et inventive du Jeu de l'amour et du hasard, à Kléber-Méleau.

 

Le Jeu de l’amour et du hasard est la plus cristalline et la plus symétrique des comédies de Marivaux, dont les résonances vont cependant bien au-delà de ce qu’on appelle le « marivaudage ». C’est en effet au cœur du cœur que ce ballet des sentiments nous entraîne le pied léger, sur une scène inclinée figurant comme un tangage social.

L’argument est à la fois simple, subtil et riche de virtualités comiques façon Commedia dell’arte, le verbe étincelant en plus: deux jeunes gens « de condition », Silvia et Dorante, craignant également l’épreuve d’un mariage arrangé par leurs pères, demandent à ceux-ci de pouvoir examiner leur futur conjoint en prenant la place de leurs domestique respectifs. Bien entendu, chacun ne sait pas que l’autre a eu la même idée. Le croisement est donc parfait : la surprise assurée…

Meneur de jeu à vue, Dorante, père de Silvia, est un barbon du genre évolué (on est plus près de la Révolution que de Molière), aussi « libéral » que le paternel de Dorante. Or, la tolérance manifestée aux jeunes gens ne va pas jusqu’au mélange des castes, mais l’analyse des sentiments en prise avec les codes sociaux n’est pas moins mordante et « moderne ».

Jean Liermier, nouveau directeur du Théâtre de Carouge, l’aborde avec un joli mélange de naturel, d’intelligence et de créativité, en phase avec le scénographe Philippe Miesch, qui signe un dispositif superbement adapté à la tournure ludique de cette version. Le plateau, vaste plan incliné aux multiples portes et trappes s’ouvrant comme d’une boîte à surprises, annonce le chamboulement de la situation, scène paradoxale à façon de terrasse.

Dès cette première mise en scène genevoise, le nouveau patron de Carouge se montre lui-même un remarquable interprète du texte, détaillé en finesse, et un directeur d’acteurs alliant souplesse et précision. L’Orgon d’Alain Trétout est d’une enjouement bonhomme, la Silvia d’Alexandra Tiedemann d’une acuité originale partagée par Dorante (Joan Mompart), le valet de François Nadin est rustaud et finaud à souhait, autant que le Lisette de Dominique Gubser, enfin le Mario (frère de Silvia) est bien accentué par Cédric Dorier dans son rôle de trublion  jouant, comme les protagonistes, à la pointe des sentiments… 

 

Lausanne- Renens, Kléber-Méleau, jusqu’au au 11 octobre. Durée : 1h.45  

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